Sergey Brin ne mâche pas ses mots. Dans une interview publiée le 15 avril 2012 par The Guardian, le cofondateur de Google explique que les principes fondateurs du Net – ouverture du réseau et accès universel – courent un grave danger. Car leurs ennemis n’ont, selon lui, jamais été aussi nombreux.
Des ennemis qui, pour certains, se confondent étrangement avec les principaux concurrents de Google ! « Il y a des forces puissantes qui se sont liées contre l’Internet ouvert de tous les côtés, partout dans le monde », explique Sergey Brin au grand quotidien britannique. « Je suis plus inquiet que par le passé, c’est effrayant. »
La démonstration de Sergey Brin passe d’abord par une critique des pays qui limitent ou censurent l’accès au Web. Il s’inquiète évidemment de la situation du Net en Chine, avec qui Google a eu maille à partir voici deux ans, mais aussi en Arabie Saoudite et en Iran.
Facebook et Apple accusés de « balkaniser le Web »
Plus surprenant, Sergey Brin voit aussi en deux de ses plus fameux concurrents, Facebook et Apple, d’autres menaces contre Web libre et ouvert. Selon le Guardian, il a « mis en garde contre la montée en puissance de Facebook et d’Apple, qui ont leurs propres plates-formes propriétaires, contrôlent l’accès à leurs utilisateurs et risquent d’étouffer l’innovation et de balkaniser le Web. » Et a résumé ensuite sa position en expliquant qu’il y avait « beaucoup à perdre. Par exemple, toute l’information dans les applications : ces données ne sont pas récupérables par les robots d’indexation : vous ne pouvez pas les chercher. » On comprend bien ici que si cela pose peut-être un problème philosophique à Sergey Brin, il y a aussi un enjeu économique derrière. Car c’est précisément de la recherche – et donc de l’ouverture du Web – que Google tire l’essentiel de ses revenus !
Si Sergey Brin n’a que peu évoqué le cas Apple durant l’interview, il a largement insisté en revanche sur Facebook en expliquant que lui et Larry Page « n’auraient pas pu créer Google si l’Internet avait été dominé par Facebook. » Et a précisé que « vous devez jouer selon leurs règles, qui sont très restrictives. » Il est également revenu sur la « guerre des contacts » qui a opposé Google à Facebook en critiquant le fait que le réseau social complique la tâche de ses utilisateurs pour faire passer des données sur un autre service. Alors que dans le même temps « Facebook a aspiré les contacts Gmail pendant des années. »
Les industries culturelles en prennent pour leur grade
Derniers ennemis du Web mis en cause par Sergey Brin : les industriels de la culture, qui selon lui « se tirent une balle dans le pied » en faisant du lobbying pour que soient bloqués les sites proposant des contenus piratés. Il leur reproche aussi leur support des lois Sopa et Pipa et les DRM qui continuent à ennuyer les utilisateurs de contenus légaux : « Je n’ai pas essayé depuis longtemps mais lorsque vous allez sur un site pirate, vous choisissez ce que vous voulez, c’est téléchargé sur l’appareil de votre choix et ça marche. Dans le même temps vous devez franchir toutes ces étapes pour acheter du contenu légitime… Ces murs créés démotivent les gens qui souhaitent acheter », a-t-il plaidé.
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