“Pour étaler les charges salariales, je conseille à mes start-up de mutualiser le personnel. Par exemple, ABCom et Presse & Vous ont embauché une seule assistante et se la partagent. J’essaie de convaincre toutes les jeunes pousses de mon portefeuille de faire de même”, explique Thomas Legrain, fondateur de Coach’ Invest. Il espère que deux de ses autres poulains partageront prochainement, pour leur implantation en Rhône-Alpes, un bureau et un commercial. En temps de crise, les start-up sont revenues aux bonnes vieilles méthodes utilisées avant la bulle internet, notamment le troc. Ce procédé était essentiellement utilisé pour de l’échange de visibilité commerciale, sous forme de bannières publicitaires.Mais, aujourd’hui, tout y passe. Patrick Robin, de Laformuleweb, a convaincu son imprimeur de lui concéder une remise sur ses travaux d’imprimerie en échange de la réalisation de son site web. Du côté d’ Aufeminin.com, Anne-Sophie Pastel échange son espace publicitaire en ligne avec un titre de la presse féminine. Dans une start-up spécialisée dans l’emailing, on a préféré échanger l’hébergement du serveur d’une société positionnée sur le secteur du net-marketing contre des conseils. Toutes les start-up multiplient ce type d’initiative avec un seul objectif : ne pas toucher à leur trésorerie.
Attention, règles à respecter
Mais la formule a ses limites. “Le troc c’est de l’économie virtuelle. On ne peut pas comptabiliser le chiffre d’affaires généré, et cela n’améliore pas son bilan annuel. De plus, à long terme, je ne suis pas sûr que cela soit positif. Car on ne sait pas si on ne va pas payer la prestation plus chère que sa valeur réelle”, assure un intermédiaire financier qui demande à rester anonyme… puisque l’intégralité des start-up qu’il conseille utilisent le troc. Franck Chuffart, directeur financier indépendant, considère pour sa part que “le troc se termine mal neuf fois sur dix. Pour que cela fonctionne, les deux sociétés doivent se développer au même rythme. Si l’une des sociétés va mal, elle voudra retourner vers un système de relation commerciale”.Si entamer une relation de troc peut sembler simple a priori, il est toutefois conseillé de ne pas négliger les aspects légaux de la chose. “Il faut que tout soit clairement défini dans un contrat”, poursuit Franck Chuffart. Sinon, comment se retourner contre son partenaire si celui-ci ne respecte pas ses engagements ? Joseph Oulhen, PDG-fondateur de la société Inqual, poussé à faire du troc avec Netagis par leur actionnaire commun, s’interroge encore. “Notre décision est loin d’être prise. Certes, éditeurs de logiciels tous les deux, nous avons des affinités avec Netagis car nos offres sont complémentaires, sans être concurrentes. Chacun peut donc apporter son savoir-faire à l’autre. Mais faut-il aller jusqu’à partager un commercial, ce qui impliquerait de mettre en commun nos bases de clients ?” Le troc, cest choc mais pas chic.
🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.
