Le nouveau fleuron de Huawei est là ! Il s’appelle P30 Pro et représente la quatrième génération de terminal développé en collaboration avec Leica. Ce qui semblait de prime abord comme une simple opération de prête-nom s’est muée, en quatre ans, en une véritable symbiose entre les deux entreprises.
Elle accouche, en ce début 2019, d’un beau monstre. Beau, parce que le terminal l’est, objectivement. Monstre, parce qu’à l’intérieur – et à sa surface – le potentiel photographique de l’engin paraissait énorme sur le papier… et s’est confirmé au-delà de nos attentes sur le terrain.
Une plage optique qui enterre les compacts
Au dos de l’appareil, on retrouve trois modules caméra. Cette configuration, nous l’avons déjà vu à l’œuvre dans les Galaxy S10 lancés il y a deux semaines.
Pour tout savoir sur le Huawei P30 Pro, lisez notre test.
Avec le P30 Pro, Huawei fait encore plus fort. Si on retrouve toujours un ultra grand-angle et un grand-angle classique, le module téléobjectif du P30 Pro n’est pas un « petit » 52 mm comme chez Samsung ou Apple mais un gros 125 mm, soit deux fois et demi la puissance du Samsung.
Ce super téléobjectif a été rendu possible par une structure périscopique de l’objectif, une configuration qui permet de gérer le long trajet lumineux impossible à rendre dans l’épaisseur de l’appareil – ici, l’image est redirigée dans le sens de la longueur de l’appareil. Ce 125 mm f/3.4 (en équivalent 35 mm) fait du P30 Pro le smartphone avec le plus puissant des téléobjectifs du marché. Une pièce « d’horlogerie » qui met en lumière le degré de miniaturisation ahurissant dont profitent les smartphones.
Faisons le point sur les trois modules caméra. Un ultra grand-angle 16 mm f/2.2 (en équivalent 35 mm), un grand-angle 27 mm f/1.6 à grand capteur et un super téléobjectif 135 mm f/3.4.
Le module ultra grand-angle embarque un capteur de 20 Mpix de petite taille, le module grand-angle un capteur « géant » de 1/7 pouce de 40 Mpix et le module téléobjectif intègre un capteur de 8 Mpix de petit format comme le module ultra grand-angle.
Visual computing oblige, les capteurs de respectivement 40 et 8 mégapixels produisent, en bout de course, des clichés de 10 Mpix en toutes situations, quand le module ultra grand-angle crache des clichés de 20 Mpix. Des définitions d’image plus que suffisantes, ce d’autant plus que le rendu des couleurs est excellent.
Ce qui impressionne de prime abord, c’est le rapport de zoom qu’apporte ce terminal : annoncé comme un x5, il est en réalité de x7,8 ou x8,4 (lire encadré plus loin).
Le bénéfice de pouvoir passer de 16 mm à 27 mm et jusqu’à 125 mm (voire 250 mm avec le zoom numérique) se comprend en regardant les images : le P30 Pro est le seul smartphone qui puisse produire des images d’une telle variété.
Outre le module ultra grand-angle, que nous avons déjà célébré dans le Galaxy S10 (et qui semble assez similaire), qui permet d’embrasser une scène de manière bien plus saisissante qu’un « simple » grand-angle classique, l’apport majeur à la photographie du P30 Pro est cet équivalent 135 mm.
Une focale qui va ravir les amateurs de photo de paysage. La compression des perspectives qui en résulte est excellente, et elle permet l’isolation d’éléments de manière bien plus importante qu’un simple équivalent 50 mm – bim Apple et Samsung !
[ Visionnez et téléchargez les photos originales en haute définition sur notre album Flickr ]
En proposant un zoom x8 dans un appareil de moins d’un centimètre d’épaisseur Huawei enterre définitivement les compacts de voyage classique, les performances en bout de zoom d’un modèle x30 oscillant généralement entre le médiocre et le carrément mauvais.
Téléobjectif 125 mm : l’arme fatale
Déjà passé par un équivalent 81 mm avec le P20 Pro, Huawei est allé beaucoup plus loin avec ce P30 Pro. Un choix qui porte ses fruits côté qualité d’image comme on va le voir, mais qui implique une limite. Bien qu’il y ait trois modules caméra, il y a un certain « trou » entre le 28 mm et le 125 mm (ou 135 mm, lire encadré) qui implique beaucoup de visual computing pour les focales intermédiaires – qui sont donc calculées par le capteur grand angle principal et son gros capteur de 40 Mpix. À notre sens, il serait bon que Huawei intègre un équivalent 50 mm dans le prochain modèle afin d’affiner les transitions entre les focales disponibles. Mais comme on le verra plus loin, les algorithmes de visual computing de Huawei font des merveilles.
