En 2012, les Etats-Unis jetaient une ombre de suspicion sur les équipements fabriqués par les deux géants chinois Huawei et ZTE. Le Congrès américain était même allé jusqu’à bannir leurs produits car ils « menaçaient la sécurité intérieure ».
Retour de batte
Il aura fallu un peu moins de deux ans avant le retour de bâton. Dans son livre No place to hide, sorti aujourd’hui, Glenn Greenwald, un des journalistes à l’origine des premières publications sur la NSA révélées par Edward Snowden, lance un pavé dans la mare.
Se référant à des documents internes à la NSA qu’il a obtenus, l’ancien journaliste du Guardian indique en effet que l’agence américaine a pour habitude d’intercepter les équipements réseau fabriqués aux Etats-Unis et expédiés à leurs commanditaires à travers le monde.
« Alors que les sociétés américaines étaient mises en garde contre les routeurs chinois supposés ne pas être fiables, les organisations étrangères auraient été bien inspirées de se méfier de ceux fabriqués aux Etats-Unis », écrit-il. Avant de citer un rapport daté de juin 2010 remis par le directeur du département Access and Target Development de la NSA, qui est très explicite. Le document explique en effet que l’agence de renseignement doit mettre la main sur le matériel -au sens propre- pour accéder à certaines informations. « La NSA reçoit – ou intercepte – régulièrement les routeurs, serveurs et autres périphériques réseau qui sont exportés depuis les Etats-Unis avant qu’ils ne soient livrés aux clients internationaux. », explique Glenn Greenwald. « L’agence implante alors des outils de surveillance et des portes dérobées, réemballe les appareils avec le même conditionnement qu’à la sortie d’usine et les réexpédie. » Ni vue, ni connue, « la NSA s’assure ainsi l’accès à des réseaux entiers et à leurs utilisateurs », commente Glenn Greenwald.
Un tort profond
Dans le passage consacré à ces agissements, l’auteur nomme Cisco, géant du secteur, mais prend soin de préciser qu’il n’y aucune preuve dans les documents qu’il a en main que Cisco est au courant des méthodes de la NSA. Le fabricant serait alors autant une victime que ses clients. Et c’est une fois encore toute la crédibilité d’une nation industrielle et la stabilité de son économie qui sont remises en question.
Glenn Greenwald conclut la partie dédiée à cette révélation en donnant son point de vue sur les raisons qui ont poussé la NSA et l’administration américaine a tenté de décrédibiliser la concurrence chinoise – au-delà du fait qu’elle se livre peut-être aux mêmes pratiques : « Quand quelqu’un achète un appareil chinois au lieu d’un équivalent américain, la NSA perd un moyen crucial d’espionner les communications de très nombreuses activités ». Au regard des révélations qui s’enchaînent depuis le mois de juin 2013, la National Security Agency n’en est pas à une campagne de diffamation près. Souriez, vous êtes très certainement écouté…
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Source :
The Guardian
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