« Est-ce que la cybercriminalité, le cyberespionnage et autres cyber activités malignes sont ce que certains appellent « le plus grand transfert de richesse dans l’histoire de l’humanité » ou est-ce comme d’autres les qualifient « une erreur d’arrondi dans une économie qui vaut 14 millions de milliards de dollars » ? ».
C’est par cette question que commence le rapport rendu public par le Centre pour les études stratégiques et internationales (CSIS), basé à Washington.
Des fourchettes larges
Sobrement titré « L’impact économique de la cybercriminalité et du cyberespionnage », cette étude, financée par McAfee, spécialiste de la sécurité qui appartient à Intel, dresse un tableau assez vertigineux. Les chiffres avancés le sont en tout cas. Au plus large, les cyberactivités criminelles coûteraient ainsi entre 300 milliards de dollars et un million de milliards de dollars. Une fourchette qui montre bien toute la difficulté d’arriver à établir un périmètre clair. Il faut non seulement englober toute la réalité d’une économie souterraine et parfois non détectée, mais également en calculer ou estimer les répercussions « sur le commerce, la technologie et la compétitivité », explique le rapport. Ainsi, « le cyber espionnage et la cyber criminalité ralentissent peut-être l’innovation, distordent le commerce et crée un coût social pour les emplois perdus ».
Pour les seuls Etats-Unis, le coût de ces cyberactivités oscillerait entre 24 et 120 milliards de dollars selon « une estimation au doigt mouillé ».
En limitant au maximum les impondérables, et en extrapolant à partir des données recueillies aux Etats-Unis, où elles sont le plus abondantes, les chercheurs qui ont rédigé le rapport définissent une fourchette allant de 100 à 500 milliards de dollars pour les pertes mondiales engendrées par la cybercriminalité.
Répercussions sur l’emploi
Des sommes quelque peu intangibles qui prennent soudain forme réelle quand l’étude crée un lien entre cybercriminalité et perte d’emplois, une première. Elle utilise ainsi un ratio établi par le Département du commerce américain en 2011. Il conçoit que un milliard de dollars généré à l’exportation équivaut à 5 080 emplois. En tolérant un petit raccourci, ceci signifie que pour une perte de 100 milliards de dollars liée au cyberespionnage, ce sont 508 000 emplois perdus.
Sans compter qu’il est difficile, toujours dans le domaine de l’emploi, d’estimer quelles répercussions ont les cybercrimes sur les activités industrielles et la détérioration des conditions d’emploi. Ainsi comment estimer le nombre des personnes qui doivent se contenter d’emplois moins bien rémunérés ou stables à cause de la cybercriminalité ?
Un champ à construire
Au delà de l’impact sur le marché du travail, le rapport met également en avant les conséquences pour les pertes de propriété intellectuelle, de réputation, etc. Des effets cumulatifs liés « aux pertes continues dans le cyberespace », souligne le rapport.
Si beaucoup de zones de cette étude restent encore floues et mal définies, montrant que ce domaine en est à sa genèse, le CSIS a fait appel à des économistes, des spécialistes de la propriété intellectuelle et des experts en sécurité.
La difficulté à établir des critères et dessiner des frontières au jeu de domino économique que chamboule la cybercriminalité montre en tout cas l’importance que revêt Internet dans notre société. Cette étude démontre également, par la bande, les risques qu’il y a à construire une industrie et une économie totalement connectée.
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Sources :
Rapport L’impact économique de la cybercriminalité et du cyberespionnage (PDF)
Financial Times
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