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Prism: Pellerin relativise, mais demande la protection des « whistle-blowers »

Ce lundi matin sur BFMTV, la ministre de l’Économie numérique rappelle que les affaires d’espionnage ont toujours existé, mais soulève le statut international des « citoyens lanceurs d’alertes ».

Si tous les membres du gouvernement s’insurgent contre les révélations d’Edward Snowden sur les méthodes d’espionnage des Américains en Europe, Fleur Pellerin prend les choses avec précaution. La ministre de l’Économie numérique ne peut être réellement à l’aise puisque les confidences de l’ex-agent de la NSA jettent le discrédit sur la fiabilité des technologies qu’elle est censée promouvoir et sur les plus importants acteurs de cette industrie.

Ce matin, lors d’une interview sur BFMTV, la ministre a tenté de mettre de la raison sur un sujet où la passion domine. Elle rappelle que les affaires d’espionnage existent depuis toujours. Elle a évoqué des histoires identiques du temps de la guerre en Irak. Pour elle, « ce n’est pas vraiment un acte amical de la part d’une puissance amie [mais] ce n’est pas une nouveauté ».

Par contre, elle réagit plus énergiquement sur la surveillance généralisée des populations. « Nous avons toujours considéré qu’internet était un bien commun, un cheval de Troie — regardez les Printemps arabes — de la liberté d’expression et aujourd’hui on voit que certains pays, qui défendent la liberté d’expression, la liberté d’opinion, sont peut-être des utilisateurs à des fins, au contraire, de surveillance généralisée. » Pour la ministre, « c’est ce qui est très choquant, si c’est prouvé », avant de tempérer : « Ne nous précipitons pas, attendons les explications des Américains ».

Les « whistle-blowers » sont dans une zone grise du droit international

Au cours du week-end, la classe politique française a tenu des propos très virulents sur les méthodes d’espionnage des Américains. Pour le garde des Sceaux, Christiane Taubira, il s’agit d’un « acte d’hostilité inqualifiable » si les faits cités sont avérés.

Pour Jean-Luc Mélenchon, c’est quasi un acte de guerre des États-Unis envers l’Europe. Le patron du Front de Gauche demande que la France accorde à Snowden l’asile politique « C’est grâce à lui que nous savons que nous avons été espionnés. Ce n’est pas normal qu’on continue à laisser cet homme errer sur la planète, alors qu’il est un défenseur de la liberté. » Pour l’ancien candidat à la présidentielle, les États-Unis sont devenus « un interlocuteur paranoïaque et malfaisant qui nous espionne. »

Il appelle ainsi à une suspension des négociations commerciales. Sur ce sujet, Fleur Pellerin met en garde et appelle à « ne pas mélanger les sujets à ce stade […] D’un côté, vous êtes dans une négociation commerciale, un accord de libre-échange et, de l’autre, dans une affaire d’ordre diplomatique et politique ».

Elle rejoint par contre Jean-Luc Mélenchon pour la protection des citoyens lanceurs d’alerte, appelée les « whistle-blowers ». Mme Pellerin demande qu’une réflexion soit menée sur leur statut international. « Un certain nombre de pays ont mis en place des législations (…) mais il n’y a pas de statut international qui permette de les protéger le cas échéant. […] C’est une belle occasion de se pencher sur ce sujet qui, pour l’instant, est une zone grise du droit international public ».

 

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Pascal Samama