Moscou fait bloquer la page d’un opposant avec l’aide de Facebook

Autre lieu, autres mœurs. C’est ce que l’on peut penser de la décision de Facebook qui, en Russie, n’a pas fait de difficulté pour accéder à une demande de censure des autorités visant à fermer une page de soutien à Alexeï Navalny, considéré comme le principal opposant au Kremlin.

Facebook qui n’accepte habituellement pas ce type de demande, a rapidement plié devant les exigences de l’administration de Vladimir Poutine. La page en question avait été créé par des partisans de Navalny à l’occasion du verdict qui doit être rendu le 15 janvier. Alexeï Navalny et son frère Oleg sont accusés d’avoir détourné 27 millions de roubles (environ 360.000 euros) au détriment de la firme française Yves Rocher. Ils risquent jusqu’à 10 ans de prison.

L’annonce du blocage de la page Facebook n’a pas été faite par le responsable russe du réseau social, mais par le Service fédéral russe pour la surveillance des communications, des technologies de l’information et des communications (Roskomnadzor) qui dit avoir agi sur ordre du procureur général.

Le procureur « a exigé que soit limité l’accès à quelques sources d’information, dont des réseaux sociaux, qui appellent à des manifestations non autorisées. La demande a été satisfaite », a déclaré son porte-parole Vadim Ampelonsky, cité par l’agence RIA-Novosti.

Navalny a également réagi. Il se dit surpris de cette décision de Facebook Russie. « J’aurais pensé qu’ils allaient au moins exiger une décision judiciaire au lieu de s’empresser de bloquer des pages sur simple demande des escrocs du Roskomnadzor ! ».

La page, intitulée « Rassemblement public pour discuter du verdict », avait déjà recueilli plus de 12.000 signatures au moment de sa fermeture, et elle ne peut désormais s’ouvrir qu’au moyen d’une adresse IP non-russe et seulement par des utilisateurs qui n’ont pas la nationalité russe.

Les partisans de Navalny ont rapidement créé de nouvelles pages qui, cette fois, dénoncent la « censure » de Facebook.