Passer au contenu

Pourquoi la 5G ne sera pas lancée dès ce 18 novembre en France

Ce n’est qu’à partir du 20 novembre que les opérateurs pourraient théoriquement lancer commercialement leur réseau 5G sur la bande de fréquence 3,5 GHz.

Nouveau rebondissement dans le lancement de la 5G en France. On a cru pendant quelques jours qu’elle pourrait être lancée dès aujourd’hui sur la bande 3,5 GHz. Mais cela ne sera finalement pas le cas. Le résultat d’un léger cafouillis au niveau communication.

L’Arcep a d’abord annoncé le 4 novembre que les opérateurs seraient autorisés à émettre sur les bandes de fréquence 3,5 GHz à partir du 18 novembre. Son président Sébastien Soriano avait tout de même précisé avec précaution que la date était théorique. Il fallait tenir compte de tous les délais administratifs. Les opérateurs doivent en effet obtenir une autorisation auprès de l’ANFR (Agence Nationale des Fréquences) et informer les mairies qu’ils ont l’intention d’allumer leurs antennes.

La boulette de Stéphane Richard

Mais deux jours plus tard, le patron d’Orange Stéphane Richard annonce sur l’antenne de BFMBusiness que le réseau 5G de l’opérateur historique sera bien disponible dès le 18 novembre pour ses abonnés qui disposent des smartphones et des forfaits compatibles.  « On pourra avoir accès à la 5G dès le 18 novembre là où évidemment il y a des antennes 5G », précise alors Stéphane Richard sur BFMBusiness. Il ajoute même que ce sont les sites expérimentaux qui ont servi à tester la 5G qui vont être disponibles pour le grand public.

C’est ce qu’on appelle une boulette. Aujourd’hui, Orange affirme que ces déclarations auraient été un peu interprétées et préfère rester prudent sur la date du lancement. « La 5G sera disponible d’ici quelques semaines dans les premières villes. Nous attendons l’autorisation d’émettre de l’ANFR », nous a confié un porte-parole.

Concrètement, Bouygues Telecom, Free Mobile, Orange et SFR* ont du patienter au moins jusqu’au 20 octobre, date du résultat de l’enchère de positionnement, pour déposer leur dossier auprès de l’ANFR. L’Agence nationale des fréquences nous a confié avoir reçu des demandes à partir du 23 octobre. Elle a du ensuite les mettre en consultation auprès des affectataires, c’est-à-dire les autres grands utilisateurs des fréquences. Elle continue encore quotidiennement à recevoir des dossiers. « Nous devrions être en mesure de fournir les 1ères autorisations de sites commerciaux en bande 3,5 GHz à partir du 20 novembre. Nous publierons ces données sur la 5G après la publication des offres commerciales des opérateurs », nous a confié un porte-parole.

Des résistances dans les grandes villes

S’ajoute à cela un nouvel obstacle. A la tête des grandes villes disposant déjà d’antennes 5G à la suite des expérimentations, on trouve souvent des élus critiques vis-à-vis de cette technologie. C’est le cas à Paris où une consultation citoyenne doit être organisée, mais aussi à Lyon, Bordeaux, Lille, Marseille ou Nantes où des moratoires ont été réclamés. Les opérateurs pourraient légalement passer en force. Ce qu’ils ne feront pas pour éviter de ternir le lancement de la 5G. Officiellement, ils font tous « de la pédagogie » pour réussir à convaincre en douceur les mairies d’activer leurs antennes sur leur territoire.

La suite devrait donc ressembler au lancement de la 4G : des annonces au compte-goutte, ville après ville et plutôt dans des cités de taille moyenne dès la fin de ce mois-ci. Les cartes de couverture s’étofferont très progressivement.

Qui sera le premier à tirer ?

Reste un joli coup à jouer : quel sera le premier opérateur à dégainer ? Les quatre acteurs se regardent actuellement en chiens de faïence. Il reste toujours l’hypothèse d’une offensive de Free Mobile, qui lancerait la 5G en s’appuyant sur la technologie dite du DSS (Dynamic Spectrum Sharing soit le partage dynamique du spectre). Cela lui permettrait de faire fonctionner de la 5G à la demande sur des bandes de fréquence utilisées jusque-là en 4G comme le 700 MHz, via une simple mise à jour logicielle à distance. Auparavant,  les opérateurs devaient choisir d’allouer une partie du spectre à une technologie. Le DSS apporte une très grande souplesse et permet de montrer progressivement en charge.

Mais Free Mobile aurait déjà pu le faire techniquement. Il faut dire que ses trois concurrents ont tout fait pour l’en dissuader, l’accusant de vouloir déployer de la « fausse 5G » et de prendre le risque de dégrader prématurément la 4G. Au point que l’Arcep, puis Bercy ont tapé du point sur la table, affirmant vouloir encadrer la communication des opérateurs. Interrogé à ce sujet lors d’un point presse aujourd’hui, le Directeur général d’Iliad Thomas Reynaud a habilement noyé le poisson. « Il faut arrêter avec le faux débat de la fausse 5G. Tous les opérateurs vont utiliser plusieurs bandes de fréquence : cela n’est pas spécifique à Free. Mais la bande 3,5 est indispensable », a-t-il déclaré. Si Free sautait toutefois le pas en DSS, Bouygues Telecom, Orange et SFR suivraient probablement avec les bandes de fréquence 1800 et 2100 MHz. Pour preuve, l’ANFR a reçu des demandes d’autorisation en 5G pour les fréquences basses de la 4G de la part de tous les opérateurs …

* 01net.com est édité par une filiale de NextRadioTV, elle-même propriété de SFR Médias

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.


Amélie CHARNAY