Le gouvernement taïwanais ne veut plus voir partir ses cerveaux vers la Chine. Le ministère du travail du champion technologique d’Asie du Sud-Est vient de publier un texte empêchant ses entreprises de ne plus ouvrir de postes pour les succursales étrangères. Dans le viseur, les fleurons technologiques tels que TSMC ou UMC, les fabricants de processeurs qui font la gloire de l’île en cette période de pénurie.
La décision intervient dans un contexte de hausse de la tension entre les deux états. Exacerbés par les crispations sino-américaines, le ton ne cesse de monter entre les gouvernements des deux pays. Ou plutôt le ton de la République Populaire de Chine (la « grande » Chine) et son petit voisin la « République de Chine » (Republic of China, ou ROC, le nom officiel de Taïwan). Le petit état de 20 millions d’habitants est la cible perpétuelle du géant qui clame sa souveraineté sur le territoire.
Outre des micro-agressions militaires continuelles, qui contraignent l’île à une forme d’état d’alerte militaire permanente, la Chine a longtemps utilisé Taïwan comme « territoire de chasse » pour ses entreprises de pointe. Du fait des bonnes relations entre les USA et Taïwan, de nombreux étudiants taïwanais ont étudié aux USA et rapporté dans l’île un savoir-faire désormais unique.
Sous le coup des sanctions imposées par les USA, la Chine a vu certains de ses champions comme Huawei reculer dans certains marchés et l’accès à certaines technologies révoqué. C’est pourquoi l’Empire du Milieu veut développer son indépendance technologique. Aux dépens de Taïwan qui a décidé de contre attaquer sévèrement.
« À la suite des tensions géopolitiques entre les USA et la Chine, le développement (de la filière, ndr) des semi-conducteurs chinois a connu des déconvenues et la Chine a commencé, en réaction, à devenir plus agressive dans son braconnage et ciblage des talents taïwanais afin de mettre sur pied une chaîne d’approvisionnement souveraine », explique le communiqué du ministère du travail taïwanais.
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La résolution touche toutes les entreprises, mêmes les « simples » assembleurs comme Foxconn ou Pegatron. Mais les contrevenant paieront des amendes encore plus élevées dans le cas où les recrutements « concernent semi-conducteurs et autres circuits intégrés », continue le texte.
Ce qui est logique sur le papier, car dans chaque plan d’indépendance technologique chinois se cachent des recrutements à Taïwan. Qu’il s’agisse de la malheureuse tentative de mise sur pied de la filière mémoire nationale ou dans les velléités de Xiaomi et Oppo de développer leurs propres puces – les deux ont recruté des vétérans du Taïwanais MediaTek.
Dans l’attente d’un éventuel conflit armé qui est au cœur de la une de la prochaine édition de l’hebdomadaire britannique The Economist, les deux états s’affrontent pour l’heure dans le domaine de l’intelligence pure. De quoi mieux comprendre les enjeux qui entourent ces « simples » puces informatiques qui sont au cœur de tous les produits du quotidien.
Source : Nikkei Asia
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