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Mega, le nouveau Megaupload, pourrait être le cauchemar d’Hollywood

Kim Dotcom et son associé Mathias Ortmann ont détaillé, pour Wired, le fonctionnement de Mega, le successeur de Megaupload. Simple à utiliser, sécurié et omniprésent, ce service pourrait bien compliquer grandement la vie des majors et autres ayants droit.

Dans une interview exclusive à Wired, et après avoir commencé à en dévoiler les contours en août 2012, Kim Dotcom est allé dans le détail de ce qui sera son prochain service, le nouveau Megaupload. Il s’appellera Mega, ou en tout cas, c’est comme ça qu’il est nommé pour l’instant, comme on raccourcit le nom de quelqu’un qu’on aime bien.

Chiffrement des documents

Il reposera sur un triptyque : résoudre la question de la fiabilité des services de stockage dans le nuage, renforcer les droits à la vie privée des utilisateurs sur Internet et leur fournir un nouveau outil simple d’utilisation.

Et Kim Dotcom d’aller davantage dans le détail, pour répondre de manière anticipée à une des critiques récurrentes qui voudrait que Mega ne soit que la version adaptée aux contraintes légales de Megaupload.

Effectivement, « Mega et Megaupload ont en commun d’être tous les deux une plate-forme dans le nuage avec identification en un clic, qui permet aux utilisateurs de mettre en ligne, de stocker, d’accéder et de partager de gros fichiers », explique Wired. Mais la différence est que tous ces fichiers seront chiffrés depuis le navigateur Web, grâce à l’algorithme standard AES. Une seconde clé leur permettant de déchiffrer le contenu du document quelle que soit sa nature.

Avertissement du FBI en page d'accueil du domaine Megaupload.com
Avertissement du FBI en page d’accueil du domaine Megaupload.com – Avertissement du FBI en page d’accueil du domaine Megaupload.com

Indéchiffrable

Evidemment, question de respect de la vie privée, tout autant que principe de précaution, cette clé, Mega ne la détiendra pas et ne pourra donc pas connaître le contenu des fichiers « hébergés ».

Tout à la fois une manière de se dédouaner de toute responsabilité légale et un grand pas en avant pour la vie privée : « Si les serveurs sont perdus, si un gouvernement débarque dans un datacenter et les viole, si quelqu’un hacke le serveur ou le vole, cela ne lui donnera rien. (…) Tout ce qui est téléversé sur le site deviendra fermé et privé sans la clé », explique Kim Dotcom. Et d’enfiler quelques instants son costume de combattant de la liberté : « Selon la charte des droits de l’homme de l’ONU, la vie privée est un des droits fondamentaux. (…) Vous avez le droit de protéger vos informations privées et vos communications des regards extérieurs. »

Redondance et ouverture

Et pour la question de fiabilité des serveurs ? Toutes les données seront stockées de manière redondante sur deux ensembles de serveurs situés dans deux pays différents. « Ainsi, même si un pays décide de “péter les plombs” d’un point de vue légal et de fermer tous les serveurs, par exemple – ce à quoi nous ne nous attendons pas, parce que nous respectons totalement toutes les lois des pays dans lesquels nous plaçons nos serveurs – ou si une catastrophe naturelle survient, il y aura toujours un endroit où tous les fichiers pourront être trouvés », déclare l’associé de Kim Dotcom, Mathias Ortmann.

D’autant que Kim Dotcom pousse la redondance à l’extrême. « Nous sommes en train de créer un système où n’importe quel hébergeur dans le monde – de l’entreprise avec 2 000 dollars de fond dans un garage ou le plus gros hébergeur en ligne – peuvent connecter leur serveur à ce réseau, explique Kim Dotcom. Nous pouvons travailler avec n’importe qui, parce les hébergeurs eux-mêmes ne peuvent pas voir ce qu’il y a sur leurs serveurs. »

Et pour compliquer davantage la tâche d’un éventuel ayant droit qui demanderait le retrait d’un fichier illégalement partagé, Mega n’intègrera pas de fonction de déduplication sur ses serveurs. Autrement dit, un même fichier pirate téléversé 100 fois et chiffré cent fois, demandera 100 procédures distinctes pour être retiré.

Un service respectueux de la loi

Malgré cela, et contrairement à ce qu’auraient pu laisser entendre quelques vieux tweets, Kim Dotcom tient à préciser que Mega n’est pas « un doigt d’honneur géant à Hollywood et au département de la justice américain » ou même un redémarrage de Megaupload…

Tweet vindicatif de Kim Dotcom
Tweet vindicatif de Kim Dotcom – Tweet vindicatif de Kim Dotcom

Effectivement, cela risque d’être bien pire pour les ayants droit pour autant Kim Dotcom précise : « Si un détenteur de copyright trouve un lien posté publiquement et des clés de déchiffrement, et qu’il vérifie que le fichier viole sa propriété intellectuelle, il est toujours possible d’envoyer une demande de retrait dans le cadre du DMCA pour que le fichier soit supprimé, comme avant. »

Car, Kim Dotcom et Mathias Ortmann ont bien l’intention de suivre les règles à la lettre. Si des studios ou des majors demandent à accéder au serveur pour retirer des documents eux-mêmes, ils le pourront « mais cette fois, s’ils veulent utiliser cet outil, ils devront accepter, avant d’y accéder, qu’ils ne pourront pas nous tenir pour responsables des actions de nos utilisateurs », prévient Kim Dotcom.

Le chat et la souris

Une position un peu hypocrite, qui montre bien que le jeu du chat et de la souris n’est pas près de s’arrêter. Comme le reconnaît d’ailleurs une des avocates de l’Electronic Frontier Foundation, Julie Samuels. Pour elle, cela n’empêchera pas les interprétations douteuses de la loi sur Internet, comme cela a été le cas dans l’affaire Megaupload. « Il est très probable que cela change le jeu du chat de la souris sur ce sujet sur Internet, indique-t-elle. Mais ce sera toujours un jeu du chat et de la souris. »

De quoi, pour Kim Dotcom, s’amuser en attendant l’arrivée de sa Megabox

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Pierre Fontaine