C’est un duel qui sent bon la naphtaline, mais qui pourrait bien donner le ton de l’année 2024 sur la marché de la voiture électrique en France. Les deux ogres nationaux, Renault et Peugeot, vont s’affronter sur la catégorie reine des véhicules électriques : les SUV compacts. Sur la gauche de notre ring, le Scénic E-Tech, déclinaison moderne du monospace iconique de la marque au Losange. À l’opposé : l’épouvantail de la catégorie, l’indétrônable 3008, dans sa version électrique. Le fleuron de Peugeot ces dernières années lui a non seulement permis de figurer au sommet du classement des véhicules les plus vendus en Europe, mais a aussi facilité la montée en gamme de la marque.
Oui mais voilà, en 2024 les règles du duel ont changé. Désormais, les deux modèles tournent à l’électricité. Ce n’est pas tout : ils s’attaquent sans doute au segment le plus dense, celui des SUV 100% électriques. Si notre duel est pour l’instant théorique, les deux modèles n’étant pas commercialisés avant début 2024, il ne fait qu’anticiper l’inévitable : un affrontement en bonne et due forme dans les chiffres de vente et d’immatriculations. Qui a le plus de chances d’en sortir gagnant ?
Design : duel schizophrène
Le premier terrain d’affrontement, le plus évident sans doute, est celui de l’esthétique. C’est en effet l’un des premiers critères d’achat d’une voiture. Fait pour le moins original, ces deux voitures portant des bannières ô combien différentes et opposées ont été dessinées par la même personne, un certain Gilles Vidal. Le designer qui a complètement repensé l’identité de marque de Peugeot ces dernières années a signé chez le grand rival fin 2020. Résultat : les derniers modèles qu’il a dessiné pour la marque au Lion sortent en même temps que ses premières œuvres chez Renault.
La conséquence, c’est que malgré des efforts notables sur le Scénic, ni le premier, ni le second modèle ne peuvent renier leur paternité. La patte Vidal saute aux yeux ce qui tend encore à rapprocher les deux rivaux. Mais si Renault se confond de plus en plus avec Peugeot, il prend soin de marquer de grandes différences. Ainsi, la forme globale des deux véhicules n’est pas identique. Là où le Scénic garde un aspect de SUV classique, l’e-3008 opte pour une forme plus sportive, celle d’un SUV coupé avec son toit plongeant et sa lunette inclinée. L’autre grande différence c’est au niveau de la signature lumineuse. Assez étrangement celle du Scénic ressemble aux optiques dent de sabre qui ont fait les belles heures du Lion, alors que l’e-3008 s’est évertué à s’éloigner de ce modèle signature.
Le SUV de Peugeot est également plus grand et plus haut que son rival, 7 cm de part et d’autre. En revanche, sur la calandre, les jantes ou encore sur l’aspect anguleux, le jeu des sept différences est permis. Fort heureusement, une fois la portière ouverte, les différences sont plus flagrantes.
Habitacle : deux salles deux ambiances
En termes d’habitacle, non seulement les deux SUV optent pour des choix opposés, mais ce sont deux écoles qui s’affrontent. Chez Renault, il n’y a pas eu de révolution par rapport à ce que la marque proposait ces derniers mois avec un tableau de bord directement hérité de la Mégane E-Tech. Si celui-ci fait la part belle aux écrans, il opte pour un affichage central au format portrait, dans la même veine que Tesla sur sa Model 3, mais dans des proportions plus réduites (12,3 pouces).
Bien entendu, l’un des avantages de Renault, c’est de pouvoir s’appuyer sur l’OS natif de Google pour les voitures, Android Automotive, un système très efficace sur lequel la marque au losange a ajouté sa surcouche Open R qui propose, entre autres, quelques applications exclusives.
