Chercher frénétiquement la télécommande de la télévision pour baisser le son au moment des publicités : voilà qui est presque devenu un réflexe pour les téléspectateurs français. Les diffuseurs ont en effet, depuis longtemps, la fâcheuse habitude de monter le son pendant les réclames.
Ces moments de détresse appartiendront peut-être un jour au passé. Une délibération du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) « relative aux caractéristiques techniques de l’intensité sonore des programmes et des messages publicitaires de télévision » vient en effet d’être publiée au Journal officiel du 11 octobre 2011. Elle s’applique à tous les services de télévision, qu’ils soient diffusés par la voie hertzienne, le câble, la fibre optique, le satellite ou l’ADSL. D’ici à décembre prochain, la « différence d’intensité sonore » perçue d’une chaîne à l’autre devra être réduite. Deux autres phases, en janvier 2012 et en janvier 2013, concerneront les disparités entre les programmes et entre ceux-ci et les publicités.
Comprimer le son pour accroître son intensité
Le CSA indique recevoir en moyenne plus de trois plaintes de téléspectateurs par semaine. A l’en croire, l’arrivée de la TNT, en 2005, a entraîné la généralisation d’une technique de compression du son permettant de modifier sa dynamique et d’accroître ainsi son intensité. C’est pourquoi les téléspectateurs ont l’impression que le volume sonore augmente, un phénomène « très incommode et pas très respectueux », selon Michel Boyon, le président du CSA, cité par l’AFP.
« Le téléspectateur n’aura plus besoin de baisser le volume avec sa télécommande quand arrive la pub ou quand il passe d’une chaîne à une autre », a expliqué à l’AFP Christine Kelly, responsable du groupe de travail « publicité et défense du consommateur » au Conseil. La France serait le premier pays à prendre de telles mesures (qui existent partiellement aux Pays-Bas).
Un précédent décret resté lettre morte
Ce n’est pas la première fois que les pouvoirs publics tentent d’imposer des règles sur ce point. Un décret de 1992 portant application des articles de la loi de 1986 sur la liberté de communication exigeait que le niveau sonore des publicités et des séquences qui précèdent n’excède pas le niveau moyen du reste du programme. Une exigence que les diffuseurs renâclent à satisfaire et qui figure aussi dans la loi Grenelle 2 de juillet 2010.
Dans sa délibération, le CSA s’est appuyé sur des recommandations, notamment celle émise par l’Union européenne de radio-télévision, ainsi que sur une norme de l’Union internationale des télécommunications. Sur son site, il indique que le sujet a nécessité « une réflexion technique approfondie, en concertation avec les éditeurs, les producteurs, les annonceurs et les experts du son. Cette réflexion a permis d’établir une méthode de mesure de l’intensité sonore compatible avec des équipements de mesure industriels. C’était un préalable indispensable à la mise en place d’obligations quantitatives » (1).
(1) Voir le texte de la délibération pour les détails techniques. Il indique par exemple qu’« à compter du 19 décembre 2011 la valeur de l’intensité sonore moyenne journalière d’un service de télévision est fixée à – 23 LUFS ». Le LUFS est une unité de mesure de l’intensité sonore d’une séquence audio. Il correspond au LKFS de la norme ITU-R BS.1770-2.
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