Fin novembre, Microsoft – le 22 – et Sony – le 29 – lanceront leur console sur le marché, ouvrant officiellement une « nouvelle guerre » des consoles de « nouvelle génération ». Xbox One et PlayStation 4 s’entrechoqueront. Les gamers feront leur choix – et si la PS4 semble avoir les faveurs des suffrages aux Etats-Unis, et si elle semble plus puissante sur le papier, Microsoft est loin d’avoir dit son dernier mot.
Car, Microsoft l’a clamé rapidement, la Xbox One n’est pas une machine coupée du monde, elle pourra s’appuyer sur un domaine d’excellence de Microsoft, le cloud. Dans un post intitulé Games on Xbox One – Better with Xbox Live Compute (Les jeux sur Xbox one – Meilleurs avec le Xbox Live Compute, nom du cloud pour la Xbox One, NDLR), et publié aujourd’hui, John Bruno, principal responsable du programme Xbox Live revient sur cet atout de taille. Nous avons eu l’occasion de l’interviewer sur le sujet il y a quelques jours.
La force de frappe de Microsoft
Avant même de se plonger dans le fonctionnement du cloud à la sauce Xbox One, la première question qui vient à l’esprit, est « le cloud ? Combien de divisions ? ». Combien de serveurs à travers le monde, Microsoft va-t-il ou peut-il aligner pour alimenter son cloud ?
En juillet dernier, lors de la Worldwide Partner Conference, Steve Ballmer, directeur général du géant américain, lâchait que sa société possédait désormais plus d’un million de serveurs dispersés dans plusieurs dizaines de data centers. Ces serveurs n’étant évidemment pas tous dédiés aux jeux vidéo et à la Xbox One.
John Bruno n’a pas souhaité être plus précis, mais a confirmé que cette fonction de Xbox Live Compute serait disponible dans les grandes régions (Amérique, Europe et sud de l’Asie) au lancement de la nouvelle console de Microsoft et qu’elle reposerait sur des serveurs installés dans les data centers de chacune de ces zones géographiques. Pour faire face à une croissance de la demande et permettre le lancement de nouveaux services, John Bruno indiquait que le déploiement de nouveaux serveurs devrait continuer en 2014.
Faciliter la vie des développeurs
En quoi consiste le Xbox Live Compute ? Quel sera son apport ? Pour qui ? Ce sont les développeurs qui en tireront parti les premiers. « Le but est de faciliter [leur] travail en supprimant beaucoup des points d’achoppement qu’il y a développer » un jeu en ligne, voire leur permettre d’améliorer la qualité de service en ligne et la longévité d’un jeu en « leur fournissant la puissance et les compétences pour développer et distribuer le jeu à travers le monde, pour surveiller son bon fonctionnement sur les serveurs. Et aussi de fournir une sorte de service à la demande ». Ainsi, les studios se verront allouer plus de serveurs en fonction de la popularité et de la montée en charge de leur titre. « Si un joueur veut jouer à un titre, il ne sera pas confronté à un serveur occupé, on ne lui propose que des serveurs disponibles ».
Pour le multi seulement ?
Le cloud pour la Xbox One sera donc une affaire de serveur dédié pour les modes multijoueurs comme sur PC ? « Au lancement, ce sera pour le multiplayer principalement », nous indiquait John Bruno, ce qui implique, sans surprise que le cloud sera réservé à ceux qui jouent en ligne, et qui paient. « Le multijoueur est une fonctionnalité de l’abonnement Gold. Il faudra donc avoir un abonnement Gold pour bénéficier de la puissance de Xbox Live Compute », nous confirmait-il.
Pour autant, le multijoueur n’est pas tout. « D’un point de vue serveur, le cloud est relativement nouveau, donc relativement peu mûr. », continuait-il. « Il y aura de nombreuses possibilités qui se feront jour au fil du temps. […] Pour l’instant, l’usage de cette technologie est très centré sur la puissance de calcul, sur le CPU processing, à partir de là, je pense que nous faisons qu’effleurer la surface avec ce que nous faisons au lancement de la console. ».
La force dans les nuages
D’ailleurs dès le lancement de la Xbox One, le Xbox Live Compute aura une autre incidence de taille. « Nous essayons d’encourager les développeurs à essayer des choses en les déchargeant de certains problèmes pour qu’ils puissent se concentrer sur le cœur du gameplay et n’ait pas à se soucier de monter des serveurs et construire une infrastructure », commentait John Bruno avec de préciser l’impact que pourra avoir l’accès au Xbox Live Computer sur les jeux. « Cela va dépendre des jeux. Les développeurs pourront décidé ce qu’ils mettent dans le cloud, s’ils veulent utiliser le cloud pour la partie multijoueur, ou pour l’IA ou les personnages non joueurs, ou quelque chose d’autres qui améliorera le gameplay ».
