“Le journal est le seul produit au monde qui soit vendu deux fois : au lecteur et à l’annonceur”, aime à répéter le journaliste Jean Boissonnat. Résultat : il a deux fois plus de problèmes qu’un yaourt. Deux clientèles frileuses, aux antipodes l’une de l’autre, à attirer, à captiver, à fidéliser, à relancer. ça ne va pas être simple de continuer à avoir de la bonne info, parce qu’elle coûte cher, à cause de ces foutus gens d’en bas, les journalistes, qui travaillent dessus toute la journée en essayant de faire leur boulot, au milieu des mensonges et des ragots, des rumeurs et des escrocs. C’est si simple pourtant : en veux-tu de l’info, en v’là ! La télé la banalise, le web la “bananise”, le gratuit la factualise, plus personne ne veut se prendre la tête, ni payer quoi que ce soit. Les journalistes n’ont qu’à travailler bénévolement, y’a que ça qui peut les sauver. Et puis d’abord, est-ce que c’est un vrai métier, ça, de se balader un peu partout dans le monde avec un micro et un stylo, et de raconter des histoires vraies que plus personne n’a envie d’entendre ? Pour qui se donner tout ce mal ? Qui a encore envie de se salir les mains sur de l’encre noire d’imprimerie ? Et pourtant… Imaginez un monde né avec l’ordinateur, où le livre et le journal n’auraient jamais existé. Un jour de panne de réseau, un descendant de Bill Gates et de Gutemberg, baillant sur son écran à fenêtres, aurait l’idée d’inventer des feuilles de papier avec des phrases que tout le monde pourrait lire tous les jours. Chaque matin, yaurait de nouvelles histoires et de belles photos. On dirait : mais quelle invention géniale ! ça ne pèse rien, ça ne tombe pas en panne, ça fait rêver, ça se transporte, y compris aux toilettes, on le prend, on le laisse, et on peut même emballer le poisson frais avec. Je vous dis pas le succès !
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