Vous rappelez-vous du web en 2004 ? Pas si sûr. A cette époque lointaine, Youtube n’existait pas encore, on écoutait de la musique illégalement grâce à Kazaa, on découvrait les blogs. Quant aux ados, ils se répandaient avec des pseudos du type xxxxCrAzypowaAAAxxx sur les murs criards de Myspace. En février 2004, Mark Zuckerberg, lui, avait 20 ans. Et lançait avec quelques camarades un site qui allait changer la face du web à la manière d’un tsunami : Facebook.
Parti d’une idée simple –imaginer le trombinoscope universitaire 2.0- Zuckerberg innove d’emblée en imposant ce qui est encore exceptionnel sur le web de l’époque : obliger ses utilisateurs à s’inscrire avec leur véritable nom.
Le concept connaît un succès immédiat : en 24 heures, 1200 étudiants de Harvard –le site leur est au départ réservé- créent leur profil. Quatre mois plus tard, Facebook s’est étendu à 30 campus américains et compte déjà 150 000 membres (Il faut à l’époque une adresse en « .edu » pour en être). Et en décembre 2004, ils sont déjà un million sur ce nouveau site, « the place to be » d’autant que son accès est réservé à une certaine élite universitaire. En 2006, Facebook s’ouvre enfin à tous les internautes. Et va devenir en quelques années bien plus que le trombinoscope imaginé au départ par « Zuck » : un véritable annuaire du web, riche de plus d’un milliard de membres.
En quelques dates, entre succès fulgurants, polémiques et bides retentissants, nous vous proposons de revenir sur les services et innovations qui ont fait de Facebook ce qu’il est aujourd’hui.
Septembre 2004 : Le Mur
Imitant Myspace, le réseau social numéro 1 de l’époque, Facebook lance très vite le Wall, un espace sur votre profil sur lequel vos amis peuvent venir écrire ce qu’ils désirent. Mais loin des Gifs animés et des publicités qui encombrent Myspace, les murs de Facebook sont « propres ».
Octobre 2005 : Facebook photos
Facebook s’enrichit très vite de nouvelles fonctions de partage et de la possibilité de montrer des photos à ses amis sera essentielle à son développement. C’est aujourd’hui un des services les plus populaires du site. Chaque jour, plus de 350 millions de photos sont partagées sur Facebook. En septembre dernier, on estimait que plus de 250 milliards de clichés ( !) avaient déjà été téléchargés sur le site.
Septembre 2006 : Le fil d’actualités
Comment faire revenir un même utilisateur plusieurs fois par jour sur Facebook ? En lui proposant un flux d’informations mis à jour en permanence. Le « fil d’actu » qui vous informe de l’activité de tous vos amis n’arrive qu’en 2006, accompagné du « mini-feed », l’ancêtre du Journal, qui montre par ordre antéchronologique toute votre activité sur le site.
Octobre 2006 : « Partager sur Facebook »
C’est un bouton de rien du tout qui va commencer à asseoir Facebook comme un des centres de la Toile. Un petit bouton que n’importe quel site peut intégrer d’un copier coller et qui permet aux internautes de partager un article, une photo ou une vidéo en un clic de la page web sur leur profil. Succès immédiat, Facebook ayant su s’entourer de partenaires de choix pour le lancement, comme Collegehumor, The New York Times ou l’IMDB.
Aout 2007 : Facebook pour iPhone
La première version mobile du site a été lancée en 2006 sur les smartphones de l’époque. Mais la web app conçue pour iPhone –l’App Store n’existe pas encore- étonne par sa fluidité et son ergonomie. Ce site mobile, épaulé par une appli native dès 2008, signe le vrai départ de Facebook sur les terminaux mobiles. Désormais, Facebook enregistre davantage de connexions depuis un mobile que depuis un ordinateur traditionnel.
Novembre 2007 : Beacon, le module polémique
Voilà qui restera peut-être la fonction la plus controversée de Facebook. Peu après le lancement de la plate-forme, Zuckerberg dévoile Beacon, un « outil » qui permet à vos amis (et aux publicitaires) de connaître vos habitudes de surf sur un ensemble de sites partenaires de Facebook. Beacon est immédiatement l’objet d’une vive polémique et plusieurs class actions pour atteinte à la vie privée. Le scandale autour de Beacon éclipse aussi l’arrivée de Facebook Ads –qui offre aux publicitaires un ciblage inédit- et des Pages Facebook pour les entreprises.
