Les géants se réveillent enfin ! Alors que les rumeurs se font de plus en plus insistantes chez Canon, le nouvel appareil photo hybride à capteur plein format de Nikon dont nous vous avons parlé plusieurs fois ces dernières semaines est enfin officiel. Cette nouvelle lignée d’appareils s’appelle donc Z et les deux premiers boîtiers à la représenter se nomment Z7 et Z6. Deux boîtiers qui ne diffèrent que par le capteur (et des performances de rafales et d’ISO attenantes) : le Nikon Z7 intègre un capteur CMOS de 45 millions de pixels et le Z6 un modèle à la définition plus sage de 24 Mpix.
Alors que les parts de marché des hybrides Alpha A7 et Alpha A9 de Sony ne cessent de croître (pour la première fois de son histoire, Sony a pris la 1ère place du marché américain des appareils photo à capteur plein format en juillet dernier), Nikon lance enfin sa réponse. Une vraie riposte même car outre ces deux premiers boîtiers, le constructeur s’engage aussi sur la sortie de 12 optiques d’ici 2020, un fait rare dans l’histoire des lancements de nouveaux systèmes photographiques.
Mieux qu’un simple accompagnement de la lecture des fiches techniques, 01net vous propose l’une des premières prises en main de l’appareil haut de gamme de cette nouvelle lignée : le Z7.
Primeur rarissime
Avant d’entrer plus en détails sur les caractéristiques techniques de l’appareil, il nous faut vous préciser que si le test de l’appareil n’arrivera que d’ici la fin septembre, l’appareil ne nous est pas totalement étranger puisque que nous avons passé quelques jours en sa compagnie il y a de cela deux petites semaines. Une prise en main rarissime non seulement dans le cas d’un reflex « normal », mais qui relève du jamais vu pour le lancement d’un nouveau standard d’appareils ! La raison de cette opération de grande envergure – plusieurs rédactions de par le monde et en France ont eu le même accès – est que la maison mère au Japon a voulu montrer aux journalistes de quoi elle était capable et obtenir l’écho médiatique qui correspond. Logique : pour contrer Sony, il faut gonfler ses muscles. Ce que Nikon a fait avec son Z dont on a bien l’impression que le nom a été choisi comme antithèse des Alpha de Sony !
Z, la monture XXL
Le Z7 et le Z6 partagent l’essentiel de leur fiche technique. Les deux boîtiers sont donc des appareils d’un gabarit proche des Alpha A7/A9 de Sony et sont conçus autour d’une nouvelle monture Z au tirage optique exceptionnel de seulement 16 mm (et 55 mm de diamètre intérieur) : le capteur d’image n’a jamais été aussi proche de l’optique. Cette nouvelle monture est un argument phare de Nikon car cela permet plus de latitude dans la création des objectifs : Nikon devrait pouvoir proposer développer des modèles grand angle bien plus compacts, réduire le nombre de lentilles de correction de trajectoire au sein de toute sa gamme et proposer, à ouverture égale, une qualité et une homogénéité de l’image supérieure à celle offerte par les reflex traditionnels.
Côté capteur, les deux nouveaux modèles de 24,5 Mpix et 45,7 mpix sont des composants entièrement nouveaux qui prennent en compte non seulement la nouvelle monture et la trajectoire des rayons lumineux (nouveau réseau de microlentilles) mais aussi, pour la première fois chez Nikon, l’autofocus hybride couplant corrélation de phase et détection de contraste. Le Z7 et son capteur de 45 Mpix intègre ainsi 493 points de corrélation de phase et une surface utile d’autofocus sur 90% de la surface du capteur. Si Sony fait déjà aussi bien voire mieux sur l’A9 (699 collimateurs de corrélation de phase), Nikon est cependant « au niveau » techniquement (capteurs rétro-éclairés et stabilisés sur 5 axes/5 vitesses, etc.) et devrait prétendre à de bonnes performances.
Les deux engins sont pilotés par le nouveau processeur Expeed 6, qui succède à l’Expeed 5 des D500 et autre D850. La vidéo 4K sans recadrage est donc (enfin !) de la partie ainsi que de belles plages ISO : 64 à 25.600 ISO pour le Z7 et de 100 à 51.200 ISO pour le Z6. Si le Z7 séduira certains photographes (notamment de paysages et de studio) pour sa sensibilié native basse de 64 ISO, le Z6 profite de sa moindre densité en photosites pour grimper une étape de plus en hautes sensibilités, ce qui plaira aux reporters.
