C’était un véritable ultimatum. Mercredi, le chanteur Neil Young demandait à son label Warner de menacer Spotify de retirer ses titres si la plate-forme maintenait le podcast de Joe Rogan. Il ne voulait plus figurer sur un service où certains contenus font circuler de fausses informations sur les vaccins contre le Covid. La réponse du service de streaming a été de conserver le podcast, et de retirer l’œuvre de l’artiste.
11 millions d’auditeurs par épisode
Il faut dire que Joe Rogan est le podcasteur le plus écouté des Etats-Unis. Chacun de ses épisodes monte à 11 millions d’auditeurs. Ce qui explique que Spotify ait déboursé 100 millions de dollars pour le prendre sous contrat en 2020. Il est même devenu la pierre angulaire de son activité podcast, capable d’attirer toujours plus d’audience et d’annonceurs.
Ancien sportif et animateur télé, Joe Rogan s’est lancé dans le podcast en 2009 et alimente sa popularité grâce à une posture anti-establishment sans être encarté dans un parti. Il aime surprendre son auditoire et choquer.
Elon Musk s’était ainsi retrouvé à fumer un joint à l’antenne avec lui. Il donne également la parole régulièrement à des antivax. Ce qui a valu à Spotify une lettre de protestation de plusieurs centaines de scientifiques et professionnels de la santé plus tôt ce mois-ci.
Neil Young appelle d’autres artistes à la suivre
En face, Neil Young est une icône de la chanson, mais aussi un poids lourd de l’industrie musicale. Son absence au catalogue de Spotify va faire tache, d’autant qu’il cumulait 2,4 millions d’abonnés et qu’il comptait 6 millions d’auditeurs mensuels. Ses fans pourraient bien être tentés de partir sur d’autres plates-formes pour continuer à accéder à ses œuvres.
Neil Young a appelé d’autres artistes à le suivre. Sans succès jusqu’à présent. En attendant, il prend le risque de se priver de 60% de ses écoutes en streaming, Spotify étant leader sur le marché mondial du streaming musical.
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Le service regrette officiellement le départ de Neil Young. Il défend aussi mollement sa propre position en prônant la liberté d’expression, et son devoir de représenter une pluralité de points de vue.
Pourtant, en 2018, Spotify avait bien tenté de mettre en place une politique de modération contre les propos haineux et les conduites répréhensibles des artistes. Ce qui avait suscité une levée de boucliers dans le monde de la musique. L’investissement massif de Spotify dans le podcast pourrait bien l’obliger à revenir sur ce sujet, confronté aux mêmes problématiques de modération de contenus que Google ou Facebook.
Source : The Wall Street Journal
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