« Rendre l’écosystème du streaming musical plus équitable » : le leader des majors musicaux, Universal Music Group (UMG) et la plateforme de streaming Deezer ont confirmé, mercredi 15 mars, le lancement d’« une initiative entre les deux entreprises visant à étudier de nouveaux modèles économiques potentiels pour le streaming musical ». Leur volonté : créer un système plus « centré sur les artistes ». UMG avait déjà évoqué ce partenariat après la publication des résultats du quatrième trimestre 2022, début mars. En quoi consistera cette collaboration ? Le communiqué officiel donne peu de détails. Les deux sociétés veilleront à développer « de nouvelles méthodes pour rémunérer de manière globale les artistes et les auteurs-compositeurs pour la valeur qu’ils créent », peut-on lire. Concrètement, les deux sociétés devraient partager des informations et tester de nouveaux systèmes de rémunération qui restent à inventer. Car dans les faits, le système actuel souffre « de problèmes évidents », explique le PDG de Deezer, Jeronimo Folgueira, cité dans le communiqué.
« La musique est extrêmement sous-évaluée aujourd’hui »
Sont visés notamment les faux streams qui concerneraient entre 1 à 3 milliards d’écoutes en France, selon l’étude du Centre national de la musique publiée au début de l’année. Cette fraude vient fausser le calcul de la rémunération des ayant-droits – les propriétaires des titres – qui sont payés en fonction du nombre d’écoutes. « Ces pratiques nuisent aux vrais artistes, rendent plus difficile l’émergence de nouveaux artistes et nuisent également à l’expérience des fans. La musique est extrêmement sous-évaluée aujourd’hui et, dans le cadre d’une discussion centrée sur l’artiste, nous souhaitons trouver d’autres moyens d’accroître la monétisation, au bénéfice des vrais artistes, des labels et des plateformes comme Deezer », a souligné le PDG de la plateforme de streaming.
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En janvier dernier, Universal Musical Group avait déjà fustigé, chez nos confrères du Financial Times, le modèle actuel de rémunération des plateformes de streaming, déplorant des bots et des « fermes à clics » qui gonflent artificiellement les chiffres des streams. La prolifération de morceaux de 31 secondes – le seuil qui permet à un titre d’être comptabilisé comme un stream – était aussi visée. Ces fausses écoutes représenteraient sur les plateformes américaines environ 10% de la totalité des streams, contre 1 à 3 % sur les plateformes musicales Deezer, Spotify et Qobuz en France en 2021. En ligne de mire, le major de l’industrie musicale Universal souhaiterait surtout changer le modèle économique du streaming. En février dernier, UMG avait également annoncé un partenariat similaire avec la plateforme de streaming Tidal, en vue aussi « d’explorer un nouveau modèle économique innovant pour le streaming musical ».
Car dans le système actuel où l’ensemble des royalties est mis dans un même pot – puis réparti ensuite en fonction du nombre d’écoutes – la logique favorise plutôt les gros titres, au détriment des petits. La majorité des artistes ne reçoivent en réalité que quelques miettes des revenus générés sur le marché du streaming, confirmait la Sacem sur son site en 2022. « Il n’y aura pas de solution miracle uniforme », a prévenu toutefois le vice-président exécutif et directeur du numérique d’UMG, Michael Nash, dans le communiqué.
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