C’est la première de la saison, et pas des moindres. La Google I/O s’est ouvert aujourd’hui sur le campus de Google à Mountain View. Conférence dédiée aux développeurs oblige, le logiciel a été à l’honneur, avec Android, bien entendu, et l’intelligence artificielle, évidemment.
Google avait fait un peu de teasing sur le compte Twitter d’Android, et vous avait même offert de patienter en faisant un petit flipper.
#GoogleIO is now loading… Which update are you most excited to see on May 11–12?
— Android (@Android) May 9, 2022
Après deux ans, la Google I/O a repris en public, avec un théâtre plein à craquer, Sundar Pichai toujours aux commandes, et une même volonté affichée : comprendre l’information et la rendre plus facile d’accès. Pendant les premières minutes de la conférence, le patron de Google a soulevé le voile sur différentes nouveautés et sur la volonté de son entreprise de servir l’information, ici, ou en Ukraine, même en pleine guerre pour éviter la désinformation et les cyberattaques.
Au cours de son petit marathon d’introduction, Sundar Pichai a également annoncé l’arrivée de 24 nouvelles langues dans Google Traduction.
Il s’est aussi intéressé à Google Maps, dont l’usage dépasse largement la simple cartographie désormais. L’application s’est enrichie, en Afrique notamment, avec 300 millions de bâtiments reproduits sur le fond de carte. Les données de cartographie récoltées par la société américaine ont été mises à disposition de tous.
Toujours dans Google Maps, une vue immersive est désormais disponible. Elle propose de voir aussi bien les bâtiments les plus connus d’une ville que l’intérieur de certains magasins ou restaurants, le rendu 3D dans lequel il est possible de se déplacer étant produit à partir d’images assemblées par une IA.
Pour en savoir plus sur Google Maps : Google Maps va vous faire découvrir des villes en 3D avec un réalisme bluffant
Le service de Google Maps, qui permet de choisir le trajet qui consomme le moins de carburant, sera également étendu au cours de l’année en Europe. Sundar Pichai promet jusqu’à 18% de carburant consommé en moins grâce à cette fonction.
Sundar Pichai a également annoncé toute une série de fonctions intelligentes pour différents outils de son écosystème. Ainsi sur YouTube, la traduction automatique des vidéos s’étend désormais à 16 langues, l’ukrainien sera ajouté un peu plus tard le mois prochain. Dans les Google Docs, il sera possible d’automatiser un résumé TLDR pour les documents trop longs pour être lus in extenso…
La fonction de résumé pourrait également être bientôt appliquée aux réunions en visioconférence via Meet. Cela permettrait de rattraper son retard si on se connecte tardivement à une réunion en lisant en quelques points les sujets précédemment abordés. Le travail est en cours, en tout cas, selon le patron de Google. Evidemment, à chaque fois, l’IA est derrière ces nouveautés…
Les équipes de Sundar Pichai sont ensuite entrées dans le dur… En commençant par Google Search.
Google Search, toujours au coeur de la machine Google
Google a pour ambition, dans le futur, de permettre à tout le monde de chercher n’importe quoi, n’importe où et n’importe comment…
Voice Search, introduit il y a une dizaine d’années, est une première étape qui rencontre un gros succès auprès des nouveaux utilisateurs. Google Lens était un prolongement de la montée en puissance des smartphones. Il est désormais utilisé huit milliards de fois par mois.
Multisearch a été introduit le mois dernier, cette fonction permet de commencer une recherche, puis d’ajouter des critères au fil des résultats pour affiner les réponses.
Near me est une fonction qui permet de trouver des objets recherchés en ligne à proximité. Par exemple, vous voyez une photo d’un plat qui a l’air savoureux. Demandez alors à Google de vous dire de quel plat il s’agit. Vous pourrez ensuite trouver un restaurant qui le sert à proximité. Cette fonction repose notamment sur le travail de ceux qui ajoutent des informations à Maps sur leur restaurant favori, par exemple.
Depuis un smartphone, Google utilise aussi l’IA et la reconnaissance d’objets pour identifier un produit en particulier qu’on recherche, comme le bon paquet de chocolat au milieu d’un présentoir débordant de choix, ou la bonne boîte de médicaments dans une pharmacie. C’est une sorte de Ctrl + F pour la vraie vie.
Google a également annoncé étendre sa fonction Realtone à tous ses produits, pour faire en sorte que toutes les couleurs de peau soient bien analysées, reconnues et rendues en photo et vidéo.
