Le grand oublié des puces M2 est de retour dans les bonnes grâces d’Apple. L’iMac, emblématique ordinateur tout-en-un frappé d’une pomme, est sans doute un produit de niche, il n’en demeure pas moins une vitrine du savoir-faire de la marque. Cantonné à la puce M1 depuis sa dernière mise à jour en 2021, l’iMac avait cruellement besoin d’attention. Force est de constater qu’il a été servi avec ce que Cupertino avait de mieux en magasin… ou presque. Le dernier iMac 24 bénéficie de la toute nouvelle puce M3, la même que celle qui équipe l’étonnant MacBook Pro 14, mais dans sa version la moins musclée uniquement.
Quelques précisions tout de même avant d’entrer dans le vif du sujet. Tout d’abord sur la version de test qui a été mise à notre disposition par Apple. Il s’agit d’une version M3 à 8 coeurs (quatre dédiés à la performance et quatre autres de basse consommation). Dotée de 16 Go de mémoire LPDDR5 et d’un SSD de 512 Go. Autrement dit, le prix de départ de notre machine se situe légèrement au-dessus des 2 000 euros, 2 059 euros précisément. Il convient de préciser que ce test a été réalisé à quatre mains avec l’aide de l’excellent Nicolas Aguila, alias Nico_Oni qui sévit régulièrement sur Twitch. Les commentaires concernant les performances et les choix d’Apple sur son iMac sont le fruit d’une réflexion commune.
Nouveau, mais pas tant
Avec ce nouvel iMac (et les MacBook Pro qui l’accompagnent), Apple en profite donc pour présenter sa troisième génération de SoC, le M3. Comme pour les deux premières éditions, il se décline en trois gammes (M3, M3 Pro et M3 Max), mais seule la version de base se retrouvera dans l’ordinateur tout-en-un de la marque. S’il fallait une preuve que l’iMac a perdu son statut de machine professionnelle, l’absence des versions M3 Pro et M3 Max en est une, implacable. Cela n’est bien sûr pas un problème en soi, mais cela impose tout de même quelques limitations qu’il vaut mieux connaître avant l’achat.
Pour commencer, le M3 ne peut gérer qu’un seul écran externe, en plus du Retina 4,5K intégré à la machine (les Pro et Max des MacBook Pro peuvent en gérer respectivement 2 et 4 supplémentaires). Ensuite, vous le trouverez dans une unique configuration à 8 cœurs (4 cœurs performants et 4 cœurs à économie d’énergie), bien suffisants pour n’importe quelle tâche du quotidien, mais ne représentant aucune évolution sur ce point par rapport au M1 de 2020. Notons tout de même un nouveau processus de gravure en 3 nanomètres, ce qui permet à Apple d’augmenter considérablement la fréquence jusqu’à 4,1 GHz sur un seul cœur (contre 3,5 GHz pour le M2 et 3,2 GHz sur le M1). À ce propos, la comparaison avec le M1 sera parfois justifiée dans le cadre de ce test, les iMac ayant fait l’impasse sur le M2, mais nous noterons surtout qu’à l’exception des cœurs de dernière génération, la fiche technique du M3 reste, sur le papier du moins, très proche de celle du M2. Enfin, son GPU existera en deux configurations, 8 ou 10 cœurs, et le SoC est capable d’adresser jusqu’à 24 Go de mémoire unifiée, mais nous reviendrons plus bas sur ce point précis.
Une nouvelle puce, mais pas seulement
Vous l’aurez compris, cette mise à jour de l’iMac est avant tout d’ordre technique. L’apparence de l’ordinateur tout-en-un n’a pas bougé d’un iota. Pour autant, l’intégration de la puce M3 n’est pas le seul changement qu’Apple a opéré sur la fiche technique. Elle s’accompagne de quelques autres améliorations, certes modestes, mais qui contribuent à faire de l’iMac 2024 une machine plus moderne.
Ainsi, la connectivité de l’iMac évolue légèrement avec l’arrivée du Wi-Fi 6E ainsi que du Bluetooth 5.3. Il ne s’agit pas la d’arguments pouvant justifier le remplacement d’un ancien iMac mais disons simplement qu’ils lui permettent d’être mieux ancré dans son temps. Précisons également que cette évolution de l’iMac 24 se traduit par une légère augmentation de ses tarifs, de l’ordre de 50 euros, qui aurait pu sembler anodine si Apple n’avait pas déjà augmenté le prix de son tout-en-un d’une centaine d’euros en début d’année.
