Ne plus donner de répit aux terroristes sur la Toile, tel est désormais le crédo du gouvernement britannique. Après la terrible attaque à Londres, samedi 3 juin dernier, la Première ministre Theresa May a estimé, lors d’une conférence de presse tenue dimanche, qu’il fallait éliminer les « espaces sécurisés » en ligne dont profitent les terroristes et qu’il fallait davantage « réglementer le cyberespace » pour éviter la diffusion de leur idéologie extrémiste. Mme May a notamment pointé du doigt les géants du Net dont les services profitent aux terroristes.
« Nous ne devons pas laisser à cette idéologie l’espace sécurisé dont elle a besoin pour se propager. Pourtant, c’est précisément ce que fournit l’Internet – ainsi que les grandes entreprises qui fournissent des services basés sur Internet. Nous devons travailler avec des gouvernements alliés et démocratiques pour parvenir à des accords internationaux qui réglementent le cyberespace pour empêcher la propagation de l’extrémisme et de la planification du terrorisme. Et nous devons faire tout ce que nous pouvons chez nous pour réduire les risques d’extrémisme en ligne », a-t-elle expliqué.
Theresa May a estimé par ailleurs que la menace terroriste était désormais « plus complexe, plus fragmentée, plus cachée », en particulier sur Internet. Par conséquent, elle souhaite passer en revue la stratégie anti-terroriste de son pays pour vérifier si les forces de l’ordre avait bien « les pouvoirs dont ils ont besoin ». Un durcissement de la loi sur la surveillance numérique est donc à craindre. Pourtant, le Royaume-Uni dispose déjà d’une des lois les plus liberticides du monde, avec le vote en 2016 de l’Investigatory Powers Act.
Haro sur WhatsApp, Telegram et consorts
Cette loi permet, notamment, une collecte de masse indifférenciée de données de communications et permet aux forces de l’ordre des pirater les équipements informatiques des particuliers. Elle permet également de contraindre les opérateurs télécoms de coopérer dans la surveillance numérique, par exemple en déchiffrant leurs flux, comme le précise l’association Electronic Frontier Foundation. A l’époque, le gouvernement britannique souhaitait également inclure les fournisseurs de services de messagerie dans cette loi, pour accéder aux données de communication de WhatsApp, Telegram et consorts. Mais il a finalement abandonné cette idée, suite à une levée de boucliers de la part des défenseurs des droits citoyens.
A la suite de ces nouveaux événements tragiques, la croisade contre les messageries chiffrées risque donc de repartir de plus belle, et cela en dépit du bon sens. Les experts en sécurité ont déjà affirmé maintes fois qu’affaiblir la sécurité de ces logiciels commerciaux n’allait pas résoudre le problème du terrorisme, dans la mesure où il existe également des logiciels open source disponibles sur le Web et que les groupes terroristes peuvent développer leurs propres plateformes de communication. Au final, ce serait surtout les utilisateurs normaux qui pâtiraient d’une telle mesure, car ils ne bénéficieraient plus d’une protection adéquate de leur vie privée.
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