Nos confrères de The Guardian viennent de mettre en ligne une « enquête de deux ans » consacrée au trafic sexuel d’enfants, qui prolifère sur Facebook et Instagram. D’après le média, une armée de prédateurs continue de se servir des deux réseaux sociaux pour entrer en contact avec leurs victimes. Selon l’Human Trafficking Institute, Facebook est la plate-forme la plus prisée des trafiquants sexuels, devant Instagram et Snapchat.
Le mode opératoire des criminels est souvent le même. Un adulte, généralement un homme, envoie un message à une adolescente. De fil en aiguille, celui-ci réclame des photos dénudées à la jeune fille. Il se dit prêt à lui offrir de l’argent en échange.
Par la suite, le prédateur persuade l’adolescente de se faire de l’argent en se prostituant. Il se sert du compte Facebook ou Instagram de celle-ci pour « faire de la publicité pour des relations sexuelles ». Ayant la main mise sur la jeune fille, le proxénète gère la logistique des rencontres de A à Z.
À lire aussi : Instagram et Facebook vont un peu moins vous suivre sur les réseaux sociaux, voici pourquoi
L’inefficacité de Meta ?
Dans le cadre de son enquête, The Guardian a interrogé plus de 70 sources, dont des procureurs, des professionnels de la protection de l’enfance et des modérateurs de contenus. Toutes les personnes contactées s’accordent à dire que Meta est incapable d’agir efficacement contre les trafiquants d’êtres humains.
Pour de nombreux procureurs, Meta manque bien souvent de réactivité, ce qui complique les enquêtes judiciaires. Le géant américain traîne fréquemment à exécuter des décisions de justice. Trop souvent, Meta rejette aussi un mandat délivré par les autorités, ce qui peut « retarder le sauvetage d’une victime », regrette Gary Ernsdorff, procureur adjoint du comté de King.
C’est loin d’être la première fois qu’une enquête pointe du doigt l’inefficacité de Meta. Le mois dernier, une plainte, déposée par des fonds de pension et d’investissement américains, accusait le groupe de Mark Zuckerberg d’avoir « aidé, soutenu et facilité la tâche des criminels responsables de proxénétisme, de trafic d’êtres humains et de pédocriminalité ».
Meta répond aux critiques
Meta admet que les trafiquants d’êtres humains se servent de Facebook et Instagram pour piéger leurs victimes. Le titan de Menlo Park assure par contre faire tout ce qui est en son pouvoir pour lutter contre les prédateurs. Meta précise cependant qu’il n’est pas possible d’agir au quart de tour sans avoir toutes les informations nécessaires :
« Nous prenons toutes les allégations et tous les rapports de contenus impliquant des enfants extrêmement au sérieux. […] Notre capacité à supprimer du contenu ou à supprimer des comptes nécessite des informations suffisantes pour déterminer que le contenu ou l’utilisateur enfreint nos politiques ».
La firme rappelle que Facebook a signalé plus de 73,3 millions de contenus de nudité et d’abus physique des enfants « en utilisant la technologie la plus sophistiquée ». De son côté, Instagram a signalé 6,1 millions de contenus de cet acabit.
« Nous aidons de manière proactive les forces de l’ordre à arrêter et à poursuivre les criminels qui commettent ces infractions. Lorsque nous sommes informés qu’une victime est en danger et que nous disposons de données qui pourraient aider à sauver une vie, nous traitons immédiatement une demande d’urgence », se défend le groupe californien.
La loi contraint les plates-formes à rapporter tous les contenus pédopornographiques aux autorités. Par contre, la législation américaine n’oblige pas Meta à signaler le trafic sexuel sur ses plates-formes… Dans ce cas-ci, l’entreprise n’est pas légalement considérée comme responsable. Les cas de trafic sexuel signalés par Meta sont d’ailleurs très peu nombreux, note l’enquête.
🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.
Source : The Guardian
j’ai toujours pensé qu’il y avait quelque chose de pourri dans tous ces réseaux sociaux.