Un jeune homme de 29 ans vient d’ébranler la planète. Edward Snowden est américain. Il a grandi en Caroline du Nord, puis dans le Maryland, pas très loin du quartier général de la NSA, à Fort Meade. La NSA pour laquelle il travaillait – via un sous-traitant Booz Allen Hamilton – il y a encore trois semaines, à Hawaï, pour un salaire très confortable. Sa formation a fait de lui un expert en sécurité, il avait donc accès à de très nombreuses informations. Il a été exposée à beaucoup de données précieuses et classées secret défense.
Idéaliste
Trop, peut-être, au point que, celui qui s’était engagé dans l’armée pendant la guerre en Irak « parce [il] sentait qu’[il] avait l’obligation en tant qu’être humain d’aider à libérer [ses] semblables de l’oppression », confiait-il à Glenn Greenwald, journaliste pour le Guardian, est devenu un whistle blower. Un « souffleur de sifflet », un dénonciateur, comme on appelle en anglais ceux qui sonnent l’alarme en révélant des informations jusque-là secrètes.
Document secret
C’est donc un document PowerPoint de 41 pages destiné à présenter le programme Prism aux agents américain des services secrets qui a nourri les fuites qui ont secoué les Etats-Unis et l’Europe en fin de semaine dernière. « Si j’avais vraiment voulu faire du mal aux Etats-Unis… […] Il y a des tas de documents qui auraient pu avoir un gros impact que je n’ai révélé, parce que blesser des gens n’est pas mon objectif. La transparence, si. », se défendait-il devant le journaliste-blogueur américain pour démontrer que son propos n’est pas d’affaiblir sa nation d’origine.
La transparence en lieu et place d’une « architecture de répression », selon ses propres termes. La transparence qui l’a poussé à sortir volontairement de l’ombre à l’heure où James Clapper, le patron du renseignement américain, lançait une enquête sur ces fuites.
Mise en danger pour les libertés
Une prise de risque et une mise en danger pour alerter sur les dérives d’un système qu’il faut mettre à bas, selon lui. « Ma seule motivation est d’informer le public de ce qui est fait en son nom et de ce qui fait contre eux », annonçait-il, conscient des risques qu’il a pris. Après avoir travaillé près de dix ans dans les services secrets, il n’est pas ingénu. « Je comprends qu’on me fera souffrir pour mes actions » mais « je serai satisfait si la fédération de la loi secrète, du pardon inégal et les puissances irrésistibles de l’exécutif qui dominent le monde que j’aime sont démasquées, même pour un instant. », déclarait-il un brin lyrique.
Caché dans un hôtel à Hong Kong, depuis trois semaines maintenant, il attend de voir comment le monde va réagir à la petite bombe qu’il a lâchée, il attend aussi peut-être que la CIA ou d’autres services secrets se saisissent de lui. Il sait que cela peut arriver mais le pire selon lui serait que « dans le cadre de cette affaire, rien ne change… ». Alors son sacrifice aura été vain et les Etats-Unis et le reste du monde auront certainement préféré ne pas se poser de question et regarder leurs séries à la télévision, avant de se coucher et d’oublier peu à peu leur liberté d’expression.
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Source :
The Guardian
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