Oui, nous avons changé : aujourd’hui nous ne combattons plus l’open source. » Tel est le message transmis par Alfonso Castro, directeur de la stratégie interopérabilité de Microsoft France. « Certains logiciels open source demeurent bien entendu des concurrents, mais nous ne combattons plus le modèle en tant que tel. »
Le responsable s’exprimait en marge de l’édition 2011 du salon Solutions Linux/Open source, qui s’est tenue du 10 au 12 mai à Paris. Microsoft, qui y a organisé trois conférences, disposait d’un stand face à l’entrée et était l’un des sponsors de l’événement. Sa présence au salon n’est pas nouvelle, puisque l’éditeur s’y rend depuis huit ans, comme l’a rappelé Alfonso Castro. Mais le discours est plus que jamais concentré sur l’ouverture.
« Nous avons multiplié les initiatives pour nous rapprocher des acteurs de l’open source, rappelle M. Castro. En 2009, nous avons par exemple contribué au noyau Linux, en versant 20 000 lignes de code pour le support de la virtualisation Hyper-V [outil de virtualisation de Microsoft permettant notamment de faire tourner des solutions libres sur Windows, NDLR]. »
« Nous sommes également partenaires d’acteurs open source autour du cloud computing », poursuit Alfonso Castro. Il fait ainsi référence au partenariat conclu fin 2010 avec cloud.com, éditeur de solutions open source de gestion d’infrastructures.
Un double discours, selon l’April
Les partisans du logiciel libre ne sont pas encore tous convaincus par Microsoft. Pour l’April, la firme de Redmond tient même un double discours. « Même s’il affiche une relative ouverture, Microsoft demeure le principal acteur combattant le logiciel libre, que ce soit dans les organismes de normalisation ou les ministères », estime Frédéric Couchet, délégué général de cette association de promotion et de défense du logiciel libre.
Il cite comme exemples les « manœuvres » de la firme pour obtenir la normalisation du format OOXML auprès de l’ISO, la défense toujours très virulente de ses brevets logiciels ou encore la mauvaise volonté dont l’éditeur ferait preuve dans l’épineux dossier de la vente liée du PC et de l’OS.
Un changement de cap stratégique
Pour Thierry Stoehr, vice-président de l’Association francophone des utilisateurs de logiciels libres (Aful), « ce discours d’ouverture ne s’adresse pas à la communauté du logiciel libre mais aux clients actuels ou potentiels de Microsoft. L’objectif est de les rassurer quant à l’interopérabilité de Windows avec des solutions libres déjà mises en place ou qui pourraient l’être ».
Un point de vue partagé par Alexandre Zapolsky, président de l’éditeur de logiciels open source Linagora : « Microsoft a compris que le modèle open source était devenu incontournable pour se développer sur certains marchés. Il ne s’agit pas d’idéologie ni de philosophie mais bien de stratégie. » Alfonso Castro ne s’en cache pas : « Nous avons changé de cap pour des raisons stratégiques liées à la croissance de l’entreprise. Parmi les leviers de croissance, nous avons identifié de nouveaux marchés où il est nécessaire de proposer une interopérabilité avec des solutions open source. »
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