Ça, c’est pour les limites techniques, mais dans les faits, le téléobjectif du P30 Pro impressionne. Et pas qu’un peu ! Si les 52 mm des Samsung Galaxy S10 et autres iPhone X/XS font le job, le 135 mm du P30 Pro les domine. C’est la première fois que nous avons pu produire des images aussi serrées avec un téléphone.
Dans ces plans de la belle ville de Marseille et ses alentours, nous avons pu glaner une grande quantité d’images impossibles à produire avec n’importe quel autre terminal. Prenez le temps d’aller voir ou télécharger les clichés originaux sur notre album Flickr et notez la précision du rendu, le nombre de détails sur les toits, les antennes, les structures métalliques, etc.
En revue sur l’écran du terminal et sur ordinateur, les images sont riches en détails, assez piquées et mettent en valeur les textures – prêtez attention au sentiment de relief sur l’eau ou les aiguilles de pin. Analysées à 100% sur notre écran d’ordinateur, les images sont certes lissées, mais le traitement d’image est assez élégant.
L’intérêt du zoom numérique qui pousse à 270 mm (zoom noté x10) est assez limité. Il sert de dépannage si on se refuse à passer par la case recadrage à la main, mais peut avoir un intérêt pour partager rapidement une photo. Quant au x50, ce n’est plus du dépannage, c’est de l’art rupestre !
Téléobjectif inapte à la photo de nuit
Que ce soit dans les « vrais » appareils photo ou les smartphones, les téléobjectifs ont toujours les mêmes limites. Leur faible couverture angulaire fait qu’ils récoltent (beaucoup) moins de lumière que les grands angles et nécessitent soit une grande stabilité, soit une haute sensibilité – du film ou du capteur – afin de maintenir une vitesse d’exposition suffisamment rapide. Le souci dans un smartphone, c’est que le capteur qui accompagne l’objectif est de petites dimensions et s’avère donc peu performant en basses lumières.
Dans une enceinte sportive, comme ici au Stade de France, on ne capture proprement que les scènes les moins mouvementées. Et il vaut mieux que cela se passe sur le terrain, très éclairé, que sur les bords de la pelouse, déjà un peu plus à l’ombre. Que cela soit pour les portraits ou les paysages, le téléobjectif 125 mm en mode automatique dès que la lumière se fait la malle.
Le mode nuit est assez efficace pour sauver les meubles, mais les plus photographes d’entre vous caleront l’appareil en mode Pro.
Ultra grand-angle, le parfait compagnon de voyage
Si le téléobjectif, équivalent 125 mm, est l’arme exclusive du P30 Pro, cela ne doit pas faire oublier l’autre nouvelle focale, à savoir l’arrivée d’un module ultra grand-angle. Équivalent à ce que proposent les Samsung Galaxy S10 en termes de couverture angulaire comme de luminosité (équivalent 16 mm f/2.x), le module de Huawei se place lui aussi parmi les meilleurs du genre.
Par rapport à ce que propose Samsung, la partition optique est un peu différente. On note un meilleur traitement logiciel des aberrations chromatiques – quasi absentes – et une optique un peu moins homogène avec des coins un peu moins nets.
Il suffit cependant de jeter un coup d’œil sur les images produites pour profiter de l’effet « waouh » que l’on a déjà ressenti avec les Galaxy S10. Quand les smartphones et compacts traditionnels offrent, au mieux, un équivalent 24 mm, les 16 mm font ici la différence. Que cela soit à l’intérieur d’un monument comme l’église de Notre Dame de la Garde ou face à un paysage, l’ultra grand-angle est la focale de l’immersion.
Le capteur de ce module caméra est petit et il souffre en basses lumières. Mais contrairement à Samsung, Huawei dispose d’un mode Nuit que l’on peut activer à loisir et qui change la donne.
Dans ce mode d’exposition, qui fonctionne à merveille à main levée, l’appareil capture la scène pendant quelques secondes et produit, par composition de plusieurs clichés, une image nette. Et ça marche très bien puisque les images passent du statut de « trop bruitées et sales » au stade de « tout à fait acceptables » en pleine nuit, ce qui est une belle performance. Dommage que cela ne soit pas aussi efficace avec le module téléobjectif.
