En mai 2013, Daniel Ward, jeune développeur et porteur de Google Glass, nous confiait à l’occasion de la Google I/O que « la pire chose qu’on puisse faire avec les lunettes, c’est de ne pas les enlever. Si on sent que les personnes en face de nous ne sont pas à l’aise, il faut de suite les enlever ».
Alors que les Glass connaissent ces derniers jours un léger vent contraire, avec d’anciens zélateurs devenus détracteurs, il semblerait que Google ait suivi le même raisonnement. Le géant américain a donc décidé de mettre à disposition des Explorer et des futurs propriétaires de Glass « commerciales » un petit guide du savoir-vivre, pour éviter que le terme glasshole (mélange de glass – lunettes – et de asshole – crétin, pour rester poli) n’entre dans l’histoire de la high tech.
Bons et mauvais points
Qu’on le veuille ou non, les Glass sont intrusives et créent un déséquilibre dans la relation entre deux personnes. L’interlocuteur pouvant se sentir « espionné », une fois la première réaction de curiosité passée. Ce que Google transcrit de manière assez amusante par cette phrase : « Bonté gracieuse, est-ce que ces choses voient mon âme ? ». La réponse est selon toute vraisemblance non.
Quoi qu’il en soit, fort des retours d’expérience de ses premiers utilisateurs, Google a donc dressé une liste, très synthétique, de choses à faire (Do’s) et à ne pas faire (Don’ts). Parmi les bons comportements, on trouve ainsi « explorer le monde autour de vous, profiter des commandes vocales des Glass, demander la permission, protéger vos Glass avec un code, et être actifs dans la communauté des Glass Explorers ».
Eviter les usages idiots ?
La liste des don’ts est un peu plus courte encore que celle des bons usages. Mais elle prête davantage à sourire quand on sait que les recommandations viennent en grande partie de vraies expériences…
Google recommande donc de prendre un peu de distance vis-à-vis des Glass, de ne pas vivre sa vie au travers de ce prisme qui pourrait faire passer le porteur de lunettes intelligentes pour quelqu’un d’étrange – ce qu’il est peut-être déjà par ailleurs. « Evitez donc de lire Guerre et Paix sur vos Glass. Ce genre de choses sont plus adaptés à de plus gros écrans », commente un brin ironique le document.
De même, il est déconseillé de faire du ski nautique, du rodéo ou du combat en cage avec ses lunettes !
Ne pas faire peur
Google conseille ensuite de savoir enlever ses lunettes, car il ne faut pas « s’attendre à les porter et à être ignoré ». Les ôter permettra de ne pas être dérangé par des questions ou des remarques extérieures. Grosso modo, il faut savoir s’adapter à son environnement et à son contexte, même si Google précise qu’il faut aussi savoir répondre aux questions des curieux et dédiaboliser les Glass en expliquant qu’elles ont les mêmes fonctions qu’un téléphone portable.
Le dernier point est indéniablement le plus savoureux et poursuit dans la voie pédagogique : « Ne soyez pas flippant ou vulgaire (autrement dit un « glasshole ») ». Le porteur de Glass est alors invité à rester poli, à être un démonstrateur disponible pour expliquer le fonctionnement des lunettes, « une démo rapide peut faire beaucoup », précise le petit guide. Et surtout respectez les réglementations en vigueur, si les appareils photos sont interdits ne prenez pas de clichés avec vos Glass… Ce sera plus difficile d’ôter ses lunettes quand elles auront fusionné avec les montures de vue. « Ne pas respecter les règles ou être impoli ne va pas rendre les commerces très réceptifs aux Glass et compliquera la vie des autres Explorers », conclut ce petit manuel du savoir-vivre.
La norme sociale
Car derrière tout cela, l’enjeu est bien de faire en sorte que les Glass ne soient pas cantonnées à une frange de geeks et de personnes hyperconnectées. L’objectif est évidemment d’en faire un produit qui aura sa place à part entière dans la société des hommes. Une tâche qui n’est pas facile et le fait que Google s’y attelle pourrait laisser penser que le lancement commercial approche sérieusement.
L’acceptation sociale était en tout cas un des points d’achoppement que désignait déjà Robert Scoble, pourtant grand défenseur des lunettes, dans un post en janvier dernier. Il voyait les Google Glass condamnées à un échec relatif dans les prochaines années, avant de pouvoir vraiment exploser et donner tout leur potentiel à partir de 2020… Pas sûr que Google veuille patienter aussi longtemps.
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