Xiaomi prend le relais de Huawei dans la course à la qualité d’image dans les smartphones avec son fleuron, le Mi 11 Ultra. Alors que les premiers tests doivent tomber aujourd’hui, arrêtons-nous un instant sur la stratégie de Xiaomi pour peser dans le segment. Si une partie des forces de l’appareil se trouve du côté des performances – écran OLED 120 Hz, recharge ultra rapide, etc. – ces arguments se retrouvent aussi chez la concurrence. Logique : toute la galaxie Android ou presque intègre ces composants (Snapdragon 888, batteries, etc.). Ce qui rend le Mi 11 Ultra unique, c’est sa partition photographie. Et plus particulièrement la priorité donnée à la surface photosensible.
Au cœur du terminal, trois modules caméra : un ultra grand-angle, un module principal grand angle et un téléobjectif. Un trio de focales classiques équivalentes à des 12 mm/24 mm/120 mm. Rien d’extraordinaire à première vue, face à des Oppo/Samsung qui zooment comme des fous ou des Huawei à 5 modules. L’argument Xiaomi reprend l’approche de Huawei, c’est-à-dire intégrer des capteurs grands format. Mais quand Huawei développe ses propres capteurs RYYB depuis le P30 Pro (qu’il fait fabriquer par Sony), Xiaomi a une approche plus pragmatique : il achète sur les étagères des spécialistes – chez Sony évidemment, mais aussi Samsung pour le module principal. Seulement Xiaomi va encore plus loin que Huawei : non seulement le capteur du module principal est le plus grand du marché, mais les capteurs équipant les deux autres modules sont, eux aussi, des modèles grand format.
Le capteur le plus grand du marché (mais pas de l’histoire)
Si vous avez lu ici et là que le GN2 est le premier capteur à détrôner celui du Nokia Lumia 808, arrêtons-nous quelques instants : c’est faux. La palme du capteur le plus grand dans un module caméra de smartphone revient à Panasonic. Le conglomérat japonais, qui dispose d’une (excellente) division photo -qui va du compact à l’hybride professionnel à capteur plein format 24×36- produisait encore des smartphones en 2014. Et avait lancé en grande pompe le Lumix CM1, un terminal équipé d’un capteur 1 pouce tel qu’on les retrouve dans les compacts et bridges experts.
Couplé à un équivalent 28 mm f/2.8 certifié Leica, il offrait une qualité d’image inédite à l’époque… mais dans un terminal médiocre, qui souffrait d’un processing et d’un AF poussifs. Brièvement cloné dans un terminal sans capacités téléphoniques (le CM10), le CM1 est tombé dans les oubliettes, mais reste à ce jour le champion de la taille de capteur.
S’il n’est pas aussi grand que celui du CM1, le capteur Samsung GN2 au cœur du module principal du Mi 11 Ultra est le second plus grand de l’histoire : avec 1/1.12’’, il est devant le Pureview 808. Et offre une meilleure définition absolue avec ses 50 Mpix – dans les faits, il produit des images de 12,5 Mpix en suréchantillonant quatre fois.
Ultra grand-angle et téléobjectifs choyés
Non seulement le Mi 11 Ultra revendique le plus grand capteur du marché, mais ses deux autres modules caméra ne sont pas en reste. Si Huawei avait commencé le travail avec les modules ultra grand-angle des Mate 30 Pro et Mate 40 Pro, Xiaomi a poussé le vice jusqu’au téléobjectif. Ainsi, le constructeur a équipé ses deux modules du même capteur, le très bon Sony IMX 586. Un capteur 1/2’’ plus grand que le module caméra principal des iPhone 12 et 12 Pro (hors Max) ! La performance est importante sur le module téléobjectif, dont la construction périscopique de l’optique rend ardue l’intégration d’un tel composant – pas étonnant que le bloc optique soit si gros !
S’il vous faudra attendre notre test photo dédié, la copie de Xiaomi est bonne sur le papier, car plus les capteurs sont grands, plus la quantité de lumière collectée permet de produire des images riches en détails et en couleurs – et moins bruitées en basses lumières. Restent les inconnues classiques liées à la maîtrise logicielle : l’autofocus et la nature des couleurs. Des domaines où des maestros des algos comme Apple arrivent à briller en dépit de leurs capteurs plus petits.
L’industrie suivra Xiaomi
Si on devait parier sur une évolution de l’industrie, on mettrait 100 euros sur le fait que cette partition photographique de capteurs « géants » devrait, à terme, devenir la norme sur les terminaux haut de gamme. La photographie étant l’un des arguments phares pour lequel le public peut accepter de payer les sommes élevées des terminaux modernes.
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Avec son Mi 11 Ultra Xiaomi a créé le précédent sur lequel de nombreuses entreprises devraient rebondir. Il reste au chinois à prouver qu’il est à même de maîtriser de tels composants. Et à nous autres mortels de parier sur la prochaine étape : le retour des capteurs 1 pouce ?
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