Pour déverrouiller un smartphone, pour repérer vos amis sur des photos, pour détecter des personnes recherchées dans une foule, la reconnaissance faciale est partout pratique, relativement efficace et toujours un peu inquiétante… Mais jusqu’à maintenant, cette technologie avait une limite : elle avait du mal à reconnaître les personnes dont le visage était partiellement masqué. Cela pourrait bientôt changer.
Des chercheurs britanniques et indiens de l’université de Cambridge, du National Institute of Technologie de Warangal et de l’Indian Institute of Science ont en effet développé un algorithme s’appuyant sur de l’intelligence artificielle pour reconnaître ces visages dissimulés derrière des lunettes de soleil, une casquette, un foulard… Leur objectif étant d’aider à détecter des criminels, a indiqué Amarjot Singh, l’un des chercheurs à Motherboard.
Le système, baptisé « Disguised Face Identification » (identification de visages masqués), s’appuie sur 14 points du visage et détermine les distances et les angles entre ces points pour les comparer à des images de personnes non masquées.
Pour faire progresser l’algorithme, les chercheurs lui ont soumis deux bases de données de 2 000 images chacune. La première comportait des personnes masquées sur un fond uni, la seconde des personnes sur un fond complexe (un immeuble, un grillage, un paysage…) ou des photos avec plusieurs personnes.
Si le système n’est pas encore parfait, loin de là, il a été capable d’identifier correctement une personne dont le visage était dissimulé par un foulard et une casquette dans 69% des cas. Le pourcentage d’identification est logiquement moins bon si on ajoute des lunettes de soleil puisqu’il n’est que de 43%.
La méthode et l’usage en question
Pour des experts, le problème vient de la méthodologie utilisée dans cette étude. Un chercheur de l’université du Surrey en Grande-Bretagne, interrogé par The Verge, a ainsi expliqué que l’algorithme créé par ses homologues ne faisait pas correspondre les visages masqués à des portraits mais à un réseau de points ce qui ne suffit pas à son sens pour déterminer l’identité d’une personne.
ohai a machine learning system that can identify ~69% of protesters who are wearing caps AND scarfs to cover their face. h/t @jackclarksf pic.twitter.com/ct3NvBL2BW
— zeynep tufekci (@zeynep) September 4, 2017
Même si cette technologie doit encore progresser et faire ses preuves, certains -comme Zeynep Tufekci, sociologue et professeur à l’université de Caroline du Nord aux Etats-Unis – s’inquiètent déjà de l’arrivée d’un tel outil qui pourrait devenir un moyen d’oppression dans les mains d’Etats autoritaires cherchant à identifier des manifestants désireux de rester anonymes.
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