L’absence regrettable de nouveaux coloris
Autre précision d’importance : la configuration de base, à partir de 1 599 euros, qui n’est pas celle de notre test, ne bénéficie pas de mêmes attributs que le reste de la gamme. Ainsi les versions d’entrée de gamme de l’iMac 24 ne sont pas disponibles dans toutes les couleurs du catalogue. Si celles-ci doivent se contenter d’attributs moins fringants, et d’une connectique réduite à deux ports Thunderbolt 4, ce qui peut s’entendre, les priver de deux coloris parait beaucoup moins pertinent. Cela étant dit, l’arrivée de cette nouvelle version de l’iMac ne s’est pas accompagnée de nouveaux coloris et c’est bien dommage.
C’est d’autant plus regrettable qu’Apple soigne particulièrement le détail et les couleurs de ses iMac. Ainsi, les parties métalliques des accessoires fournis avec l’ordinateur tout-en-un bénéficient également d’une légère colorisation de la même teinte que l’iMac, soit bleu dans notre cas. Cette importance accordée aux petits détails ne touchera sans doute pas tout le monde de la même façon, mais pour notre part il s’agit d’un signe supplémentaire de la qualité de fabrication et de l’importance accordée aux finitions dans un produit.
C’est notamment parce qu’Apple fait preuve de ce sens du détail qu’il est encore plus étonnant de trouver sur l’iMac 24 un câble… Lightning. En effet, quelques semaines après avoir fait du passage des iPhone et des AirPods à l’USB-C un événement, Apple lance un nouveau produit doté de son connecteur propriétaire. Celui-ci est en effet indispensable pour charger les accessoires de l’iMac c’est à dire le clavier, la souris et le trackpad. Cette décision qu’on imagine motivée par des raisons économiques est difficilement justifiable et ce n’est pas le câble tressé et légèrement bleuté qui fera passer la pilule.
Un problème de taille
Évacuons immédiatement la question de la taille de l’écran qui est également notre plus grand regret concernant le nouvel iMac. L’ordinateur tout-en-un d’Apple se contente d’une diagonale de 24 pouces, et pour ainsi dire du même écran 4,5 K, que son prédécesseur. Si celui-ci est impeccable à tout point de vue (et notamment du point de vue de la fidélité des couleurs), il n’en demeure pas moins trop petit eu égard aux standards actuels.
Or, pour une machine statutaire, destinée à être vue et qui joue autant la carte du design, sa taille « réduite » est devenue un point faible. Les rumeurs laissaient espérer une version 27 et même 32 pouces pour l’iMac. Force est de constater qu’elle n’est pas là et, pire, qu’elle ne risque pas d’arriver de sitôt. En effet, Cupertino a confirmé à nos confrères de The Verge qu’un iMac à plus grand écran n’était pas dans les tuyaux. Une nuance toutefois : la relative petite diagonale de l’iMac 24 ne nuit en rien aux performances de la machine et conviendra à ceux qui recherchent spécifiquement cette taille d’écran. Notre déception vient du fait qu’Apple ne propose pas un choix de diagonale et que la firme ne suive pas non plus la tendance actuelle porte vers des écrans plus grands.
Performances : Apple Silicon M3, ou « le M2 avec une moustache »
Parlons tout de même des performances de ce M3, et notamment des points principaux mis en avant par Apple. La marque parle forcément d’une amélioration significative des performances grâce à des cœurs de nouvelle génération, annonçant un processeur jusqu’à quatre fois plus rapide… que ceux d’Intel, qu’ils ont abandonné depuis près de trois ans. Dans les faits, et si nous le comparons au M1 de l’iMac de 2021, nos mesures montrent tout de même augmentation de près de 23% des performances sur un seul cœur, et d’environ 24% sur la totalité des 8 cœurs. L’amélioration est appréciable, mais il convient de rappeler que deux générations de processeurs séparent les deux modèles. Si par exemple nous comparons ses performances au processeur du Mac mini de 2023 (le seul ordinateur de bureau d’Apple équipé de la puce M2 de base par défaut, avec une configuration similaire), nous constatons une amélioration plus contenue d’environ 12%, aussi bien sur un seul cœur que sur les huit combinés. En définitive, le M3 reste tout de même un modèle très performant, qui devrait s’en sortir sans aucun problème dans la plupart des tâches en digne successeur du M2, y compris les jeux ou le montage vidéo.
