Que vaut la voiture autonome de la marque au losange ? Nous avons pu monter à bord d’un Renault Espace doté des technologies de conduite autonome de la marque.
Le départ des bureaux de Renault à Boulogne-Billancourt se fait en conduite manuelle, jusqu’à rejoindre la A13. Direction le Technocentre Renault, situé à quelques kilomètres, à Guyancourt. Sur la voie d’insertion de l’autoroute, après les contrôles usuels, le conducteur de notre Renault Espace presse le bouton du régulateur tout en nous indiquant “on passe en conduite autonome”.
Sur l’écran du tableau de bord, l’affichage passe du bleu au jaune : ça y est, le véhicule conduit seul. Pas d’à-coup dans la direction, pas d’accélération hésitante ou encore de freinage brusque, l’Espace robotisé gère parfaitement son affaire dans une circulation assez fluide.
Les longues courbes sont correctement gérées et l’affichage du compteur permet à notre conducteur de s’assurer que l’Espace voit bien son environnement. Cette interface graphique nous rappelle d’ailleurs sérieusement celle du pilotage automatique de Tesla. La voie sur laquelle évolue l’Espace autonome et les véhicules environnants sont schématisés de manière assez semblable. Qu’à cela ne tienne, le rendu est propre et assez efficace.
Nous évoluons désormais sur l’autoroute depuis plusieurs dizaines de kilomètres sans problème, mais aussi sans réelle difficulté pour le véhicule. La vitesse est maintenue sous la barre des 100 km/h et les distances de sécurité sont bien respectées. Rappelons-le, les conditions de circulation comme les conditions météos sont idéales -et il en sera de même pour le trajet de retour. À l’approche de notre sortie d’autoroute, le conducteur doit reprendre la main. Aucun problème, seul un petit signal sonore indique que l’intelligence du véhicule a laissé place à l’humain.
Une fois à destination, nous regrettons tout de même de ne pas avoir pu éprouver la fonction de changement de voie automatique. Selon les équipes de Renault, celle-ci est disponible, mais mérite encore d’être affinée. Sur ce coup, on joue visiblement la carte de la prudence. Dans l’ensemble, l’expérience est assez concluante… mais un peu courte. On vous explique désormais l’envers du décor.
Lidar, radars, capteur à ultrason, caméras…
D’un coup d’oeil rapide, la carrosserie de ce Renault Espace paraît classique. Mais lorsqu’on y regarde de plus près, on ne peut que remarquer l’équipement tout particulier intégré par Renault et qui permet à cet Espace de répondre à une certification de niveau 4. En des termes clairs, le véhicule peut conduire seul, à condition qu’un conducteur soit installé derrière le volant pour reprendre la main en cas de pépin. Dans le jargon, on appelle cela “hands off, eyes on”.
À l’extérieur d’abord. Cela commence par un l’intégration de Lidar Valeo dans le pare-choc avant. Les emplacements sous les feux antibrouillard ont été massivement découpés pour laisser place à l’intégration de Lidar, ces dispositifs à balayage laser permettant aux véhicules autonomes de cartographier avec précision leur environnement.
Toujours sur la partie basse du pare-choc, Renault intègre un radar longue portée qu’il exploite pour garder une distance de sécurité avec les autres véhicules. Ce dispositif est désormais bien connu, y compris sur les véhicules de série, où il intervient dans l’utilisation du régulateur de vitesse actif. Rappelons que ce dernier permet de définir la vitesse d’un véhicule, sauf qu’à l’inverse d’un régulateur classique, l’ACC (Active Cruise Control) peut aussi freiner pour conserver des distances de sécurité avec le véhicule de devant. Petit détail, ce véhicule est également équipé d’une plaque d’immatriculation en “W”, l’un des signes distinctifs de ces véhicules autonomes utilisés pour les phases de tests.