Du côté de Peugeot, l’intérieur de l’e-3008 est celui des grands changements. En effet, sur son dernier SUV, la marque sochalienne a choisi de faire évoluer son i-Cockpit 3D, sa signature jusqu’ici. Le nouvel habitacle tente le pari de faire converger tous les écrans vers le conducteur. Il se résume à une très grande dalle incurvée de 21 pouces qui donne la sensation d’englober le pilote tout en lui donnant à voir l’ensemble des éléments disponibles. De fait, l’écran central classique dédié à l’infodivertissement disparaît purement et simplement.
Seul un petit afficheur tactile permet au passager d’accéder aux commandes les plus utiles. Précisons également que cette évolution de l’iCockpit n’est réservée qu’aux finitions les plus élevées de l’e-3008. Les versions d’entrée de gamme du SUV disposeront de deux écrans de 10 pouces, plus classiques.
En définitive, le design plus osé de l’e-3008 nous semble également le plus intéressant, Peugeot étant parvenu à dessiner une planche de bord qui s’inspire largement des concepts de la marque. Il faudra toutefois vérifier lors d’un essai que cette orientation de tant d’éléments vers le pilote ne représentent pas une distraction supplémentaire pendant la conduite.
Moteur et batterie : deux fiches techniques bien différentes
Sous le capot, et sous le plancher pour ce qui concerne les batteries, les deux SUV ne partiront pas avec les mêmes avantages et inconvénients. Du côté de Renault d’une part, le Scénic E-Tech sera décliné en deux niveaux de finition. L’entrée de gamme se compose d’un moteur de 170 ch allié à une batterie de 60 kWh. La version la mieux dotée, elle, opte pour un moteur de 220 ch associé à la grande batterie de 87 kWh de l’Alliance Renault-Nissan, celle qui équipe également l’Ariya.
Peugeot, pour sa part, opte pour trois niveaux de finition. Les deux premières se contentent d’un moteur, comme le Scénic. L’entrée de gamme opte pour un bloc de 210 ch associé à une batterie de 73 kWh. Quant à la seconde version, elle met en exergue un moteur de 230 ch, mais surtout une batterie gigantesque de 98 kWh. Enfin, une troisième version « Dual Motor » devrait être disponible avec un moteur sur chaque essieux. Cette version performance de l’e-3008 affiche 320 ch mais se contente de la batterie de 73 kWh. Sur le papier, Peugeot propose à la fois le véhicule le plus puissant, mais aussi celui qui dispose de la meilleure autonomie.
Batterie et recharge : avantage Peugeot
Sans surprise, la batterie est l’un des axes de communication majeurs du nouveau e-3008. Et pour cause, le Lion a vu très grand avec ses deux blocs de 73 kWh et surtout 98 kWh. Selon la configuration technique, l’autonomie de l’e-3008 devrait osciller entre 525 et 700 km. De son côté, Renault ne peut prétendre à ce niveau de valeurs avec une configuration plus modeste dans sa version de base (420 km). Néanmoins, sa batterie de 87 kWh (620 km, WLTP) lui permet de relever la tête face à Peugeot.
En revanche, le duel se déséquilibre à nouveau lorsqu’on regarde du côté de la recharge. Côté Peugeot on annonce une capacité de charge rapide à 160 kW et une charge domestique en AC, de 11 kW pouvant aller jusqu’à 22 kW moyennant une option. Chez Renault, la vitesse de charge sur bornes rapides dépendra là encore du niveau de finition, mais elle sera toujours inférieure à celle de Peugeot. Dans le meilleur des cas, la batterie de 87 kWh prendra 150 kW, là où le bloc de 60 kWh sera limité à 130 kW. Enfin, côté recharge à domicile, le Scénic pourra accepter jusqu’à 22 kW, mais Renault n’a pas précisé s’il s’agirait d’une valeur par défaut ou d’une option, avec une recharge plus classique à 11 kW. A ce niveau du duel et compte-tenu de l’écart technique qui sépare les deux modèles, il est permis de penser que Peugeot part avec un net avantage. Ce serait vite oublier une donnée essentielle : une plus grande batterie et un moteur plus puissant vont souvent de paire avec un prix plus élevé.
