On ne change pas une équipe qui perd. Ou qui a gagné. C’est en résumé ce qu’on peut retenir de la conférence pour les investisseurs qu’a tenue Satoru Iwata, PDG de Nintendo, pour expliquer la nouvelle stratégie de son groupe face à un marché du jeu changé.
Smartphones, objets de connexion
Le patron de Big N n’a annoncé aucun des grands changements que les observateurs attendaient pour relancer le groupe. Le smartphone reste une sorte d’ovni dont le groupe se défie et qu’il maintient à distance de son activité principale qui reste et demeure les jeux sur ses propres consoles. « Nous n’allons pas simplement mettre nos jeux sur des appareils intelligents », expliquait Satoru Iwata. Les smartphones et tablettes seront utilisés pour « construire des connexions avec les utilisateurs », mais les jeux existants ne débarqueront pas sur ces plates-formes. La motivation derrière cette décision paraît pleine de bon sens, Nintendo ne se sent pas capable d’y « montrer sa force en tant que société qui intègre matériel et logiciel ».
Les smartphones en cinquième roue du carrosse
Grâce à une ou plusieurs applications, les smart devices vont donc être une extension des consoles, comme le prouve l’utilisation transversale de l’identifiant Nintendo Network ID, mais pour certains « services » seulement. Il pourrait être possible d’y acheter des jeux pour sa console – à la manière de ce qu’il est possible de faire depuis les applications Xbox One et PlayStation 4 pour smartphone. Nintendo reconnaît que pour certaines utilisations les mobiles sont plus performants que son propre matériel.
Pas de jeu Nintendo pour les smartphones donc ? Pas tout à fait. Big N ne s’est pas explicitement interdit de développer des applications pour ces supports mais ils devront tous remplir une mission centrale : « attirer l’attention des utilisateurs et communiquer sur l’intérêt des plates-formes » maison. On n’est donc pas forcément très loin de ce que laissait entendre le quotidien économique japonais Nikkei.
Des projets à courts termes pour la Wii U
Pour autant, les consoles demeurent au cœur de l’attention et des intentions de Nintendo. « Nous ne sommes pas pessimistes au sujet de l’avenir des plates-formes de jeux vidéo dédiées », affirmait Satoru Iwata, qui, dans le même temps, a annoncé que son groupe revoyait à la baisse ses prévisions de ventes annuelles de Wii U de plus des deux tiers à 2,8 millions d’unités contre 9 millions jusque-là.
Même chose pour les jeux. La firme de Kyoto espère vendre 19 millions de jeux Wii U, soit environ la moitié de son prévisionnel précédent. Pour autant, Satoru Iwata promet que sa société va développer des jeux qui utiliseront encore mieux le Wii U GamePad. De nouveaux jeux qui utilisent ses fonctions NFC devraient également être annoncés en juin lors de l’E3.
Ces efforts ne doivent toutefois par faire oublier que les titres phares sortis en fin d’année ne se sont pas bien vendus et n’ont pas réussi à relancer la machine, voire à lancer la machine Wii U. Le dernier Super Mario 3D World, sorti en novembre 2013, s’était écoulé à seulement 1,65 million d’unités au 11 janvier 2014.
On notera par ailleurs que rien n’a été dit sur des projets ou mouvements stratégiques qui permettraient à la Wii U de regagner un peu l’attention des principaux éditeurs tiers.
Mario s’inquiètera pour votre santé
Le patron de Nintendo a également profité de cette conférence pour ressortir des cartons de vieux hobbies de sa société : la santé et la « qualité de vie ». Si le jeu Wii Fit avait connu un beau succès, avec près de 22,7 millions de copies vendues dans le monde, on attend toujours de voir son Vitality Sensor, capteur prévu à l’origine pour la Wii, mais dont on n’a plus de nouvelles depuis longtemps.
La santé électronique connaît une forte accélération grâce aux smartphones et aux capteurs qu’on leur adjoint. Nintendo semble choisir lui de centrer l’expérience de santé sur ses seules consoles, sans utiliser d’éléments « wearables ». Satoru Iwata a promis plus d’informations sur ce sujet dans le courant de l’année, pour un lancement après avril 2015.
Responsabilité symboliquement reconnue
Les annonces de Nintendo n’ont visiblement pas rassuré les marchés financiers, l’action du groupe perdait plus de 3,5% à Tokyo, soit plus que le marché (à – 3,3%). Big N va conclure une troisième année consécutive de pertes. A ce titre, même si Nintendo est assis sur un confortable matelas financier, les annonces des dirigeants du groupe semblent presque timorées. Satoru Iwata paraît même s’entêter dans la voie choisie depuis des années.
Conscient que la situation du groupe est liée à des errements de son haut management, Satoru Iwata a annoncé des baisses de salaires temporaires pour ses cadres, lui compris. « Nous avons complètement manqué nos prévisions de résultats et la responsabilité du management est extrêmement importante. Je pense que nous devons endosser une forme de responsabilité. » On ne peut s’empêcher de penser que si Yamauchi, père du Nintendo moderne, était encore là, ce ne sont pas les salaires qui auraient connu des coupes sèches mais bien plutôt quelques têtes…
A lire aussi :
Nintendo travaillerait à une tablette éducative sous Android – 21/11/2013
Prise en main de la console Nintendo 2DS – 11/10/2013
🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.