Vendre un lance-flammes pour financer une société qui creuse des tunnels. C’était la dernière provocation en date d’Elon Musk, un entrepreneur qui ose beaucoup et dont certains n’hésitent pas à comparer son culot à celui de Steve Jobs. Une chose est sûre, son ego est certainement aussi disproportionné que celui du cofondateur d’Apple qu’il n’a pas hésité à traiter « d’abruti » dans une interview donnée à GQ en 2015. Derrière sa folie des grandeurs apparente et sa mégalomanie se cachent toutefois des projets pas si délirants que ça, comme en témoigne sa carrière.
The Boring Company : une blague pas si loufoque
Derrière ce nom hilarant (un jeu de mots entre « forage » et « ennuyeux »), se cache pourtant une activité très sérieuse. Coincé dans les bouchons de Los Angeles un jour de décembre 2017, Elon Musk s’épanche sur Twitter : « La circulation me rend fou. Je vais construire une machine à forer des tunnels et commencer à creuser. Elle devra s’appeler « la Société Ennuyeuse » ». Ce que l’on croit être une blague ne l’est pas du tout, comme souvent avec lui.
Traffic is driving me nuts. Am going to build a tunnel boring machine and just start digging…
— Elon Musk (@elonmusk) December 17, 2016
It shall be called "The Boring Company"
— Elon Musk (@elonmusk) December 17, 2016
Dès février 2017, la société commence à creuser un tunnel de 9 mètres de diamètre sur 15 mètres de long à 4,6 mètres de profondeur sur le terrain du siège de SpaceX à Hawthorne en Californie. Si les débuts de The Boring Company font rire les multinationales des travaux publics – rompues à cet exercice sur d’innombrables chantiers à travers le monde – l’obtention de principe du chantier d’Hyperloop reliant New York, Philadelphie, Baltimore et Washington en a calmé plus d’une. Et pour financer le tout (et surtout faire de la promotion) quoi de mieux que de vendre des lance-flammes aux couleurs de l’entreprise ?
Neuralink et Open AI : la touche d’intelligence artificielle
Les transports et les énergies renouvelables ne sont pas les seuls enjeux du futur sur lesquels s’implique l’entrepreneur. L’intelligence artificielle et son interfaçage avec le cerveau humain sont les deux activités respectives d’Open AI et Neuralink. La première est une structure sans but lucratif disposant d’un budget d’un milliard de dollars. Le but de cette entreprise est de tirer parti de l’intelligence artificielle de manière positive pour qu’elle ne soit pas un danger pour les êtres humains.
Neuralink, spécialisée en neurotechnologie est le pendant concret des explorations d’Open AI. Le but est notamment d’utiliser ses travaux pour améliorer le cerveau humain, par exemple pour soigner certaines de ses maladies ou compenser leurs effets négatifs. De toutes les entreprises d’Elon Musk, ce sont certainement les deux moins avancées dans leurs travaux et qui misent le plus sur la recherche fondamentale.
Hyperloop : une idée, une compétition
Elon Musk peut aussi avoir des idées sans les mettre lui-même en application. En 2013, il imagine un système de transport à grande vitesse constitué d’une cabine voyageant dans une sorte d’immense tuyau sous vide d’air. Après neuf mois de travaux des ingénieurs de Tesla et SpaceX pour designer le projet, il a été partagé avec tous ceux qui désiraient s’y atteler.
Plusieurs sociétés se sont alors créées avec plus ou moins de réussite, mais toutes œuvrent à la finalisation et mise en application du projet. On peut citer parmi elles Virgin Hyperloop One, Hyperloop Transportation Technologies, TransPod ou encore Arrivo. Toutes se livrent une guerre sans merci pour être la première à construire un système pouvant se déplacer à plus de 1 200 km/h. Le dernier essai en date de Virgin Hyperloop One a atteint les 387 km/h, soit loin derrière le record de vitesse du TGV de 574,8 km/h.
SolarCity : le chaînon manquant
L’entrepreneuriat, c’est aussi une histoire de famille. Cette société a en effet été cofondée en 2006 par Lyndon et Peter Rive, deux cousins d’Elon Musk. Alors qu’elle était le deuxième pourvoyeur d’électricité solaire aux Etats-Unis en 2013, la société a fini par entrer dans le giron de Tesla en 2016. C’est notamment elle qui a mis en œuvre le projet pilote GridLogic de Tesla qui, en 2015, a équipé 500 maisons californiennes de batteries Powerwall. Ce système permet de stocker de l’électricité à domicile, généralement produite par les panneaux solaires équipant la maison.