Avrll 2008 : Facebook Chat
A son système de messages privés Facebook ajoute les messages instantanés. Là encore, c’est un carton intégral. Et malgré un accord avec Microsoft qui permet à ce dernier d’intégrer les conversations Facebook à Messenger, le chat du service de Zuckerberg signera l’arrêt de mort en France de l’ancien roi de la messagerie instantanée…
Février 2009 : le bouton « j’aime »
Le pouce levé est en quelques mois devenu un symbole du réseau social et l’une de ses fonctions les plus populaires. Le « Like », d’abord conçu pour indiquer à vos amis que vous appréciez ce qu’ils ont posté sera dès 2010 accessible à tous les sites web. Aujourd’hui, rares sont ceux qui n’intègrent pas cette fonction. Mais à son lancement, une vive polémique avait agité le web, de nombreux sites refusant d’être ainsi affiliés à Facebook… et à ses outils publicitaires.
Avril 2010 : le protocole Open Graph
Avec cette nouvelle technologie, Facebook se pose désormais carrément au centre du web. Ce « Beacon 2.0 » permet de traquer toute votre activité sur le web et d’en témoigner sur Facebook. A partir du moment ou vous autorisez une appli Facebook à le faire, elle peut en effet automatiquement publier en votre nom votre activité sur Facebook, à l’image de Spotify, qui publie tous les morceaux que vous écoutez.
Septembre 2011 : lancement de Timeline
Fini, le bon vieux profil. Avec Timeline (Journal, en français) Facebook vous propose tout bonnement d’écrire le journal de votre vie et de tout partager avec vos amis, y compris vos… maladies ! Le site en profite pour se refaire une beauté et mettre davantage en avant vos photos. Cette nouvelle présentation qui a au passage fait resurgir des publications que l’on pensait disparues, a été un semi-échec pour l’entreprise.
Mai 2012 : Facebook Camera
La prise de photos, c’est l’une des « killer app » des téléphones mobiles. Pas question pour Facebook d’être en dehors de ce phénomène, c’est pourquoi il crée l’application Camera. Elle permet de prendre des photos, faire des retouches puis les envoyer directement sur Facebook. Cela ressemble beaucoup à ce que propose Instagram, que Facebook avait d’ailleurs racheté un mois plus tôt pour un milliard de dollars. Aujourd’hui, Facebook Camera semble un peu tombé dans l’oubli. Mais l’application existe toujours.
Face aux algorithmes déshumanisés de Google, Facebook propose l’inverse : un moteur de recherche centré sur l’utilisateur et son réseau d’amis. Baptisé « Graph Search », l’outil se révèle assez puissant, voire bluffant. Envie des connaître les photos que vos amis ont appréciées ? Fastoche. La musique que vous pourriez aimer ? Trop simple. Les femmes mariées qui aiment le sexe ? Facile aussi. Et c’est un peu là le problème de Graph Search : cet outil révèle assez rapidement des données un peu trop personnelles, générant une certaine inquiétude chez les utilisateurs. Pour l’instant, le service n’est disponible qu’en anglais.
Bien décidé à réussir son virage vers le mobile, Facebook lance Home, une espèce de surcouche logicielle pour smartphones Android qui n’est « ni un téléphone portable, ni un système d’exploitation, mais bien plus qu’une simple application ». En revanche, ce ne sera pas un succès, mais bien un flop. Les utilisateurs ne souhaitent pas que leur smartphone – l’objet le plus personnel après la brosse à dents – soit totalement dévoué à Facebook. Résultat : seul HTC se lancera dans l’aventure, avec son modèle First, mais qui sera aussi le dernier du genre. Seuls 15 000 ont été écoulés…
Face à l’insolent succès de Snapchat et ses messages éphémères, Facebook crée Instagram Direct, un service pour partager ses photos avec un petit groupe de personnes, et non pas avec tous ses followers. L’idée est de donner la possibilité d’envoyer à des proches des moments d’intimités ou de rigolades, qui est le terrain de jeu de Snapchat. Mais Facebook n’a pas poussé le bouchon jusqu’à créer un service de messages éphémères. Est-ce qu’Instagram Direct est un succès ? C’est difficile à dire, peu de données circulent à son sujet…
Février 2014 : Facebook Paper
Facebook, dont les revenus publicitaires sur mobile ne cessent d’augmenter, veut capter encore davantage l’attention de ses utilisateurs sur smartphone avec l’appli Paper. Dotée d’une interface assez léchée à la « Flipboard », elle agrège à la fois les nouvelles postées par ses amis ainsi que les fils d’actus du web. Elle permet aussi de poster du contenu sur Facebook.
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