Viseur « du réel »
Comme tout hybride, le Z7 ne fait pas appel à un viseur optique mais électronique. Cette dalle de 3,6 Mpix se place dans le haut du panier et égale celle du Sony A7R Mark III – sans pouvoir faire l’ombre à la superbe dalle de 4,4 Mpix du Leica SL. La promesse de Nikon est un viseur « réel » et la promesse n’est pas vaine : pour avoir utilisé l’appareil pendant un peu moins d’une semaine, le fait que la trame de pixels ne soit pas apparente rend l’image bien plus naturelle que celle, certes parfois plus précise, de l’A7R Mark III de Sony. Une fois les informations techniques désactivées, on a presque l’impression d’une « vraie » image, ce d’autant plus que les lentilles devant le viseur sont d’excellente qualité et que l’image est dépourvue des déformations que l’on retrouve dans des hybrides plus bas de gamme.
Pour certains utilisateurs, cette visée bien plus naturelle pourrait être un argument de taille dans leur choix de système hybride plein format.
Solide comme… un reflex
C’est l’une des promesses intéressantes de ce Z : il serait aussi solide que le D850 sorti l’an dernier. Des affirmations de robustesse qui feront plaisir aux oreilles des photographes qui regrettent que les hybrides ne soient « pas aussi robustes que les reflex » – des affirmations qui sont en partie fondées sur la relative fragilité des boîtiers Sony Alpha mais qui ne prennent pas en compte les costauds comme le Panasonic Lumix G9.
Si nous n’avons pas encore pu faire souffrir le Z7 – cela ne saurait tarder – notre première prise en main est plus que rassurante : comme en témoigne les détails du grip, si proche des reflex de la marque, Nikon a appliqué son concept de « cameraness » à son nouvel hybride. Logique : la marque devrait, dans un premier temps, non pas essayer de chasser sur les terres de Sony mais proposer aux photographes qui sont déjà équipés en Nikon de basculer sur un hybride. Et pour convaincre un Nikoniste côté boîtier, il faut que celui-ci soit résistant. Vivement le test terrain.
Après les quelques jours passés avec cet appareil nous pouvons d’ores et déjà affirmer que sa prise en main est très agréable : les matériaux sont vraiment « reflex », le joystick répond bien, le revêtement du grip est top et l’écran, heureusement orientable, semble capable d’encaisser de nombreuses manipulations un peu agressives. Nikon a eu le temps (encore heureux…) de regarder la concurrence (comprendre « Sony ») et a profité de son savoir-faire pour améliorer le format de l’appareil, très proche des Alpha. Seul reproche : à vouloir répondre à Sony et persister dans le mythe « l’hybride DOIT être plus petit que le reflex », Nikon a fait que l’appareil est logiquement moins bien équilibré avec une optique lourde (lire plus loin). Une erreur qui aurait pu être évitée si les constructeurs comprenaient que c’est moins la taille que le poids qui gêne.
Cette compacité extrême a d’ailleurs empêché Nikon d’ajouter, en plus de l’emplacement XQD, un second emplacement pour carte SD. Quant au choix du XQD, si la carte est effectivement plus rapide que la SD, elle n’est utilisée que par quelques rares appareils Nikon et s’avère rare et chère. Espérons que le standard se propage et/ou que les Z soient des appareils à succès et que la XQD devienne moins chère…
Enfin une feuille de route optique !
Au lancement, 3 optiques seront disponibles dans la nouvelle gamme dédiée à cette monture Z appelée « S-Line » : un zoom 24-70 mm f/4 certes pas très lumineux mais très compact, un 35 mm f/1.8 et un 50 mm mm f/1.8. Un choix de focale qui laisse parler l’ADN « reportage » de Nikon – et ça, ça nous plaît !
Trois optiques seulement répondez-vous ? Oui, mais pour rassurer les investisseurs potentiels, Nikon a dû accepter de se plier à un rituel que ne pratiquent jamais les géants installés de la photo : la publication d’une feuille de route (roadmap) sur les optiques à venir.
Si on a déjà vu ça chez Panasonic, Fujifilm ou Pentax, jamais l’un des deux « grands » (Canon et Nikon) n’a publié ces fameux plans. Question de culture du secret, forte chez les entreprises nippones, mais aussi question de leadership : maître du reflex avec Canon, Nikon n’est dans le domaine de l’hybride qu’un nouvel entrant qui, en tant que tel, se doit de rassurer.