Concernant la partie graphique, Apple a conservé les mêmes configurations que pour le M2, avec au choix 8 ou 10 cœurs, qui constituent une légère augmentation par rapport au M1 du précédent iMac (7 ou 8 cœurs au choix). Forcément, l’ajout d’un à deux cœurs supplémentaires permettent d’afficher des gains de performances très impressionnants face au modèle de 2021, avec un bond de 37% dans le test sur l’API Metal de Geekbench 5. Mais là encore, une comparaison avec le M2 du Mac mini de début 2023 tempère quelque peu cette bonne nouvelle, puisqu’il n’affiche alors qu’environ 11% d’amélioration, beaucoup plus dans la moyenne.
Notons toutefois que les cœurs graphiques du M3 ont une particularité qui leur est propre : la présence d’unités ce calcul dédiées au ray tracing. Cette technologie, qui s’est introduite dans les jeux vidéo en 2018, fait donc désormais une incursion sur Mac. Pour l’instant, rares sont les titres compatibles macOS qui en tireront parti, mais plusieurs éditeurs se sont déjà penchés sur le sujet, notamment Capcom avec Resident Evil 4, ou encore Cyan Games, qui prévoit de ressortir le remake de son classique Myst sur la plateforme.
Enfin, notons la présence du tout nouveau Media Engine d’Apple, qui permet d’offrir au M3 plus de possibilités d’encodage et décodage vidéo. Outre l’amélioration des performances dans la gestion de la vidéo en 4K, par exemple, une des nouveautés notables de cet ajout est la possibilité de décoder les contenus au format AV1, particulièrement apprécié pour sa qualité d’image et sa grande capacité de compression. Malheureusement, l’encodage dans ce format est toujours absent, alors que les grands constructeurs de GPU comme AMD et Nvidia l’ont déjà intégré à leurs dernières générations de cartes graphiques, et que certains services comme YouTube le prennent déjà en charge.
Pour rester du côté des performances, parlons du SSD et des choix d’Apple dans ce domaine. Pour commencer, la marque a pris la très bonne décision de passer toutes ses configurations sur deux puces NAND sur la carte mère, là où certains modèles de M2 n’en avaient qu’une seule. Concrètement, cela signifie de meilleures performances pour le SSD, notamment sur les transferts de très gros fichiers. Cela élimine de fait un défaut souvent retrouvé sur certains ordinateurs en M2, et permet à notre iMac d’afficher un débit de près de 3 Go/s en lecture, et jusqu’à 4,3 Go/s en écriture. C’est excellent, aussi bien pour le montage vidéo que pour les tâches du quotidien, et cela représente même une augmentation notable par rapport au modèle de 2021. Mais nous pourrions être taquins en déplorant le choix d’Apple de conserver un SSD sur la norme PCI-Express 3.0 alors qu’une norme plus récente (Le PCI-Express 4.0 est par-exemple déjà très présent sur PC) aurait permis de doubler ces débits.
Attention aux 8 Go de RAM
Enfin, la mémoire vive est le dernier paramètre important concernant ce M3, et nous devons commencer cette partie par une critique. Par défaut, tous les modèles d’iMac sont configurés avec 8 Go de mémoire unifiée, ce qui semble peu en 2023. L’acheteur aura bien entendu l’option de doubler cette mémoire pour plus de confort (et surtout de débourser tout de même 230 € supplémentaires), mais c’est surtout la communication d’Apple pour justifier ce choix qui a attiré notre attention. Par la voix du responsable marketing Bob Borchers, Apple explique que « 8 Go sur un M3 sont probablement équivalents à 16 Go sur un autre système », et sans surprise, c’est bien entendu largement contestable. Pour commencer, le fait que la mémoire soit dite « unifiée » signifie qu’elle sera partagée entre les tâches du CPU et celles du GPU. Concrètement, l’écran 4,5 K intégré à l’iMac va, à lui tout seul, consommer une bonne partie de ces 8 Go, et cela sera bien entendu pire si vous décidez d’y brancher un second écran. Dans ce cas, le lancement de plusieurs applications en même temps (un navigateur avec quelques onglets, un client mail et un logiciel de photo, par exemple) vont à coup sûr saturer cette mémoire vive.
