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La 5G, tout le monde en parle… mais personne ne sait ce que c’est !

Constructeurs, équipementiers et opérateurs communiquent déjà sur le futur standard de téléphonie mobile. Pourtant, il n’y a pas de consensus sur les objectifs, les spécifications techniques et les fréquences de la 5G.

Pas un mois sans que Samsung, Nokia ou Ericsson n’annoncent pulvériser le record mondial de débit mobile en 5G ! Des chercheurs britanniques de l’Université du Surrey avaient même affirmé avoir réussi à atteindre 1 térabit/s en 5G au mois de février 2015.

Seul problème : la 5G n’existe pas encore. Pour la simple et bonne raison que son processus de standardisation, piloté par l’UIT, l’institution spécialisée des Nations Unies pour les technologies de l’information et de la communication, ne sera achevé qu’en 2020.

La 5G sera définie en octobre 2017

Le calendrier est clair. « Ce n’est qu’au mois d’octobre 2017 que l’UIT définira la 5G », a rappelé le directeur du bureau des radiocommunications François Rancy lors de la conférence Spectre et Innovation de l’ANFR, qui s’est tenue le 15 décembre dernier. « C’est à ce moment-là que seront déterminés les technologies, les spécifications techniques et les critères de décision et d’évaluation ». Un appel à candidatures sera alors lancé pour que constructeurs, opérateurs et équipementiers viennent présenter leurs technologies dûment brevetées avec l’espoir qu’elles soient retenues comme normes de la 5G. L’UIT aura ensuite toute l’année 2018 et une partie de 2019 pour trancher.

Quant aux fréquences, elles seront sélectionnées lors de la Conférence des radiocommunications 2019. Les opérateurs pourront commencer à déployer leur réseau en 2020, mais la Commission européenne pousse pour que la commercialisation soit lancée la même année dans au moins une grande ville par pays. Le délai est donc très court. Ce qui laisse à penser que la 5G ne devrait pas devenir une réalité tangible pour le grand public avant au moins 2021. En espérant bien sûr qu’il aura accès à des terminaux compatibles.

Pour quoi faire ?

Certes, on connaît déjà les grandes évolutions technologiques qui devraient permettre de booster le débit mobile et d’utiliser le spectre plus efficacement et de manière plus économe. Au programme : Massive MIMO (plusieurs antennes à la réception et à l’émission), nouvelles techniques de modulation et de focalisation du signal, agrégation de plusieurs bandes de fréquences, etc.

Le problème, c’est de savoir à quels besoins va devoir répondre prioritairement la 5G. Or, cette normalisation repose sur le principe du consensus. Or pour le moment, les acteurs du privé comme les institutions sont loin de s’accorder sur ce que doit être la 5G. Trois scénarios ont été retenus :

  • Doper le débit pour répondre à la gourmandise des usagers en termes de vidéo haute définition, de réalité virtuelle ou de maison connectée.
  • Obtenir plus de fiabilité et de rapidité avec très peu de latence pour certains secteurs industriels critiques comme les voitures autonomes ou la télémédecine, par exemple.
  • Connecter de plus en plus de machines afin d’absorber les besoins exponentiels de l’Internet des objets à destination des entreprises. Ce qui nécessitera une grande capacité de calcul et d’échange de données sans forcément requérir des débits importants.

On voit bien que la 5G ne pourra se résumer à simple un gain de débit, comme pour les standards précédents. Et elle concernera aussi bien le grand public que les entreprises. Le message sera donc moins facile à vendre au grand public car plus complexe à formuler pour les opérateurs.

Les Etats-Unis et l’Asie veulent précipiter la 5G

En outre, tous ces objectifs ne seront pas forcément compatibles. La question est de savoir où placer le curseur et lequel de ces trois scénarios favoriser.

Enfin, les opérateurs européens s’interrogent encore sur l’intérêt qu’ils ont à se lancer sur ce marché, alors que la 4G n’est pas encore totalement déployée. Mais ils ne pourront pas longtemps résister à la pression internationale, ou plus exactement la pression des pays déjà bien pourvus en 4G et pour qui la 5G représente un relais de croissance.

« Le train va vite. Nous allons être poussés par les Etats-Unis et l’Asie mais aussi des événements sportifs où auront lieu des expérimentations, comme les JO et la coupe du monde de football en 2018 », a prévenu Mari-Noëlle Jégo-Laveissière, la directrice exécutive Innovation, Marketing et Technologies d’Orange, lors de cette même conférence Spectre et Innovation. Elle pointe aussi le danger de cette précipitation  : « Il s’agit d’apporter de vrais usages disruptifs, sinon la 5G sera galvaudée ». Il reste peu de temps aux acteurs mondiaux de la téléphonie pour s’accorder sur une vision claire de la 5G. A défaut,  le déploiement comme l’adoption de cette technologie s’en verront forcément pénalisés.  

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Amélie CHARNAY