Terry Gou, l’homme d’affaires qui a créé Foxconn en 1974 et entraîné le fabricant à prendre en charge la production de l’iPhone d’Apple, a quitté la présidence de l’entreprise en 2019 pour se glisser dans les hautes sphères de la politique. Il en reste le principal actionnaire de la multinationale bien installée en Chine, mais a tourné son attention vers la présidence de Taïwan.
L’Etat insulaire qui a vu ses relations avec la Chine d’autant plus s’envenimer depuis l’automne dernier prépare le remplacement de la présidente Tsai Ing-wen pour janvier 2024. Terry Gou veut porter sa candidature en tant qu’indépendant. Il a passé ces dernières années à tenter à deux reprises de prendre la tête du parti d’opposition des démocrates progressistes actuellement au gouvernement, mais cela ne l’a jamais réussi.
Pour gagner les élections, Tery Gou doit d’abord obtenir 290 000 signatures pour que sa candidature soit acceptée. Ensuite, il souhaite adopter une approche différente de la posture anti-Pékin de Tsai Ing-wen, l’actuelle présidente en fonction depuis 2016. Le gouvernement chinois considère Taïwan comme une province séparatiste et n’exclut pas de recourir à la force militaire pour empêcher toute tentative de revendication d’indépendance.
Alors que Foxconn, le principal fournisseur d’Apple, dépend toujours à 70 % de contrats chinois, Terry Gou dit qu’au cours « des sept dernières années, j’ai vu Taïwan passer de la prospérité au bord de la falaise. Si nous ne reculons pas maintenant, il sera trop tard pour empêcher Taïwan de tomber ».
Le fondateur et ancien président de Foxconn invitait pour cela à « faire tomber le parti démocrate progressiste », une position proche de celle du parti du Kuomintang (KMT) auquel il perdait les primaires. En guise de phrase-choc, il comparait la situation de Taiwan avec la Chine à celle de l’Ukraine avec la Russie. Il disait alors se présenter pour ne pas faire de l’île « la prochaine Ukraine ».
Terry Gou, la Chine, et son expérience de Foxconn
Terry Gou connaît plutôt bien la Chine continentale et pense qu’il faudra plutôt resserrer les liens pour éviter d’augmenter les tensions. Dès 1988, Foxconn pariait sur la Chine en ouvrant des centaines de milliers de travailleurs dans plusieurs usines près de Zhengzhou. Son positionnement en Chine est toujours majoritaire, notamment dans la ville de Shenzhen.
S’il arrivait à remporter les élections, le milliardaire a dit qu’il s’engageait à faire passer le PIB par habitant supérieur à celui de Singapour. Une politique de rapprochement avec Pékin nécessaire pour ce plan clairement tourné sur l’économie d’abord – et la sécurité également selon lui.
Un plan qui fait la mention de « Chine unique », comme Terry Gou l’écrivait dans les pages du Washington Post en juillet dernier. Il ajoutait dans une note à Bloomberg : « Je peux sacrifier ma richesse personnelle en échange de la paix pour Taïwan ». À voir maintenant les conditions que demanderont de telles relations pacifistes, et comment les États-Unis réagiront. Foxconn est aussi américain, avec une partie de son capital aux mains du fonds d’investissement The Vanguard Group, et des contrats avec Apple.
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Source : Fortune