Le prix : l’inconnue qui peut faire pencher la balance
A la vue des fiches techniques respectives, il apparaît qu’il ne sera pas simple de départager les deux modèles. Renault et Peugeot ont fait des choix suffisamment différents sur le niveau de batterie pour que cela ait une répercussion conséquente sur le prix. A l’heure actuelle, les prix des deux modèles ne sont pas encore connus. Ce qui semble évident en revanche, c’est que Peugeot n’aura pas d’e-3008 à mettre face à la version d’entrée de gamme du Scénic électrique. Le choix d’une plus petite batterie et d’un moteur légèrement moins musclé a un objectif évident pour le Losange : afficher un ticket d’entrée « accessible » pour son nouveau SUV. Par accessible, il faut surtout entendre, éligible au bonus écologique, soit inférieur à 47 000 euros, au moment de l’écriture de ces lignes.
Peugeot pourra-t-il parvenir au même résultat avec sa batterie de 73 kWh ? Rien n’est moins sûr.
Quant aux versions « grande autonomie » des deux SUV, elles seraient hors de la zone du bonus, en concurrence directe avec des modèles tels que la Ford Mustang Mach-e, le Mercedes EQA ou encore la Tesla Model Y Performance.
Qui du Scénic ou de l’e-3008 peut rivaliser avec le Tesla Model Y ?
Renault et Peugeot ont beau s’être donné rendez-vous en 2024 pour se livrer bataille, ils auraient tort d’estimer que le plus grand rival se trouve dans le camp d’en face. Depuis plusieurs mois maintenant, Tesla règne sur le segment des SUV « compacts » avec un Model Y qui se négocie à partir de 45 990 euros.
Qui du Scénic ou de l’e-3008 pourrait remettre en cause cette hégémonie ? Personne serait-on tenté de répondre, tant le SUV de Tesla paraît supérieur en termes de performances, de recharge et d’autonomie. Pour l’instant, en théorie, seule la version de base du Scénic semble pouvoir afficher un prix comparable, mais dans cette configuration, elle souffre de la comparaison. Et si Peugeot espère éviter l’affrontement à moins de 47 000 euros, il ne pourra pas l’éviter dans la tranche supérieure où là aussi les versions Grande Autonomie et Performance du Model Y semblent intouchable.
Ce qui pourrait changer la donne ? Que la Model Y Propulsion ne soit plus éligible au bonus écologique au 1er janvier 2024. Une inconnue demeure à ce sujet, la version la moins chère étant actuellement fabriquée dans la Gigafactory de Shanghai. Mais Tesla a les clés en main et pourrait tout à fait rapatrier la production de son modèle dans son usine de Berlin pour contourner les sanctions économiques à venir. En définitive, malgré leurs nombreuses qualités, et un duel qui promet d’être épique, les deux SUV électriques français semblent condamnés à lutter pour la deuxième place.
Verdict : un duel qui promet d’être chaud
Renault Scénic électrique vs Peugeot e-3008, est assurément l’un des matchs les plus intéressants de 2024. Néanmoins, même si nous disposons de presque tous les éléments pour les différencier, il est trop tôt pour les départager. Le prix et le niveau de finition des deux modèles vont nettement influer sur le choix qu’aurait à faire un consommateur. Il en va de même pour l’agrément de conduite, et les performances réelles des deux prétendants, qui ne pourront décemment être évaluées que lors de leurs essais respectifs.
Pour autant, les deux géants de l’automobile française semblent être armés pour s’imposer dans le segment clé des SUV électriques et s’il sera très difficile de remettre en cause la domination de la Tesla Model Y, Scénic E-Tech et Peugeot e-3008 feront au minimum bonne impression.
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Mais arrêtez ces bétaillères de SUV. :'(
Et vive les SUV! … Mais surtout pas en électriques à 47000€ minimum. Chez les Japonais on peut avoir un SUV tout neuf pour 23000€! (et en crit’air 1) Donc toutes ces bagnoles écolo-bobo hors de prix et qui pèsent des tonnes non merci!
je suis curieux… de quel modèle à 23000 € parlez-vous ?