A partir du moment où la variété des couleurs de peau est identifiée et reconnue, il est possible de développer des produits qui leur apportent une meilleure réponse, que ce soit dans Google Photos, avec des filtres qui fonctionneront avec tous les tons de peau, ou dans Google Search. Il sera ainsi possible de mener une recherche pour du maquillage en déterminant sa couleur de peau.
Google met en open source son échelle de couleurs de peau pour que d’autres acteurs du Net et de la tech puissent l’utiliser. Le « Web doit être représentatif du monde », expliquait Annie Jean-Baptiste, de Google.
Google Assistant, vers plus de naturel…
Deux nouvelles options ont été introduites lors de la keynote afin de permettre des interactions avec Google Assistant sans dire les mots-clés habituels.
Pour certains produits, comme le Nest Hub Max, équipés d’une caméra, il sera possible d’utiliser Look and Talk. L’appareil détecte que vous le regardez, vous lui parlez, il vous identifie grâce à votre voix (en anglais, tout au moins) et répond à votre question. Il s’est activé sans mot-clé !
Quick phrases arrive sur les Pixel 6, et les Nest Hub Max pour répondre rapidement à un appel, établir une alarme, éteindre une lampe, etc. Evidemment, l’objectif est que l’interaction se fasse en langage naturel, et toujours sans activation par mot-clé.
Mais faire en sorte que des intelligences artificielles comprennent le langage naturel n’est pas chose aisée. Cela a demandé aux équipes de chercheurs de Google de créer de nouveaux modèles de langages. Notamment pour interpréter les hésitations, les pauses, et encourager l’utilisateur à continuer de poser sa question, etc.
Un an après l’annonce de la première version, Sundar Pichai a introduit LaMDA 2, une nouvelle IA de conversation naturelle. Ainsi, qu’un nouvel outil, AI Kitchen App. Il a pour but de permettre de faciliter les interactions avec LaMDA, et de voir ce qu’il est possible de faire avec ce genre d’IA.
On peut ainsi mener une « conversation» – l’utilisateur à la voix et l’IA par écrit – sur un sujet, approfondir ses questions, et lire les réponses construites et rédigées par l’IA.
AI Kitchen App peut également établir une série d’étapes, et de conseils, à suivre pour réaliser un projet comme d’établir un jardin potager, par exemple… C’est un moyen de voir ce que « les IA conversationnelles peuvent apporter au monde », précisait Sundar Pichai.
Annoncé il y a peu, PaLM est un nouveau modèle d’IA, entraîné avec 504 milliards de critères. Il permet d’utiliser une nouvelle approche appelée chain of thought prompting, qui va détailler un raisonnement ou une méthode utilisée pour résoudre un calcul, par exemple, et permet à l’IA d’apprendre et de donner les bonnes réponses.
Comment sécuriser le Net et son utilisation
Après avoir racheté Mandiant pour 5,4 milliards de dollars en mars dernier, Google a rappelé à l’occasion de sa keynote l’importance de la cybersécurité à ses yeux. Le géant de Mountain View se pose en effet en force de défense du Net.
Ainsi le Project Shield a été mis à contribution pour défendre les sites ukrainiens attaqués pendant le conflit. Le géant de Mountain View a également annoncé qu’il investira 10 milliards de dollars dans les cinq prochaines années dans la cybersécurité.
La protection contre le phishing, au départ de 90% des cyberattaques, va désormais être étendu aux Google Docs, et plus seulement au Play Store, par exemple. L’authentification en deux étapes sera désormais activée par défaut sur les produits Google. Et 150 millions d’utilisateurs y ont déjà adhéré.
Toujours dans le domaine de la sécurité, Google introduit également des cartes bancaires virtuelles, avec le retour de l’application Wallet, qui seront disponibles cet été, et permettront de payer avec une carte générée à la volée.
Google a également révélé Protected computing, une approche qui réduit la quantité d’informations personnelles que l’utilisateur laisse en ligne. Ensuite, les données sont dés-identifiées, enfin, l’accès aux données est restreint, y compris pour Google.
Cette fonction est à la manoeuvre quand Android vous propose de compléter automatiquement une phrase, sans conserver d’information sur le contexte, par exemple.
Google entend clairement dire qu’il met nos vies privées en avant, et veut fournir des outils qui permettent aux utilisateurs de protéger leurs données.
« Vos données personnelles ne sont jamais vendues à qui que ce soit », affirmait ainsi Google par la voix d’une de ses représentantes sur scène.