Tesla Motors : réinventer la voiture
Aussi étonnant que cela puisse paraître, Elon Musk n’est pas le fondateur de l’une de ses entreprises les plus connues. Créée en 2003 par Martin Eberhard et Marc Tarpenning, la société a vu arriver Elon Musk à son capital l’année suivante. Il en devient le président du conseil d’administration puis le PDG. En quelques années, il fait de Tesla l’une des marques les plus emblématiques du secteur automobile avec seulement quatre modèles à son catalogue et un camion qui sera commercialisé dans un futur proche.
Mais en plus de ses véhicules, Tesla construit un vaste réseau de « Superchargeurs » répartis sur tous les territoires dans lesquels ses voitures sont commercialisées. Ces bornes permettent de recharger rapidement les batteries : 50 % de leur capacité en 20 minutes, 80 % en 40 minutes et 100 % en 75 minutes. Le système permet de pallier leur faible autonomie par rapport aux moteurs thermiques. Le réseau reste cependant encore peu maillé : la France ne compte par exemple qu’une cinquantaine de stations pour l’instant, mais le chiffre est en constante augmentation. Notons également que les propriétaires peuvent y recharger gratuitement leur véhicule dans la limite de 400 kWh par an.
Malgré son jeune âge et les sommes investies en recherche et développement, la société est rentable. Avec un chiffre d’affaires de 7 milliards de dollars en 2016, elle a engrangé un bénéfice de 675 millions de dollars. L’avenir du marché des voitures électriques et autonomes semblant promis à un bel avenir, Tesla a donc toutes les cartes en main pour faire face aux constructeurs automobiles historiques qui investissent désormais massivement dans le secteur.
SpaceX : le projet le plus ambitieux
Voilà certainement l’aventure la plus incroyable des entreprises menées par Elon Musk. Incroyable non seulement par les moyens, mais aussi par le but. Space Exploration Technologies veut à terme pouvoir envoyer des êtres humains sur mars d’ici 2040. D’ici là, la société travaille à diviser par dix les coûts des voyages dans l’espace.
Parti de (presque) rien, Elon Musk a investi dès 2002 dans SpaceX une bonne partie des 165 millions de dollars obtenus de la vente de ses 11,7 % d’actions de PayPal dont il était l’un des cofondateurs. Les développements du Falcon 1, son premier lanceur, seront longs et douloureux : sur les cinq tirs effectués entre 2006 et 2009, trois sont des échecs. Mais les ingénieurs de SpaceX apprennent vite, très vite. Au point que la société obtient un contrat avec la Nasa dès 2008 pour ravitailler la Station spatiale internationale, une opération réussie pour la première fois en 2012.
Les années suivantes, les exploits s’enchaînent. En décembre 2015, la société réalise la première récupération du premier étage de son lanceur Falcon 9. En mars 2017, il lance pour la première fois l’un de ses étages, qui avait déjà volé en avril 2016. Avec ce recyclage, le but est non seulement de réduire les coûts, mais aussi de pouvoir faire atterrir verticalement un engin sur Mars et le faire décoller à nouveau pour un vol retour. Le challenge semble immense, mais à l’impossible Elon Musk ne semble pas tenu.
Zip2, X.com, Paypal : les jeunes années
En 1995, à seulement 24 ans, alors qu’il est en train de préparer un doctorat en physique à l’université Stanford, Elon Musk cofonde avec son frère Zip2, un logiciel de publication en ligne de « city guides » à destination des médias. En 1998, pas moins de 160 journaux utilisent la solution, dont le New York Times. Dans cette époque propice aux investissements hasardeux, Compaq rachète la société pour 307 millions de dollars. Elon Musk en sortira avec 22 millions de dollars en poche.
Il en profite alors pour accélérer sur un autre projet qu’il avait en tête. X.com – en plus d’être certainement l’un des noms de domaine les plus courtisés au monde – propose une solution de banque en ligne et de paiement par e-mail. En mars 2000, la société fusionne avec son concurrent Confinity qui développe une solution de paiement en ligne qui deviendra célèbre : PayPal.
Devant son succès grandissant, la société prend alors le nom du produit avant d’être revendue à eBay pour 1,5 milliards de dollars en 2002. Elon Musk rachètera d’ailleurs le nom de domaine X.com à PayPal en 2017. L’URL pointe désormais vers le site de The Boring Compagny. La boucle est bouclée.
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