Bien connues aussi, les caméras présentes dans la calandre (ici juste sous le logo Renault) et dans les rétroviseurs – qui permettent d’avoir une vue aérienne lorsqu’on stationne le véhicule – sont réutilisées pour la reconnaissance des lignes blanches et donc le maintien dans la file. Un autre Lidar est intégré cette fois-ci à l’arrière de l’Espace.
Il y aussi d’autres radars dissimulés dans les coins des pare chocs, mais on ne peut pas les voir. Ceux-ci sont notamment utilisés pour détecter la présence d’un obstacle dans les angles morts du véhicule, et cela avec une portée d’environ 80 mètres. D’ailleurs, en matière de portée, Renault indique que l’Espace possède une vision périphérique d’environ 200 mètres. C’est pas mal, mais certains capteurs de séries, notamment intégrés à la Mercdes classe E, ont une meilleure portée.
La caméra intégrée de série au sommet du pare-brise et qui sert notamment à la lecture des panneaux de signalisation, est elle aussi réutilisée pour les fonctions de conduite autonome. Et pour assurer une lecture la plus efficace possible de la route, le constructeur a dû y ajouter deux autres caméras, avec d’autres propriétés optiques.
Celles-ci sont notamment plus précises et combinent différents angles de vision pour être sûre de bien voir ce qui se passe devant la voiture. Et après notre premier essai, on peut conclure que cela fonctionne, sous certaines conditions. Renault mène encore des tests pour évaluer l’efficacité de ces capteurs lors de la circulation de nuit.
… de nouvelles interfaces et de gros PC à bord
L’habitacle a lui aussi été remanié. On trouve d’abord le nouveau compteur dont nous parlions plus avant. Renault travaille encore sur l’interface, mais comme nous le disions, en l’état celle-ci nous rappelle celle de Tesla.
Le compteur d’origine du véhicule a été déporté dans la boîte à gants pour répondre au cadre légal qui impose d’avoir toute l’instrumentation où figurent les indications telles que la température moteur, le niveau de carburant, les éclairages activés ou encore les messages d’erreurs tels que la surchauffe moteur, par exemple.
Au centre de la console centrale, on trouve une clé et un bouton poussoir permettant de couper manuellement le système pour forcer le contrôle manuel du véhicule.
On trouve aussi, à l’avant comme à l’arrière, deux écrans de contrôle dont les indications ne sont à vrai dire compréhensibles… que des équipes de Renault.
Toute cette électronique est contrôlée par une multitude de calculateurs et ordinateurs installés dans le coffre. Et heureusement qu’il est grand, le coffre de cet Espace ! Car l’installation est vraiment imposante pour répondre aux besoins de la multitude de capteurs installés, répondant notamment aux contraintes de la redondance des données. Si une caméra vient à faillir, il faut qu’un autre capteur soit capable de prendre la main ou encore de valider ou invalider une information.
Evidemment, tout cela sera à terme miniaturisé, mais le choix d’un équipement avec des pièces informatiques classiques offre toute la souplesse nécessaire pour les différentes phases de tests.
D’ailleurs, il semblerait que Renault ait d’ores et déjà fait le nécessaire pour passer au Niveau 5. Ce jeu de pédales déporté du côté passager permettrait de contrôler le véhicule sans que personne ne soit physiquement derrière le volant. Cette fois-ci, on parle du véhicule 100% autonome, ou là encore dans le jargon, “hands off, eyes off”.
Aux véhicules autonomes d’Audi (que nous avons d’ailleurs eu l’occasion d’éprouver à de multiples reprises), Ford, Volvo, Tesla, Uber ou encore PSA qui a traversé la France l’année dernière avec son Citroën C4 Picasso, il est désormais évident qu’il faut compter sur l’alliance Renault-Nissan lorsqu’on parle de véhicules autonomes. L’alliance devrait d’ailleurs faire des annonces lors du prochain CES de Las Vegas en janvier prochain.
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