Pour montrer son sérieux et sa volonté de donner plus de contrôle sur leurs données aux utilisateurs, le géant américain a annoncé le lancement prochain de My Ad Center. Il servira à contrôler les informations utilisées pour personnaliser les publicités affichées sur votre compte. Il sera ainsi possible de choisir le genre de publicités que vous verrez. Un moyen peut-être aussi d’améliorer pour Google la pertinence des pubs et leur rentabilité…
Google va permettre aussi depuis Google Search de demander le retrait d’informations personnelles trouvées en ligne, comme un numéro de téléphone. La suppression se fera au niveau de Google Search et non du site Web, évidemment.
Google veut aussi, dans son appli iOS et Android, permettre bientôt d’avoir un résumé des sites Web trouvés dans Search, afin de s’assurer qu’ils sont fiables et sont bien ce qu’ils disent être.
Android, toujours l’OS mobile le plus populaire…
Pour la seule année 2021, un milliard de smartphones Android ont été activés… Désormais, l’objectif d’Android 13 est de se positionner dans un monde composé de plusieurs appareils pour chaque utilisateur. Le smartphone est placé au centre, d’autres appareils (tablette, téléviseur, etc.) s’y connectent, et le tout doit fonctionner de manière transparente pour créer le socle de l’ambient computing.
Pour en savoir plus sur Android 13 : Google dévoile Android 13 bêta 2 et de nouvelles fonctions pour repartir à l’assaut d’iOS et iPadOS
Détaillant les nouveautés et enjeux autour d’Android, Sameer Samat a remis une couche sur RCS, la technologie appelée à remplacer les SMS/MMS. Plus de 500 millions de personnes l’utilisent déjà, et Google encourage tous les opérateurs à y passer pour que tous les appareils puissent en bénéficier… Même si Apple traîne des pieds pour adopter cette technologie.
Android Wallet revient, et remplace Google Pay, qui avait remplacé… Wallet… Bref, il va pouvoir stocker vos cartes de paiements, vos billets d’avion, vos certificats de vaccination, et Google va faire en sorte, aux Etats-Unis, dans un premier temps, d’intégrer les cartes d’identité et permis de conduire numériques dans Wallet. L’application sera disponible dans les semaines à venir sur les smartphones Android et les appareils Wear OS.
La fonction Emergency SOS, introduite dans les smartphones pour appeler les secours en cas d’accident de voiture détecté, va être intégrée à Wear OS prochainement. Wear OS a le vent en poupe avec trois fois plus d’appareils qui l’utilisent que l’année dernière, qui a été une année de refondation.
Une alerte pour prévenir de tremblements de terre sera aussi mise en place dans Android.
Au-delà d’Android sur smartphone, les tablettes !
Mais Google ne veut plus qu’Android soit seulement synonyme de smartphones. Son OS est utilisé par 270 millions d’utilisateurs sur des appareils à grand écran, autrement dit des tablettes. Un marché où Google est en position de faiblesse par rapport à Apple.
Android sur tablette évolue, avec un Dock qui reste toujours accessible, et un multitâche pensé pour les grands écrans, évidemment.
Google va mettre à jour plus de 20 de ses applications pour qu’elles fonctionnent et s’affichent mieux sur tablette. Ce sera le cas pour Messages, ou YouTube, par exemple. Les applis tierces ne seront pas oubliées également. Les plus fameuses, comme TikTok, devraient ainsi offrir une expérience mieux adaptées aux écrans de grande taille.
Google Play sera d’ailleurs mis à jour pour mieux mettre en valeur ces applications dédiées.
Android, effacer les frontières entre les appareils
Pour qu’il soit possible de commencer un film sur son smartphone et de continuer à le regarder sur un téléviseur, Google va augmenter le nombre de partenariats qu’il a avec des fabricants de TV.
Les Chromebook pourront également détecter les smartphones Android et vous permettre de répondre à un message depuis votre PC. Il sera aussi possible de copier une image sur un smartphone et de le copier-coller sur votre tablette. Si vous pensez à Continuité d’Apple, c’est normal.
Fast Pair, la technologie de détection et appairage rapide en Bluetooth, va également être améliorée pour que vos différents appareils se connectent facilement, et qu’un casque sans-fil sachent quel appareil vous utilisez pour vous fournir le son provenant de la bonne source.
