Dévoilée ce mardi 23 mars, la Freebox Pro est censée révolutionner le marché télécom entreprise français dominé jusque-là par les opérateurs Orange et SFR. Si elle est séduisante, sa présentation a été accompagnée de quelques approximations que nous allons lever dans cet article.
La box du télétravail ?
Présentée comme la box du télétravail, ce boîtier semble s’adresser aussi bien aux entreprises qu’aux particuliers. Mais elle est bien réservée aux sociétés. Il faut d’ailleurs entrer un numéro de Siret pour la commander.
Free avait bien précisé qu’une entreprise peut, en revanche, la demander pour équiper des salariés qui sont en télétravail. La question reste cependant de savoir ce qu’elle peut apporter à quelqu’un qui bénéficierait déjà d’un abonnement FttH grand public.
Il y a bien le débit, mais dans ce cas, la Freebox Delta, disponible au même tarif de 49,99 euros par mois, promet des vitesses de connexion presque identiques (7 Gbits/s descendants pour la Pro contre 8 Gbits/s pour la Delta, et 1 Gbit/s côté Pro contre 700 Mbits/s montants pour la Delta), toujours avec des ports Ethernet Gigabit seulement alors que des ports 2,5 ou 10 Gigabit auraient pu être pertinents pour des usages professionnels (accès distants à des serveurs de prod, par exemple). Au jeu des comparaison, on trouve également un service VPN, du stockage dans le cloud et un serveur NAS. Enfin, la Delta et la Pro partagent le même Wi-Fi 5 (802.11ac 4400), sur trois bandes. Bref, les similitudes sont nombreuses.
En revanche, la Freebox Pro se distingue par son abonnement qui comprend deux lignes fixes et une ligne mobile. Et il y a ce fameux back up 4G avec un modem, qui prend le relai automatiquement en cas de problème sur la fibre. Un package au rapport qualité-prix intéressant donc. Mais qui ne va pas forcément correspondre aux besoins d’un salarié en télétravail.
De la fibre dédiée ?
Lors d’un échange avec la presse, Xavier Niel a mis en avant les lignes de fibre optique hyper performantes de Free qui seraient en point à point. Une déclaration qui porte à confusion.
Il voulait peut-être dire que sa fibre était en point à point du Noeud de Raccordement Optique (NRO) de Free au point de mutualisation (PM) de l’opérateur d’infrastructure. Autre hypothèse, il a fait référence à quelques villes où Free compte déjà des clients reliés en point à point jusqu’à ses NRO. Mais ce sont des cas minoritaires.
L’offre de Free Pro reposera essentiellement sur un réseau BLOM (Boucle Locale Optique Mutualisée) supportant un accès FttH (fibre jusqu’à l’abonné). Cela signifie qu’il n’y aura pas de différence d’architecture entre les lignes des abonnés grand public et celles des clients entreprise.
Autrement dit les utilisateurs se partagent une même fibre et un même signal lumineux pour faire transiter les données. Mais chacun se voit attribuer ensuite sa propre fibre en bout de course sur son palier pour recevoir uniquement ses informations.
La box la plus rapide ?
« C’est la vitesse la plus rapide de toutes les offres FttH du marché », a déclaré le directeur général d’Iliad Thomas Reynaud lors de la conférence. Reposant sur le standard 10G-PON, la Freebox Pro promet des pics théoriques de 7 Gbits/s en download et de 1 Gbit/s en upload. C’est effectivement largement supérieur à ce que proposent Bouygues Telecom, Orange et SFR.
Mais ce serait oublier un peu vite qu’il existe d’autres opérateurs B2B, même s’ils n’ont pas forcément une envergure nationale.
« Nous sommes l’un des deux seuls opérateurs disposant d’offres FttH “10G” en service commercial sur réseau BLOM », nous a indiqué Nicolas Guillaume, président de Netalis, une société qui rayonne en Bourgogne-Franche Comté mais qui compte bien aller au-delà de ce périmètre.
La seule box sans engagement ?
« Une des choses qui n’existe pas sur ce marché, c’est la liberté », a déclaré Xavier Niel lors de la présentation.
Free entend effectivement se distinguer des autres opérateurs en proposant des offres sans engagement. Mais il n’est pas le premier. SFR l’a fait avant lui avec sa SFR Fibre Power Pro à 43 euros par mois.
Une box deux fois moins chère que les autres ?
Free a affirmé que le tarif de la Freebox Pro était deux fois moins cher que l’équivalent chez un autre opérateur. Ce n’est pas tout à fait juste. Bouygues Telecom propose, par exemple, un accès FttH à 44,99 euros par mois.
Mais, cela ne comprend pas, effectivement, la ligne mobile qui revient en sus à 29,99 euros par mois. Sur le package fixe + mobile, Free est le moins cher.
Si on rajoute le premier disque dur interne du NAS (gratuit, mais de peu d’intérêt pour une structure qui voudrait en faire une base de sauvegarde locale), et les 200 Go de stockage gratuit dans le Cloud, on constate que Free ajoute les arguments… Mais il est toutefois difficile d’assurer sans hésitation que son offre est « deux fois moins chère ».
Vous l’aurez compris, la Freebox Pro présente un rapport qualité-prix extrêmement intéressant sur le papier. Mais elle a été légèrement survendue lors de sa présentation. C’est tout l’art du marketing de Free.
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