Pascal Lechevallier est un expert de la Vidéo à la Demande en France et le fondateur de l’agence What’s Hot SAS. Il nous dit tout sur la SVoD à l’occasion du lancement de Netflix en France.
01net : Avec l’arrivée de Netflix en France, on parle davantage de la SVoD. Qu’est-ce que cela veut dire ?
Pascal Lechevallier : Déjà, je n’aime pas ce terme barbare. C’est une expression anglaise incompréhensible du grand public qui veut dire « subscription video on demand ». La traduction officielle française, VàDA pour « vidéo à la demande avec abonnement », n’est pas beaucoup mieux. Moi, je préfère parler de vidéoclub à domicile. C’est exactement comme quand les gens louaient des cassettes ou des dvd dans des boutiques physiques, sauf que maintenant, ils ont la possibilité de le faire de façon complètement dématérialisée et de chez eux. D’ailleurs au départ, Netflix n’était qu’un vidéoclub qui envoyait des DVD par la poste.
Mais entre la VoD et la SVoD, on a du mal à s’y retrouver ? Quelle est la différence ?
Disons qu’il y a une grande famille qui s’appelle la vidéo à la demande. A l’intérieur, il y a trois catégories : on peut acheter un film ou un épisode de série comme sur iTunes, on peut le louer à l’acte comme le proposent tous les opérateurs sur leur box en France (VoD), mais on peut aussi souscrire à un abonnement mensuel qui donne droit à l’accès illimité à un catalogue (SVoD).
Pourquoi les Français ne se sont pas mobilisés plus tôt pour contrer Netflix ?
Il y a eu un raté : on a pas su créer une start-up puissante comme Netflix qui s’est lancé sur internet en streaming dès 2007. Mais il est très difficile d’arriver sur ce marché en France où la législation est contraignante. Il y a eu beaucoup de projet et beaucoup d’échecs. Tout le monde n’avait pas intérêt non plus à en développer. Canal est le seul gros groupe audiovisuel à avoir persisté dans la voie de la SVoD mais il ne voulait pas non plus concurrencer ses autres offres Premium. Pour le reste, ce sont les opérateurs qui ont investi le créneau de la VoD chez nous.
Comment se fait-il que si peu de Français souscrivent à de la SVoD ?
Relativisons. Le marché n’est pas très développé mais il l’est davantage que beaucoup d’autres pays en Europe. Les Français ont accès à une offre cinéma gratuite et payante d’une grande densité à la télévision et le replay est plébiscité. Ce qui laisse peu de place pour la SVoD. Mais le comportement du public est en train de changer. Ce n’est pas un hasard si Reed Hastings [NDLR : patron de Netflix] répète qu’il veut donner le pouvoir aux spectateurs. La SVoD correspond à une tendance de fond de consommation : tout, tout de suite, où et quand on veut via un abonnement mensuel. L’offre de Netflix dopera de toutes façons le marché de façon mécanique.
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