Matter, le protocole domotique universel, entrera aussi dans l’arène pour que vos objets connectés puissent être contrôlés facilement depuis votre smartphone ou tablette.
Pour s’essayer à ces nouveautés, une bêta d’Android 13 est disponible dès aujourd’hui.
L’heure du hardware, l’heure du Pixel 6a
Si le logiciel est central, Google fait aussi du hardware. Au point d’avoir introduit l’année dernière son premier SoC, le Tensor, dans les Pixel 6, et de profiter de sa keynote pour introduire son Pixel 6a. Un nouveau smartphone qui sera vendu à partir de 459 euros.
Il reprend le design des Pixel 6, avec une dalle de 6,1 pouces et deux caméras à l’arrière (12 Mpixels). Il est compatible 5G, embarque la puce Titan M2, pour plus de sécurité, et bien évidemment le même Tensor que les Pixel 6 et 6 Pro. Il est jusqu’à cinq fois plus rapide que le Pixel 5a pour certaines fonctions d’intelligence artificielle.
Pour en savoir plus sur le Pixel 6a : Google annonce le Pixel 6a, son smartphone à 459 euros, et les Pixel Buds Pro
Côté photo, il utilise Realtone, propose Night Sight pour les photos de nuit, et la fonction Magic Eraser, pour retoucher les photos rapidement depuis le téléphone. Il est même possible désormais de changer la couleur de certains éléments de la photo pour les rendre plus discrets, notamment.
Grâce au processeur Tensor, Google peut offrir des fonctions de reconnaissances vocales avancées, même en mode avion. Il est aussi possible de réaliser des traductions à la volée, avec Live Translation. Ces fonctions sont disponibles dans le Pixel 6a.
Le Pixel 6a embarque un capteur d’empreintes digitales sous l’écran et se voit garantir cinq ans de mises à jour de sécurité. Il sera disponible en trois couleurs et pourra être précommandé le 21 juillet. Sa mise en vente interviendra le 28 du même mois.
Des Google Pixel 7 teasés et des Pixel Buds Pro avec ANC…
Surprise, Google a aussi dévoilé un peu de ce que sera le Pixel 7, avec une barre en aluminium qui enserre les objectifs et séparent en deux le dos en verre du Pixel 7 et 7 Pro. Les deux appareils devraient intégrer le Tensor, où une nouvelle évolution. Les smartphones ne seront pas disponibles avant l’automne, comme le veut la tradition mise en place par la société de Mountain View.
Google a aussi introduit les Pixel Buds Pro, qui intègrent une fonction de réduction de bruit active, grâce à une puce développée par Google.
Les bruits extérieurs seront ainsi réduits ou supprimés, mais Google a également mis ses IA au travail pour améliorer les sons captés par les micros. L’autonomie annoncée est de 11h sans ANC et de 7 heures avec. Et bien sûr, ces écouteurs seront capables de passer de votre smartphone à votre tablette. Ils seront aussi compatibles avec le son spatial.
La précommande commence le 21 juillet pour une mise sur le marché le 28, au prix de 219 euros.
Un petit avant-goût du futur : Pixel Watch
La première montre connectée conçue par Google sera lancée à l’automne, mais les équipes de Sundar Pichai n’ont pas résisté à la tentation et ont montré à quoi elle ressemblera. Elle fonctionnera évidemment sous Wear OS. Elle sera tactile, via son écran, et intègrera une couronne… comme l’Apple Watch. Il sera aussi possible de l’activer par la voix, et elle sera compatible avec Google Wallet.
Elle reposera également sur le savoir-faire de Fitbit, avec un capteur cardiaque, un suivi du sommeil et de vos activités physiques… un peu comme la Watch, d’Apple. Google semble enfin sérieux dans le wearable !
Le futur toujours… une tablette !
Google a également montré un bref aperçu de ce que sera sa Pixel Tablet qui ne sortira que l’année prochaine. Peu d’informations ont donc été communiquées, mais cette annonce anticipée montre clairement que Google est désormais très sérieux et veut repartir à l’assaut d’Apple qui domine outrageusement le marché du wearable et des tablettes.
Encore plus de futur…
A la fin de sa keynote, Google a présenté au fil d’une vidéo mise en scène un modèle de lunettes connectées qui embarque un système de projection de texte sur le verre. Cela permet par exemple d’afficher en temps réel la traduction d’une conversation… Un prototype ou un concept évidemment, avec un usage bien précis, loin des Google Glass première du nom… et des Glassholes, on l’espère.
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