Dès lors, la Xbox One se verra alléger d’une charge de travail mais devra effectivement être connectée en permanence pour jouer. Pour le responsable de Microsoft, ce n’est, en l’occurrence, pas un souci, car ceux qui veulent jouer, en multijoueur notamment, se connectent de toute manière. Pour autant, effectivement, il pourrait y avoir deux expériences de jeu dans certains titres, selon qu’on est connecté ou pas, selon que la puissance du cloud est disponible ou pas.
Pour John Bruno, « il y aura un juste milieu à trouver, un choix à faire. […] Il existe plusieurs scénarios selon que le cloud est disponible ou non. […] Certains feront un plus gros pari sur le gameplay online, tandis que d’autres préféreront utiliser le cloud pour le multiprocessing. La constante, c’est que quand le cloud sera connecté, le jeu deviendra meilleur. En définitive, tout se résume à ce que veulent faire les développeurs avec leur jeu. C’est le choix que nous voulons offrir aux développeurs », martelait-il.
Un investissement lourd
En définitive, les développeurs s’y retrouveront parce qu’ils accéderont gratuitement à l’infrastructure de Microsoft. « Nous fournissons la plate-forme dans le cloud gratuitement pour les développeurs, pour les encourager à expérimenter cette technologie ». Un encouragement qui a un coût qu’il est difficile de calculer sans plus de précision. « C’est un investissement que seul Microsoft peut faire vu nos capacités » technologiques et financières.
Et pour John Bruno, le gain pour le joueur est évidemment fort et indéniable : « Avoir des jeux qui fonctionnent dans ou grâce au cloud enrichira l’expérience utilisateurs sur Xbox One. Nous voulons ajouter de la valeur au Xbox live. » Ainsi, Jean-Claude Ghinozzi, directeur général de la division retail, sales et marketing de Microsoft France, nous donnait, il y a quelques semaines, des exemples de ce que pourra apporter le Cloud aux jeux Xbox One.
Forza Motorsport 5 sera capable d’enregistrer votre manière de jouer pour proposer à vos amis de jouer contre une intelligence artificielle qui se comportera comme vous quand vous êtes hors ligne, c’est la fonction Drivatar. Certains titres seront mis à jour de manière constante et transparente, grâce à leur utilisation du cloud. D’autres utiliseront le cloud pour assurer une persistance à l’univers arpenté dans le jeu. Et ce, qu’il s’agisse d’un jeu d’aventure ou d’un FPS. « Le cloud est là pour permettre à une session de jeux d’être persistente, ainsi s’il y a perte de connexion, le joueur pourra rejoindre la partie ultérieurement, sans problème, et reprendre là où il était lors de la déconnexion », nous expliquait John Bruno.
Quel avenir pour les terminaux dédiés ?
Devant une telle montée en puissance du cloud, on s’interroge, comme avec Onlive à l’époque sur l’avenir des consoles et plates-formes dédiées aux jeux. « Qui aura besoin d’une Xbox, si on joue dans le cloud ? », demande-t-on. « C’est une bonne question », répond John Bruno, avant d’éviter en quelque sorte la réponse directe. « Chez Microsoft, nous pouvons vraiment améliorer la puissance de la Xbox One au fil du temps et nous allons beaucoup progresser dans ce sens. Je suis impatient de voir où on sera dans 5 ou 10 ans mais je ne me lancerai pas dans une spéculation. »
Face à la PlayStation 4 et à son propre cloud, qui reposera sur la technologie acquise avec Gaikai, Microsoft semble confiant. « Je suis persuadé que le cloud a la capacité d’améliorer la puissance de la Xbox One et sa durée de vie. Une fois encore, je pense que nous allons voir de nombreuses avancées dans ce domaine à l’avenir. Et je pense que Microsoft occupe une place de choix dans ce secteur », lâchait-il en guise de conclusion.
Fin novembre, la guerre des consoles de nouvelle génération commencera, et elle ne semble pas devoir s’arrêter de si tôt, avec des consoles qui pourront puiser dans le nuage la force dont leur vieillissement naturel les privera…
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Source :
Déclaration de Steve Ballmer
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