Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy, François Hollande. Trois présidents de la République dont les conversations téléphoniques ont été espionnées par la NSA. Pourtant, il existe aujourd’hui des solutions qui permettent de téléphoner en toute tranquillité, à condition de faire d’importantes concessions au niveau du confort d’usage.
Teorem de Thales : efficace… mais pas très fun
Il devait être l’accessoire par excellence des responsables politiques français. Développés par Thales, les composants cryptographiques de Teorem sont 100 % français et donc difficiles à déchiffrer pour une puissance étrangère. Il est compatible avec les réseaux sécurisés de l’Etat (confidentiel défense, secret défense). Malheureusement, avec son design à clapet et son écran non tactile, il ressemble plus à un vieux « feature phone » qu’à un smartphone. C’est pourquoi il est plutôt boudé par les membres du gouvernement. En revanche, on le trouve assez facilement chez les militaires français, qui ont commandé plus de 7 000 exemplaires. Son prix est évalué à plusieurs milliers d’euros.
Hoox m2 de Bull, pour les cadres dirigeants paranos
Basé sur une version durcie d’Android, ce téléphone « intégralement sécurisé » permet de chiffrer SMS, voix, emails et données, et cela de bout en bout. L’identité de l’utilisateur est vérifiée par authentification forte, notamment biométrique. Il est conçu et produit en France par Bull et ses partenaires, dont la société Ercom qui fournit logiciels et matériel (carte à puce Cryptosmart certifiée EAL4+) pour chiffrer voix, données et SMS. Avec un tarif autour de 2 000 euros, le Hoox m2 est avant tout destiné aux cadres dirigeants. Mais attention, on est loin des performances des meilleurs smartphones sous Android : processeur Cortex A5, 8 Go de stockage, sans 4G… On peut toutefois prendre clichés et selfies chiffrés avec ses deux caméras !
Blackphone, le premier smartphone sécurisé grand public
Dans la foulée des révélations d’Edward Snowden, l’éditeur Silent Circle s’est lancé dans la création d’un smartphone sécurisé au tarif abordable (environ 600 euros). Basé également sur un Android durci (SilentOS), il est fourni avec un abonnement d’un an à Silent Suite, une suite de logiciels de communication chiffrée : voix, message texte, internet, stockage… Le matériel sous-jacent est de qualité médiocre, mais l’équipe de développement se montre très réactive en cas de vulnérabilités avérées. En avril dernier, 01net.com a néanmoins réussi à le hacker, avec l’aide d’un chercheur en sécurité. Une version 2 du Blackphone doit être commercialisée en septembre prochain.
Boeing Black, le smartphone qui peut s’autodétruire
On se croirait presque dans Mission impossible ! En cas de violation physique du boîtier de ce smartphone, les données seront non seulement effacées, mais les composants pourront également s’autodétruire. Conçu en partenariat avec BlackBerry, le Boeing Black est basé sur un Android durci et peut embarquer deux cartes SIM. Il est possible d’ajouter des parties matérielles de façon modulaire sur le dos de l’appareil pour élargir le spectre de ses fonctions : une batterie supplémentaire, un émetteur-récepteur satellite, un GPS ultraprécis… Son prix n’a pas été révélé.
Le « Merkel-phone », un BlackBerry pour éviter la NSA
Victime elle aussi des grandes oreilles américaines, Angela Merkel a troqué son bon vieux Nokia 6260 pour un BlackBerry Q10. On peut se demander si un smartphone d’origine canadienne sera réellement très efficace contre la ligue secrète des « Five Eyes » (Etats-Unis, Royaume-Uni, Canada, Australie, Nouvelle-Zélande). En Allemagne, en tous les cas, on y croit. L’appareil de la chancelière dispose en effet d’une carte micro-SD qui permet de chiffrer les communications voix et données en AES 128 bit. Ce module de sécurité est fourni par la société allemande Secusmart. Sauf que celle-ci a été rachetée en 2014 par… BlackBerry. Est-ce bien sérieux ?
Blackberry 8900, le petit chouchou d’Obama
Quand Barack Obama est devenu président, la NSA aurait essayé de le convaincre de laisser tomber son BlackBerry au profit d’un Sectéra Edge, un « smartphone » ultrasécurisé fabriqué par General Dynamics qui ressemble plutôt à un PDA du siècle dernier. L’homme le plus puissant de la planète a quand même tenu quelques mois avant de revenir à la marque canadienne. Evidemment, son BlackBerry – un 8900 – n’est pas celui du commun des mortels. Il est doté d’une suite logicielle baptisée SecurVoice permettant de chiffrer toutes les communications. Il parait que, pour éviter les interceptions, le président des Etats-Unis se déplacerait également toujours avec sa propre station de base, elle-même reliée au réseau téléphonique par un satellite gouvernemental. Quel luxe… En tout cas lorsqu’il tweete, Obama préfère utiliser… un iPhone ou un iPad.
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