01net. : Quel est l’impact d’Internet sur le débat politique aux Etats-Unis ?
Michael Türk : Nous assistons actuellement à un phénomène de fragmentation des médias. Avant, les gens regardaient la télévision et les grands networks
[ABC, CBS, NBC, NDLR]. Puis
les chaînes du câble sont arrivées et, enfin, maintenant avec Internet nous avons des millions de sites Web qui sont là pour répondre aux besoins d’information du consommateur et de l’électeur. Cela induit une nouvelle approche dans la manière de
diffuser l’information. Aujourd’hui, grâce au Web, la publicité politique touche directement une audience beaucoup plus qualifiée qu’à travers la télévision. Et cela permet d’aller beaucoup plus au fond des choses.Comment faites-vous pour optimiser ces campagnes sur le Web ?
Internet c’est avant tout de la communication personnalisée. Alors, nous travaillons en permanence avec les FAI pour mettre à jour nos bases de données. Par ailleurs, nous avons une approche géographique de nos actions. Par exemple, au
lieu de faire une campagne générale sur un portail comme Yahoo!, nous allons d’abord définir, à partir des codes postaux, quelles populations nous souhaitons toucher. Ainsi, sur Yahoo.com, nos messages publicitaires ne seront vus que par les
internautes résidant dans les zones géographiques sélectionnées.Quel a été le fait le plus marquant de la dernière campagne présidentielle américaine sur Internet en 2004 ?
Il y a eu
la campagne d’Howard Dean. Et il faut bien reconnaître que c’est le premier à avoir réellement saisi l’importance du média Internet dans la création d’un mouvement politique. Ceci
étant, lorsque vous parvenez à collecter 43 millions de dollars pour au final n’obtenir que 500 000 voix, cela pose un problème. Et ce n’est pas comme ça que vous pouvez devenir président des Etats-Unis.En quoi la stratégie de campagne du ticket Bush-Cheney différait-elle de celle d’un candidat comme Howard Dean ?
Nous avons opté pour
une stratégie beaucoup moins glamour, mais beaucoup plus efficace. Nous nous sommes fixés des objectifs. Le premier d’entre eux était de recruter via Internet 1,1 million de
volontaires sur l’ensemble du pays, pour des actions aussi variées que du porte-à-porte, de la relance téléphonique ou des envois de mails. Et au lieu d’avoir 100 000 partisans virtuels inscrits sur
Meetup.com
[un site communautaire qui permet aux internautes de se rassembler selon leurs intérêts communs, NDLR], nous avons mis en place un système de
‘ reporting ‘ où chacun rendait compte de son action.
De plus, nous avons essayé de coller le plus possible au terrain en diffusant sur le Web des listes de personnes à contacter, ou en mettant en ligne ‘ Party for the President ‘, des réunions
de voisinage [les BBQ Party, NDLR] animées par nos partisans au sein de leur communauté.Quelles sont les prochaines étapes de cette révolution en cours entre Internet et la politique ?
On constate aujourd’hui qu’il y a une convergence de technologies autour du téléphone mobile. Lecteur MP3, et bientôt vidéo, possibilité d’envoyer des textos, vous avez tout ça sur un seul et même appareil. Pour les élections de mi-mandat
en 2006 [renouvellement du Congrès, NDLR] et plus encore pour la présidentielle de 2008, nous ne pourrons pas faire l’impasse sur ce nouveau moyen de communication. Evidemment, on ne peut pas toucher tout le monde, mais peu
importe. Car les gens qui possèdent ce type de matériel sont des leaders d’opinion, même et surtout au niveau local. Et par conséquent d’excellents vecteurs d’information.
Par ailleurs, nous utilisons déjà des techniques comme le
podcasting
?” et bientôt le videocast, où les fils d’information RSS. Par exemple, nous travaillons actuellement à une solution combinant
chat et RSS. Quand vous recevrez une information via un fil RSS, vous aurez ainsi la possibilité de discuter instantanément avec les internautes qui auront reçu la même information.
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