Passer au contenu

La messagerie multimédia est loin d’être mature

Le MMS est censé donner un souffle nouveau à la téléphonie mobile. Mais les terminaux sont peu nombreux, et parfois incompatibles.

Après les ratés inquiétants de l’UMTS, les constructeurs de téléphonie mobile misent désormais sur la messagerie multimédia (MMS) dans le grand public pour assurer leurs lendemains. Aujourd’hui, en GSM, les échanges écrits se limitent aux SMS, textes de 160 caractères au maximum. Le MMS y ajoute des images, et même du son. C’est pourquoi les nouveaux téléphones annoncés récemment, notamment par Nokia et par Sony-Ericsson, sont dotés d’appareils photo. Les constructeurs imaginent désormais les abonnés mitraillant tous azimuts et inondant famille et amis de leurs chefs-d’?”uvre via MMS. Mais il reste encore du chemin à parcourir avant d’en arriver là. Les téléphones MMS sont peu nombreux ?” Nokia 7650 et Sony-Ericsson T68i en France ?”, et leur coût dépasse les 550 euros. De plus, ils sont loin d’être parfaitement compatibles entre eux : une photo prise avec un appareil Nokia sera reçue de façon dégradée par un appareil Ericsson.

Les problèmes d’interopérabilité sont loin d’être réglés

A la réception d’un message MMS, le MMS-C (MMS-Center), c?”ur du système, vérifie dans sa base de données si le terminal destinataire est compatible MMS. S’il l’est, il adapte éventuellement le document aux caractéristiques de l’autre mobile. S’il ne l’est pas, il le stocke et envoie au destinataire ?” par SMS ou par mail ?” une adresse (URL) où consulter le document.Tout se passe bien si l’expéditeur et son correspondant sont abonnés au même opérateur. Si ce n’est pas le cas et si l’opérateur du destinataire a ouvert un service MMS, le message est transféré du MMS-C de l’un vers le MMS-C de l’autre. Le protocole de transfert, fondé sur SMTP, est en cours de finalisation, et il n’est pas sûr que les serveurs se comprennent parfaitement dans tous les cas. “Constructeurs et opérateurs y travaillent, ne voulant pas renouveler l’erreur du SMS, qui, au début, ne pouvait passer d’un opérateur à l’autre. Et qui, aujourd’hui encore, reste parfois bloqué aux frontières nationales”, précise Boris Lacroix, directeur marketing produits chez Openwave.Reste le cas où l’autre opérateur n’a pas ouvert de service MMS et n’a donc pas de MMS-C. “Dans ce cas, le message est bien souvent perdu, sans notification obligatoire de l’échec à l’expéditeur”, note Henri Jamgotchian, directeur technique de Mirapoint, spécialiste de la messagerie, qui a conclu un accord avec CMG, champion des plates-formes SMS. Les optimistes pointent un léger frémissement du marché des mobiles avec les annonces de nouveaux terminaux à écran couleur et l’arrivée de la messagerie multimédia. Cependant, nombre d’observateurs pensent que les applications “naturelles” du MMS concernent avant tout le marché professionnel : chefs de chantier, médecins, experts des compagnies d’assurances pourraient utiliser le MMS pour transmettre rapidement des documents photo. Ce qui soulignerait lerreur de stratégie des constructeurs et des opérateurs, qui visaient en premier lieu le grand public.

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.


Jean-Pierre Soulès