Pourtant, macOS ne montre qu’assez peu de baisses de performances dans ce cas, et c’est parce qu’Apple à trouvé une parade simple qui lui permet d’affirmer que 8 Go suffisent. Lorsque la mémoire vive est saturée, le système crée sur le SSD un fichier d’échange (appelé le Swap), que le processeur va utiliser pour y stocker ses données comme s’il s’agissait d’une mémoire vive. Comme nous l’avons vu, le SSD d’Apple est particulièrement rapide, surtout en écriture, et c’est ce qui permet à Apple de sauver les meubles et conserver des performances acceptables en toutes situations. Pour autant, cela ne doit pas vous rassurer : le Swap est une opération particulièrement lourde pour les SSD et doit, en temps normal, n’être utilisée que dans les cas exceptionnels, puisqu’il a pour effet de réduire considérablement la durée de vie des modules NAND qui ne sont pas conçus pour cet usage. Le fait de voir Apple en faire un usage normal pour justifier de limiter sa RAM (et ainsi facturer l’upgrade) est assez inquiétant, et si vous voulez avoir l’esprit tranquille, vous ferez le bon choix en vous tournant vers un modèle équipé de 16 Go au minimum. Autre conseil : si vous optez pour la version de base de l’iMac, attention, celle-ci ne dispose pas de port Ethernet. Celui-ci est placé sur l’alimentation de l’ordinateur, soit un accessoire vendu 26 euros.
Travailler, jouer, monter en iMac 24
Les performances sur banc d’essai sont une chose, la réalité d’une utilisation quotidienne en est une autre. Et s’il n’y a pas nécessairement de mauvaise surprise lorsqu’on fait reposer ses besoins sur une telle configuration, il convient tout de même d’estimer les progrès permis par la puce M3 sur l’ordinateur tout-en-un d’Apple, dans les tâches quotidiennes.
Sans surprise, pour une utilisation basique, l’iMac ne rencontre aucune difficulté. C’était déjà le cas pour la précédente version sous M1, c’est encore plus vrai avec une puce plus puissante et un MacOS Sonoma optimisé pour l’exploiter au mieux. Pour commen
cer à faire souffler notre iMac, il a fallu augmenter considérablement sa charge de travail, ce qui nous fait dire que si Apple ne le considère peut être plus comme une machine de production, il sera tout de même dans les tâches de création simple qu’il s’agisse de retouche photo sous Photoshop ou de montage vidéo avec Premiere ou Final Cut.
Là où l’iMac commence à tirer la langue, et encore timidement, c’est lorsqu’on lance Steam et quelques jeux. Ainsi, nous avons tenté de reproduire notre expérience de jeu très concluante sur le MacBook Pro 14 M3 Max, avec deux titres : Baldur’s Gate 3 et Rise of the Tomb Raider. L’iMac 24 M3, s’il parvient à faire tourner les deux titres sans défaut, affiche ses limites lorsqu’on pousse les curseurs de certains paramètres graphiques. Alors qu’il était possible de jouer avec tous les paramètres au maximum sur le plus puissant des MacBook Pro, il faudra quelque peu réduire ses exigences sur la station tout-en-un. Rien de rédhibitoire bien entendu,
Enfin, nous avons souvent tendance à peu considérer cette usage dans la mesure où il parait des plus basiques, mais l’iMac doit aussi être considéré au regard des ses performances audio et vidéo. En effet même si ce n’est pas sa mission première le tout-en-un d’Apple se révèle particulièrement efficace dans l’exercice. Comment ? En combinant une qualité d’image indéniable grâce à son écran lumineux et bien calibré et un système audio particulièrement efficace compte-tenu de la finesse de l’ensemble. Alors certes, vous serez nettement plus avisé de profiter de vos films et séries sur un téléviseur tel que le A95L de Sony qui a remporté notre 01net Award du meilleur TV de 2023. Mais si l’envie vous en dit, sachez que l’expérience sur ce nouvel iMac 24 est loin d’être désagréable.
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