Le 3 mars dernier, la Switch fêtait son premier anniversaire. Une bougie crépitante sur un énorme gâteau de presque 17 millions d’unités écoulées – plus que tout ce que la Wii U a trouvé comme preneurs en plus de cinq ans de vie tumultueuse.
Introduite avec prudence, la Switch s’est arrachée d’emblée. Douze mois plus tard, Nintendo arrive enfin à satisfaire la demande, malgré quelques hoquets parfois. Avec ses airs de tablette, la Switch est une console aux multiples visages, hybride, qui réussit et simplifie la promesse que Sony, par exemple, avait tenté de nous vendre avec le couple PS3/PS Vita. Avec la Switch, on commence un jeu à la maison et peut vraiment le continuer dans les transports, dans l’avion, en vacances ou n’importe où. Et pour cause, c’est le même jeu, la même console.
NB : Les PS4 et Xbox One ont été lancées en novembre 2013. La Switch a été commercialisée en mars 2017. Ce qui explique les démarrages forts des consoles de Sony et Microsoft et le dixième mois fantastique de la Switch, qui était le mois de décembre 2017.
Une Switch, qui, au passage, échappe une fois encore au vortex qui centrifuge le monde du jeu vidéo sur console : la course à la puissance. Pas vraiment au top avec sa puce Nvidia performante mais loin d’être de dernière génération, elle a réinventé une certaine façon de jouer, elle a construit un pont entre trois, voire quatre, univers vidéoludiques qui sont autant de moyens de cannibaliser les autres options, autant de vecteurs de croissance.
A la conjonction de trois mondes différents
Pour commencer, elle s’inscrit bien mieux que la Wii U dans le monde des consoles. L’arrivée des grands titres « classiques », comme FIFA ou NBA 2K18, prouve qu’elle a pris ses marques. Le portage de jeux plus anciens comme Skyrim, L.A. Noire ou même Bayonetta montre l’intérêt qu’elle suscite également chez des éditeurs aux profils très divers. Enfin, la présence d’un jeu comme Rocket League, qui prend tout son sens en ligne, marque un tournant dans l’histoire des consoles Nintendo. Aussi perfectible soit-il, le jeu en réseau avec la Switch n’est plus un chemin de croix.
Le deuxième monde avec lequel elle flirte, c’est celui du jeu mobile, pour le meilleur et pour le pire. On ne retiendra ici que le meilleur, mais voir arriver Oceanhorn – aussi vieux soit-il, Old Man’s Journey, Severed ou encore Skyforce Reloaded, laisse envisager une explosion de l’offre des titres de bonne qualité venus d’iOS et d’Android.
Le troisième monde est évidemment celui du PC. Pas celui des textures 4K, mais un autre tout aussi séduisant, porté par Steam (entre autres) depuis des années, celui des développeurs indépendants. On citera en pagaille l’excellent The Final Station, le sanguinolent Super Meat Boy, le défoulant Enter the Gungeon, l’addictif Overcooked ou encore le très poétique OwlBoy.
Une botte exclusive
Voilà trois univers puissants à leur manière dans lesquels la Switch a puisé pour se construire une légitimité. Si les autres plates-formes du marché peuvent également jouer ces cartes, la console de Nintendo possède un atout énorme qui prend plus de poids au fil des mois. Elle est la seule à tenir salon et à sortir avec vous. Elle est la seule à tenir cette promesse d’ubiquité que de nombreux acteurs tentent de vendre à coups de consoles diverses, de cloud gaming, etc. La Switch incarne le meilleur de tous ces mondes, ou en tout cas le meilleur compromis.
Sans compter que nous n’avons toujours pas parlé du quatrième monde, espace sous haute surveillance, le catalogue de Nintendo. C’est lui qui a assuré le début du spectacle : l’historique Breath of the Wild, le très rafraîchissant Super Mario Odyssey, le surprenant ARMS, l’incontournable Mario Kart Deluxe 8 et, bien sûr, Splatoon 2.
Mais un catalogue ne se fait pas que de hits maison. La Wii U en est une mordante illustration. Avec la Switch, Nintendo semble faire preuve d’une souplesse rare dans son histoire, au point qu’on serait presque tenté de parler d’ouverture… Le plus beau symbole de ce changement contrôlé ? L’expérience réussie de Mario + The Lapins Crétins. Le jeu d’Ubisoft, partenaire historique, a en effet prouvé qu’il est possible de confier un héritage précieux à de bonnes mains étrangères.
Un potentiel en pleine croissance
En l’espace de douze mois, Nintendo a réussi à séduire les joueurs en positionnant sa console au carrefour de ces mondes, en rendant un service et en tenant une promesse que lui seul peut mettre sur la table. Demeure alors un risque, celui que le soufflé retombe. Mais il semblerait que ce ne soit pas ce que nous réserve le futur proche.
A l’avenir, la Switch devrait continuer à prospérer grâce à un cercle vertueux : plus de jeux, donc plus de joueurs, donc plus de jeux… La dernière-née de Nintendo semble en effet attirer assez fortement les développeurs. Une série de sondages menés en amont de la GDC 2018 (Game Developers Conference, qui se tiendra du 19 au 23 mars prochains) montre en effet un intérêt croissant pour la console de Nintendo.
Ainsi, 5% seulement des sondés indiquent avoir déjà développé un jeu pour la Switch. Mais ils sont 12% à reconnaître être en train de produire un titre pour la console de Nintendo. Mieux encore, 15% indiquent vouloir s’atteler à un titre pour la Switch pour leur prochain projet. Une belle croissance, même s’il faut reconnaître que la console hybride est encore loin derrière le PC ou les consoles de Sony et Microsoft. Néanmoins, la tendance à la hausse est réelle, comme le montre l’infographie ci-dessus.
Mieux encore, un autre sondage mené auprès des développeurs inscrits à la GDC démontre l’intérêt des créateurs de jeux vidéo pour la console de Big N. A la question « quelle plate-forme vous intéresse le plus en tant que développeur à l’heure actuelle ? », la Switch s’installe en troisième place derrière le PC et la PlayStation 4. La console hybride de Nintendo se positionne à un jet de pierre du monstre de Sony.
Mieux encore, 46% des sondés pensent que la Switch est « le bon produit au bon moment ». On serait tenté d’être d’accord avec eux. Après l’échec de la Wii U, qui s’était très rapidement retrouvée sans le soutien des éditeurs tiers, la Switch évite les mêmes travers. Console portable pour joueur solo, plate-forme multijoueur conviviale en déplacement et familiale quand on la raccorde à son dock dans son salon, elle est en route pour marquer l’histoire vidéoludique avec une solution à un besoin universel complexe : pouvoir jouer partout, tout le temps.
Au-delà de ses expérimentations en carton, Nintendo entend vendre 20 millions d’unités de sa Switch pour sa deuxième année de vie. Voilà de quoi inciter les développeurs à se pencher sur son berceau…
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