Samsung Galaxy Note 7 : et si les batteries n’avaient rien à voir avec tout ça ?

Et si la batterie était hors de cause ? Après le fiasco du Galaxy Note 7, il apparaît de plus en plus précisément que ce composant n’est finalement pas responsable des dégagements de fumée et autres combustions subies par les propriétaires du smartphone.

Lors de l’apparition des premiers incidents, avant le rappel initial du 2 septembre, tout tendait à mettre les batteries en cause. Ce genre de combustion s’est en effet déjà produit sur de nombreux appareils de toutes marques – évidemment pas à cette échelle. Dans ce type de cas, on accuse généralement les batteries lithium-ion. Réputées instables, elles sont cependant les seules à pouvoir délivrer assez d’énergie pour l’espace que peuvent leur accorder les constructeurs dans leurs smartphones. Leur utilisation est donc un risque assumé et limité autant que possible lors de la conception des appareils.

Un dysfonctionnement jamais reproduit par Samsung

Pourtant, des informations du New York Times montrent que les ingénieurs de Samsung n’ont jamais réussi à reproduire le dysfonctionnement dans leur laboratoire. Ils avaient donc conclu hâtivement que cela devait venir d’un problème de court-circuit des batteries fournies par Samsung SDI, la division de la société qui les fabrique. Le constructeur avait alors décidé de s’approvisionner auprès d’un autre fournisseur, ATL, pour équiper les Galaxy Note 7 de remplacement, avec l’échec que l’on connait.

Le quotidien américain révèle également que les ingénieurs coréens n’ont pas réussi non plus à reproduire aucun incendie avec cette seconde série de smartphones, censée être sûre. « Il était trop rapide de mettre en cause les batteries, je pense qu’il n’y avait pas de souci avec elles ou qu’elles n’étaient pas le principal problème », explique ainsi Park Chul-wan, ancien directeur du Center for Advanced Batteries au Korea Electronics Technology Institute.

L’organisation de Samsung remise en question

Le problème viendrait donc certainement d’un autre composant du téléphone, dont le dysfonctionnement viendrait à rendre la batterie instable et mènerait à son inflammation. Rien dans tout ça ne serait donc dû à une batterie trop puissante pour la taille de l’appareil qui aurait entraîné une surchauffe de celui-ci.

Beaucoup d’observateurs de l’entreprise accusent l’organisation même de Samsung, qualifiée par exemple de « militaire » par Geoffrey Cain, un journaliste d’investigation auteur d’un ouvrage sur la société coréenne. C’est également l’avis de deux anciens employés qui confirment au New York Times que l’ensemble des décisions viennent du haut de l’organisation et sont prises par des personnes qui n’ont aucune idée des enjeux et des contraintes technologiques qu’impliquent la conception d’un smartphone.

Une crise de gouvernance de l’entreprise

Un désaveu total pour Lee Jae-yong, propulsé à la tête de l’empire Samsung après que son père Lee Kun-hee eut connu il y a deux ans une attaque cardiaque impliquant une hospitalisation toujours en cours. Il n’a depuis plus jamais été vu en public, malgré le fait qu’il occupe encore symboliquement la tête de l’entreprise.

Au milieu des années 90, Lee Kun-hee avait rassemblé 2 000 employés et brûlé devant eux 150 000 mobiles (dossier de presse de Samsung en PDF), symbolisant ainsi leur manque de qualité. Un traumatisme fondateur qui avait permis à Samsung de se remettre en question et se propulser en tête du marché des années plus tard. En 2016, aucune action de sa part ne sera nécessaire pour que ses Galaxy Note 7 prennent feu et que Samsung réalise le faux pas majeur qu’il vient de commettre.