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Les portails géants B-to-B sont-ils un danger pour la libre concurrence ?

Alors que les projets de ” marchés globaux d’affaires “, qui regroupent en ligne tous les partenaires d’un même secteur économique, se multiplient, la Federal Trade Commission (Commission fédérale américaine chargée du commerce) aurait entrepris une pré-enquête sur l’alliance entre les trois principaux constructeurs automobiles américains engagés dans un projet similaire.

Génératrice de 240 milliards de dollars d’achats par an, cette structure – en passe d’être mise en place par les “big three” de Detroit (DaimlerChrysler, Ford et General Motors) – s’est donnée pour but de réaliser d’importantes économies dans l’acquisition auprès des équipementiers des différents éléments entrant dans la fabrication d’une automobile. Coûts de transaction réduits, accès direct aux chaînes logistiques des sous-traitants et facturation en ligne concourraient à réaliser environ 1000 dollars d’économie par véhicule. Prohibée aux Etats-Unis, la pratique des achats groupés ne pourrait cependant y être directement opérée. La structure elle-même s’autofinancerait en prélevant des commissions sur le montant des transactions réalisées par les partenaires.Conscients du soupçon d’entrave à la concurrence qui pèse sur eux, les trois grands américains auraient proposé d’ouvrir leur marché à leurs principaux concurrents (Toyota, Renault-Nissan), ainsi qu’aux ” petits ” Suzuki et Isuzu, déjà liés par des accords de fourniture auprès de General Motors. L’ouverture d’une enquête officielle pourrait donner lieu à un report de l’ouverture du site, ou bien à une modification de ses statuts vers plus de transparence.Ce premier coup de semonce des autorités américaines pourrait bientôt semer le trouble parmi le foisonnement de projets parallèles dans les autres secteurs d’activité.Le site GlobalNetXchange,déjà partiellement en place depuis six semaines, se propose de regrouper les grands de la distribution mondiale. Créé par l’américain Sears, le français Carrefour et la société informatique Oracle, le site vient d’être rejoint par le britannique Sainsbury et l’allemand Metro. Prévue pour être introduite en Bourse d’ici à dix-huit mois, cette structure pourrait accueillir sous peu d’autres distributeurs européens ou américains. “75 % de nos achats y seront réalisés à cette date, et la Bourse générera un volume de 160 milliards de dollars d’échanges”, explique Patrice McHugh, responsable du commerce électronique au sein de Sainsbury (cité par l’agence Reuters).Les grands groupes pétroliers (BP Amoco, Royal Dutch Shell et Totalfina-Elf) vont se regrouper aux côtés de la Deutsche Bank, la Société générale, et des courtiers Goldman Sachs et Morgan Stanley Dean Witter. Leur plate-forme, nommée Intercontinental Exchange, s’intéressera aux transactions sur les produits pétroliers et les métaux précieux. Les marchés du gaz et de l’électricité devraient y être également abordés, sans doute avec l’appoint d’autres partenaires européens.Fondée au même moment en Floride par d’anciens dirigeants pétroliers, Pepex (Petroleum Electronic Pricing Exchange) se propose pour sa part de mettre directement en rapport compagnies pétrolières (dont le colombien Ecopetrol) et gros consommateurs – telles les compagnies aériennes, les loueurs de voitures, les administrations… Malgré l’absence de poids lourds du secteur dans ses rangs, il pourrait jouer le trouble-fête, en cassant les prix. Pour l’aéronautique, enfin, Boeing réunira Loockeed Martin, Raython et British Aerospace ainsi que leurs fournisseurs respectifs sur un même site afin d’échanger leurs informations sur les avions et les systèmes darmes.

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Manuel Broyer