Il faut ici saluer le courage et la rationalité de Nikon qui a accepté de ravaler son honneur dans un seul but : vaincre. Et la marque au logo jaune et noir n’y est pas allée avec le dos de la cuillère puisque nous avons un engagement ferme du lancement de pas moins 9 optiques d’ici 2020, optiques dont nous avons les caractéristiques principales ce qui est rarissime dans l’industrie. De plus, si on interprète le schéma ci-dessus comme « une ligne de couleur, une optique », il semble que Nikon donne les détails de 9 optiques sur 12, puisque 3 lignes ont été colorées mais sont dépourvues de détails. De quoi laisser un peu de suspense et espérer des lancements « surprise » ?
En attendant, on peut toujours se rabattre sur les optiques existantes puisque Nikon proposera une bague d’adaptation en option qui sera compatible avec toutes les optiques lancées par Nikon, les Z7 et Z6 intégrant même des corrections optiques logicielles pour chacune des plus de 300 optiques lancées ! Seul faux-pas de cette bague : elle sera facturée 150 euros de supplément en kit… et 299 euros seule ! Vu les tarifs élevés des boîtiers, Nikon aurait bien été inspirer de l’offrir pour « récompenser » les Nikonistes qui restent dans le système…
De beaux cailloux, de belles images
Nous avons pu mettre la main sur le zoom 24-70 mm f/4 et le 35 mm f/1.8 et si nous n’avons pas la permission de partager les photos prises avec (il s’agissait de prototypes), la qualité est réellement aussi bonne en main qu’à l’écran. Auscultées à 100%, les photos sont vraiment belles avec un rendu très doux de type « reflex » qui tranche avec la tendance des hybrides actuels au rendu acéré. En main, nous avons apprécié le fait que les optiques soient adaptées à l’appareil, comprendre suffisamment légères et compactes – on pense à ce satané Sony 35mm 1.4 FE ZA (SEL35F14Z) du monde Sony Alpha qui est un poil plus lumineux mais tellement lourd… Nikon a privilégié l’usage sur l’indice pur de l’ouverture et c’est une excellente chose.
Côté compatibilité, nous avons pu tester l’adaptateur avec le 300 mm f/4 ultra compact et le 105 mm f/1.4, deux optiques récentes de la monture F des reflex plein format de chez Nikon. Là encore, la qualité d’image est top – netteté plus franche qu’avec un D850 mais toujours avec le rendu doux qui caractérise les fichiers Nikon – et la compatibilité notamment en termes d’AF est garantie tant l’AF avait l’air rigoureusement similaire avec ce à quoi nous avons l’habitude sur les reflex avec ces optiques.
Quand pourrez-vous mettre la main sur ces deux beaux bébés ? Pas tout de suite : le Nikon Z7 arrivera fin septembre/début octobre et le Z6 dans le courant du moins de novembre. Les tarifs sont, Nikon et plein format oblige assez élevés – et alignés sur ceux pratiqués par Sony :
- Le Nikon Z7 sera disponible à 3699 euros boîtier nu
- Le Nikon Z6 sera disponible à 2299 euros boîtier nu
Dans les faits, puisque la monture est toute nouvelle, ces boîtiers n’auront de sens qu’avec, au choix, une optique et/ou un adaptateur pour optiques F.
- Le Nikon Z7 et l’adaptateur FTZ sera vendu à 3849 euros
- Le Nikon Z7 et le zoom 24-70mm f/4 S sera vendu à 4299 euros
- La totale Nikon Z7 avec le zoom zoom 24-70mm f/4 S et l’adapteur FTZ sera vendu à 4449 euros
Le petit frère Z6 profitera dès le mois de novembre des mêmes offres groupées :
- Le Nikon Z6 et l’adaptateur FTZ sera vendu à 2449 euros
- Le Nikon Z6 et le zoom 24-70mm f/4 S sera vendu à 2899 euros
- La totale Nikon Z6 avec le zoom zoom 24-70mm f/4 S et l’adapteur FTZ sera vendu à 3049 euros
Côté accessoires et optiques :
- L’adaptateur FTZ (optique monture F vers baïonnette Z) sera vendu à 299 euros
- Le Nikkor Z 24-70 mm f/4 S sera vendu à 1099 euros
- Le Nikkor Z 35mm f/1.8 S sera vendu à 949 euros
- Le Nikkor Z 50 mm f/1.8 S sera vendu à 679 euros
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