Pourra-t-on un jour acheter ses médicaments sur ordonnance en ligne ? Aujourd’hui, dans la majorité des pays d’Europe, il est interdit de commander ses médicaments sur Internet. Seuls, la Grande-Bretagne, les Pays-Bas et le Danemark accordent quelques dérogations. Mais les choses avancent.Ainsi en France, tout semble prêt, le dernier verrou se situant du côté de l’ordre des pharmaciens (voir encadré ci-dessous). En Allemagne, le débat sur les pharmacies virtuelles fait rage depuis que la ministre écologiste de la Santé, Andrea Fischer, s’est dite favorable à la vente sur Internet, cette semaine. La ministre est allée jusqu’à dénoncer la ” mise sous tutelle des consommateurs ” par les pharmaciens.Cette prise de position intervient quelques semaines après un jugement du tribunal de Francfort qui avait interdit à la pharmacie on-line néerlandaise, 0800DocMorris.com, de fournir des médicaments aux Allemands par la Poste.Six mois seulement après son lancement sur Internet, DocMorris, poursuivi par les pharmaciens allemands, a considérablement profité du jugement de Francfort. Ses ventes ont été multipliées par trois et, grâce à un habile contournement de la loi, il a décidé de poursuivre les ventes en Allemagne. Le site aurait déjà 14 000 clients Outre-Rhin et il compte faire des bénéfices dans deux ans.Les caisses d’assurances maladies voient, quant à elles, la polémique d’un très bon oeil. La vente on-line permettrait en effet de procéder à des économies considérables, de l’ordre de 20 %. ” Pour les malades chroniques qui ont toujours besoin des mêmes médicaments, la commande Internet est intéressante “, souligne la caisse des techniciens (TK). “ Le système de distribution allemand est le plus cher d’Europe “, ajoute une porte-parole de la caisse AOK.Les associations de consommateurs y sont très favorables également. Le marché européen, ouvert à tous, permettrait, selon la fédération, d’obtenir certains médicaments jusqu’à 60 % moins chers. Les pharmaciens, eux, crient naturellement au scandale. Ils dénoncent les dangers du Net en raison de l’absence de conseils. Selon eux, les patients risquent de recevoir de mauvais médicaments, des produits mortels dans le pire des cas.Les problèmes juridiques restent également en suspens. Quel droit sera valable en cas de problème ? Celui du pays de l’expéditeur ou celui du destinataire ? Pour la Fédération allemande des industries pharmaceutiques (BPI), l’avenir passe par la vente de médicaments sur le Net, certains fabricants proposant déjà leurs produits en direct.” La question n’est plus de savoir si on vend sur Internet, mais de savoir comment on va procéder “, dit Hans Sendler, le directeur général du BPI. Selon les experts, la part des ventes de médicaments sur Internet pourrait grimper jusqu’à 5 % d’ici 2006. Il s’agit d’un marché gigantesque. Selon les caisses maladies, les grossistes et les pharmaciens ont empoché 50 milliards de francs en 1999 sur les 120 milliards de francs de dépenses totales en médicaments.
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