Le câble a-t-il un avenir en France ? La question mérite d’être posée. La situation financière des quatre plus grands câblo-opérateurs en France est plus que préoccupante : les comptes de France Telecom Câble, NC Numéricable,
Noos et UPC sont dans le rouge. D’ailleurs Noos, dont les pertes se monteraient à 230 millions d’euros, s’apprête à se séparer de 35 % de ses salariés. Ce sont quelque 300 à 400 employés qui devraient être visés par ce que la
direction nomme laconiquement ‘ un plan d’incitation au départ volontaire ‘.Il faut dire que la situation des opérateurs n’est guère enviable. Ils se frottent à la concurrence de l’ADSL pour l’accès à Internet haut débit, et à celle du satellite pour l’accès aux chaînes télévisées. L’émergence de la télévision
par ADSL, certes encore à l’état de test, à TF1 par exemple, promet de compliquer un peu plus la donne.Bertrand Cottin, PDG de NC Numericable, minimise le phénomène : ‘ On parle beaucoup de la télévision via ADSL. Mais on en parle, c’est tout. Le câble existe, lui. Et j’ai des doutes sur la pertinence
technique et la viabilité du modèle, qui demande d’énormes investissements. ‘ Tout comme le câble cependant.
La réglementation française jugée trop pénalisante
Alors les câblo-opérateurs seront-ils contraints à mettre la clé sous la porte ? Pas encore… Leur salut viendra peut-être de la transposition en droit français de la directive européenne ‘ paquets
télécoms ‘, qui enterrera une réglementation pénalisante.’ Aujourd’hui, le câble a un régime bâtard en France. Il doit se soumettre aussi bien aux réglementations des médias qu’à celles des opérateurs télécoms ‘, regrette Bertrand Cottin. En
effet, pour émettre, les câblo-opérateurs doivent ainsi demander une autorisation d’émettre aux collectivités locales, ainsiqu’une autorisation d’exploitation au Conseil Supérieur de l’Audiovisuel (CSA).‘ Les opérateurs sont obligés de faire le grand écart entre les différentes réglementations. Ils sont connotés télévision, alors qu’ils appartiennent au réseau filaire. Il faut mettre fin à ce traitement
spécifique et nous appelons de tous nos voeux la transposition de la directive européenne, qui mettra un terme à cette multiplicité d’autorisations ‘, déclare Danielle Blangille, déléguée générale de l’Aform (Association
française des opérateurs de réseaux multiservices).Mais, plus que tout autre réglementation, c’est la loi de septembre 1986 qui handicape les acteurs du secteur. Elle interdit à tout opérateur de desservir un bassin de plus de 8 millions d’habitants, empêchant de fait toute
concentration dans ce secteur.L’application de la directive, en juillet prochain, devrait donc donner une bouffée d’air aux câblo-opérateurs. Elle rendra ainsi possible les fusions, sans que l’ART (Autorité de régulation des télécommunications) puisse s’y opposer en
raison de l’existence dune position dominante. Encore faut-il trouver des investisseurs !
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