Module principal : 40 Mpix dans un capteur grand format… qui voit jaune
Voilà un module que l’on connaît déjà – ou presque. Issu du P20 Pro, le module grand-angle principal reprend la même focale 27 mm (en équivalent 35 mm) et le même capteur 1/1.78’’ de 40 millions de pixels – le genre de capteur que l’on retrouvait dans les compacts experts avant l’avènement du capteur 1 pouce de Sony.
L’optique, elle, évolue quelque peu puisqu’elle s’affiche à f/1.6. Sur le P20 Pro, l’optique ouvrait à f/1.8 et c’était les informations du module caméra noir & blanc qui lui conférait la récupération de lumière de f/1.6. Huawei a donc en quelque sorte fusionné les deux modules – la luminosité du module n&b et le capteur du module couleur.
Si le capteur n’évolue pas en termes de définition d’image ou de dimensions, sa structure a pourtant bien changé. En lieu et place d’une matrice de Bayer classique à base de photosites rouge-vert-bleu, Huawei a développé une matrice qui remplace le vert par le jaune.
L’avantage d’un tel choix technique ? Le jaune laisse passer bien plus de lumière, ce qui a un sérieux impact sur les clichés en faible luminosité. Car ce n’est rien de moins que la moitié du capteur qui est recouvert de pixels jaunes – un capteur traditionnel est à 50% vert, 25% bleu et 25% rouge, le vert étant ici remplacé par le jaune.
Une solution miracle ? Presque, à un détail près : il faut réécrire tous les algorithmes de dématriçage en photo comme en vidéo pour recombiner les couleurs. Un chantier énorme, mais qui n’a pas fait peur aux ingénieurs de Huawei.
Ce qui est le plus impressionnant en plein jour, c’est que ce changement de couleur des photosites verts coïncide avec une interprétation des couleurs améliorée par rapport au P20 Pro (avec le mode IA désactivé). Les couleurs ne sont plus sursaturées et on sent une cohérence des tons sous différents éclairages, etc. Sans parler du piqué d’image, exemplaire. Et pour cause : les images sont capturées en 40 Mpix pour être rendues en 10 Mpix. Quatre photosites pour un pixel, ça améliore sacrément les détails !
Le Pixel 3 a toujours l’avantage d’un mode HDR automatique plus naturel mais le P30 Pro est désormais juste derrière. Avec l’appui de ses trois focales et de son capteur géant, ce qui fait de sacrés arguments en sa faveur.
Module principal : le roi des basses lumières !
Que de progrès réalisés en matière de gestion des basses lumières chez Huawei ! Depuis le P9 et l’annonce du partenariat avec Leica en 2016, Huawei n’a cessé d’améliorer sa partition, notamment en basses lumières. Du P9 au Mate 20 Pro, Huawei avait opté pour un second module caméra « béquille » qui voyait en noir et blanc.
Dépourvus de matrice colorée – dite matrice de Bayer – ces capteurs récoltent plus de lumière et enrichissent ainsi les informations captées par le ou les modules couleur.
Le P30 Pro est le terminal de la rupture pour Huawei ! Exit le capteur noir & blanc… Les algorithmes de traitement, les nouvelles optiques et le nouveau capteur principal font désormais le job sans appui extérieur.
Si l’optique du module caméra principal est encore plus lumineuse – f/1.6, comme on l’a vu – et les algorithmes plus affûtés que jamais, la nouvelle structure du capteur a bien évidemment une incidence énorme. Jugez plutôt la photo ci-dessus, prise dans mon garde-manger (oui, désolé, je mange parfois des Weetabix) avec la porte presque fermée et une lumière indirecte au fond de la cuisine. Que fait le P30 Pro en mode auto ? Il shoote à 6400 ISO et produit une image propre, avec de nombreuses inscriptions parfaitement lisibles.
Besoin d’une image « parfaite » ? On active le fameux mode « Nocturne » qui capture une multitude d’images en quelques secondes. Main levée qui tremblote, pas de trépied. Le résultat : bluffant ! Ici, la valeur d’ISO monte à 51.200. Oui, vous avez bien lu… Si le rendu est moins naturel que sur un Pixel 3, il y a moins de bruit numérique et le niveau de détail est bien supérieur.
Le roi est mort, vive le roi !
La couronne du meilleur smartphone en photo aura ceint la tête du Samsung Galaxy S10 à peine deux semaines. Avec une maîtrise technologique impressionnante, une plage optique sans égale dans le monde des smartphones, le meilleur mode basses lumières de l’industrie, des couleurs enfin justes, un AF qui tient la route et une interface logicielle impeccable, le Huawei P30 Pro se pose comme LE photophone de référence de ce début 2019.
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