Triste constat en cette fin 2017. Facebook a eu beau multiplier les outils pour contrer les fake news, ces dernières ont remporté encore plus de succès qu’en 2016 sur sa plateforme. Une conclusion tirée par Buzzfeed qui s’est livré à une analyse scrupuleuse du phénomène sur le sol américain. Le site avait déjà révélé que les fausses informations avaient été plus populaires que les vraies durant la dernière campagne présidentielle américaine. Comme l’année dernière, il a établi un top 50 des fake news les plus répandues sur le réseau social. En comparant les deux classements, il a trouvé que le nombre de partages, de réactions et de commentaires avait sensiblement augmenté en 2017 : 23,5 millions contre 21,5 en 2016.
Les faits-divers crapuleux en tête
Parmi les « hits » de cette année, beaucoup de supposés faits divers à connotation sexuelle avec une prime pour cette sordide histoire de babysitter hospitalisée après s’être introduite un bébé dans le vagin. La thématique politique est considérablement en repli par rapport à 2016 et ne concerne plus que 11 des 50 fausses informations. Les crimes, avec des titres encore plus scabreux que ceux du magazine Nouveau Détective, ont rencontré bien davantage de succès. Sur ce terrain, c’est le site World News Daily Report qui domine largement. Derrière lui, on trouve Your News Wire, spécialisé dans des nouvelles moins crapuleuses mais toutes aussi angoissantes comme la mise en liberté conditionnelle de Charles Manson.
Le fact-checking ne suscite pas d’engagement
Ce qui est inquiétant, c’est que le programme de fact-checking lancé en partenariat avec des médias suscite un faible engagement. 31 mystifications ont fait l’objet de vérifications. Mais ces dernières ont généré à peine 0,5% de l’engagement des fake news démontées. Toutefois, cette situation pourrait être améliorée par Facebook qui projette de faire apparaître les articles de fact-checking dans le fil d’actualité des abonnés.
Les données recueillies par BuzzFeed révèlent aussi malheureusement que de nombreux nouveaux sites ont été lancés en 2017. Sur les 167 analysés cette année, 119 n’étaient pas présents en 2016. Un certain nombre de plateformes comme React365, permettant au grand public de créer ses propres fausses informations, ont même fleuri. Officiellement, elles ont pour objectif de faciliter le lancement de canulars entre amis mais dans les faits, elles servent essentiellement à faire circuler des hoax. Buzzfeed a également vu poindre des sites qui prétendent faire du journalisme local. Enfin, il existe une dernière tendance : le plagiat de fake news par des sites gérés depuis l’Europe de l’Est. Entièrement dédiés au copier-coller de sujets concernant les Etats-Unis, ils relayent aussi souvent des papiers pro-Trump. C’est le cas de Redcountry.us qui a notamment prétendu que la charia avait été bannie de 50 Etats. Ce phénomène de duplication de contenus permet d’accroître considérablement l’engagement des fake news.
Facebook doit dresser son bilan
Facebook ne se décourage pas, bien au contraire et défend ses outils. « Si les protections que nous avons ajoutées tout au long de 2017 avaient été mises place dès le début de l’année, cette liste serait plus courte et l’engagement aurait été réduit substantiellement », a déclaré un porte-parole à Buzzfeed. « Nous sommes aujourd’hui plus efficaces que jamais pour arrêter la propagation des hoax. Cela n’est pas parfait. Il y a encore beaucoup à faire mais nous progressons. Lorsqu’un hoax a été fact-checké, sa distribution diminue immédiatement de 80% », a-t-il ajouté. Ce n’est pourtant pas l’avis d’un groupe de chercheurs de l’Université de Yale qui a dressé un constat sévère de cette action au mois de septembre dernier. Pour lui, le fact-checking peut même s’avérer contre-productif et renforcer les croyances d’une partie de la population. On espère maintenant que cela poussera Facebook à publier davantage de statistiques sur ses expérimentations.
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