Décision Micro & Réseaux : Quel bilan peut-on tirer de la fusion AOL-Netscape ?
Tristan Nitot : Positif. Il ne faut pas oublier qu’au moment du rachat, Microsoft était déjà un frère ennemi d’AOL, avec son offre MSN. Il était légitime, pour le fournisseur d’accès, de vouloir disposer de son propre navigateur plutôt que de composer avec le navigateur de son concurrent. Autre élément déterminant, au moment même où Internet montait en puissance, AOL a pu disposer, du jour au lendemain, non seulement de la marque Netscape, mais aussi du site Netscape. com [NetCenter, Ndlr] qui recense aujourd’hui 25 millions d’utilisateurs. Sun, de son côté, avait envie de muscler sa division logicielle Sunsoft, renommée entre-temps Software and Technologies (SWAT). Une alliance avec Netscape était intéressante, particulièrement au niveau des produits de SuiteSpot. Donc, aucune des activités de Netscape n’a été sacrifiée sur l’autel de cette fusion. Toutes sont en passe de devenir un maillon plus ou moins significatif de la Net-économie.
Comment se concrétise l’alliance Sun-Netscape ?
Cette alliance a permis de fédérer les ressources des deux entités pour en faire un éditeur de logiciels comptant quelque 2 000 personnes réparties dans le monde. Aux États-Unis, il y a des équipes de développement, le marketing et la direction générale. Dans les autres pays, on trouve les services commerciaux et marketing, l’assistance technique et les services professionnels. À La Défense, par exemple, il reste quatre-vingts personnes qui travaillent pour le marché français, mais aussi pour l’Europe du Nord et du Sud. Indépendamment de l’aspect organisationnel, le résultat de cette alliance n’est autre que iPlanet, fer de lance de notre offre. Pour la petite histoire, la vente de Netscape, annoncée fin 1998 a été effective en mars 1999. Cela nous a laissé un peu plus de trois mois pour lancer officiellement la solution iPlanet en juillet dernier, et la rendre opérationnelle dès le mois de septembre. La concrétisation de cette alliance se mesure bel et bien là.
Quels sont les résultats d’un point de vue technique ?
iPlanet est composée de deux parties. L’une repose sur l’infrastructure logicielle avec les serveurs de messageries, d’agendas, d’annuaires, d’applications, sans omettre un serveur de portail, un serveur web et un serveur dit ” wireless ” pour l’intégration des technologies sans fil. Le panel d’outils sur lequel nous nous sommes appuyés provient en grande partie de SuiteSpot, avec des applications comme Messaging Server. La seconde partie comprend les applications métiers, respectivement les achats, les ventes mais aussi les processus de facturation et de bons de commande.
Comment comptez-vous promouvoir cette offre ?
Notre organisation commerciale est des plus classiques. Nous avons une douzaine d’ingénieurs commerciaux qui travaillent avec quatre-vingts grands comptes. Pour les autres clients, nous faisons confiance à nos partenaires, qui traitent avec des grossistes. En fonction de l’importance des affaires, nous pouvons être amenés à intervenir pour accompagner nos partenaires. L’émulation créée par le e-business et la forte demande des entreprises font que nous pouvons aborder cette nouvelle ère avec une relative sérénité. En ce sens, l’alliance avec Sun ne peut être que bénéfique et génératrice d’opportunités commerciales.
Quelle peut être, à terme, l’évolution d’iPlanet ?
L’important est de devenir un fournisseur d’outils de référence pour la Net-économie, tant pour le business to consumer que pour le business to business. Dans le premier cas, nous allons offrir des outils permettant l’inscription des utilisateurs pour mieux les conna”tre et les inciter à revenir en leur proposant un panel de services personnalisés. Ces services seront générateurs de transactions. La connexion avec le Palm et le téléphone mobile augmentent l’intérêt de tels services. Pour le B-to-B, il y a déjà les outils pour ce que l’on nomme le e-procurement avec BuyerXpert, TradingXpert et ECXpert. Ils vont servir à la mise en place de trading communities. Les enjeux ne s’arrêtent pas là. La tentation est grande, en effet, d’aller vers la notion de e-market place. Il s’agit cette fois de créer des places de marché virtuelles, où les entreprises qui ont quelque chose à vendre pourront rencontrer celles qui veulent acheter. Des expériences ont déjà eu lieu, par exemple avec France Télécom, sur son offre Réseau Achat.Au moment de la fusion avec AOL, Netscape était une proie idéale, mais son devenir était incertain. Aujourd’hui, l’opération semble fonctionner pour l’édition de logiciels, que ce soit du côté d’AOL ou de l’alliance Sun-Netscape, avec iPlanet. Comme l’a récemment laissé entendre le président d’AOL, Bob Pittman, le portail Netcenter pourrait rapidement devenir un média privilégié pour les produits de Time Warner. Seule ombre au tableau, la marque Netscape, liée au navigateur, perdra sans aucun doute son aura auprès du public, tant le sort de Communicator semble incertain.
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