Si la livraison par drones est encore loin d’être généralisée, ce n’est pas qu’une question de réglementation. Mais aussi de maturité technologique. Pour arriver un jour à réaliser le rêve d’Amazon, il va falloir développer des engins professionnels plus sûrs, plus endurants, plus intelligents, moins bruyants et capables de s’adapter en permanence à des obstacles imprévus et des aléas météorologiques. Quelques-unes des start-up françaises qui planchent sur le sujet étaient réunies cette semaine au Musée de l’Air et de l’Espace du Bourget à l’occasion du Concours de robotique extérieur créé par le ministère de l’Economie et organisé par l’Onera, le centre français de recherche aérospatiale. Nous y étions.
Ezmanta ouvre la voie aux drones hybrides
Le graal des industriels actuellement, c’est d’arriver à concevoir un drone réunissant les qualités aérodynamiques d’un avion et la robustesse d’un hélicoptère. La petite start-up française Eznov l’a fait avec son nouvel aéronef hybride Ezmanta, commercialisé depuis le mois dernier et lauréat du premier prix de l’innovation du Concours de robotique extérieure ce mardi 7 mars. C’est un drone de cartographie d’utilisation très simple qui embarque un smartphone pour les prises de vue. Mais sa vraie originalité, ce sont ses moteurs hybrides.
« Notre drone comporte 3 moteurs orientables et indépendants qui s’adaptent en permanence durant le vol », nous explique Amandine Peltier, responsable marketing de la start-up. Ezmanta décolle de façon verticale comme un hélicoptère, puis rabat ses pâles à l’horizontal dans les airs pour aller plus vite et assurer un meilleur aérodynamisme. Au moindre coup de vent, il peut changer de configuration pour affronter les éléments. Au final, cette souplesse lui permet d’atteindre les 40 minutes d’autonomie contre une vingtaine avec un drone de type hélicoptère.
Des aéronefs sous haute tension
Exploit. Ineo, une filiale d’Engie a réussi à mettre au point des drones qui permettent de dérouler des câbles pour construire des lignes à haute tension. Une opération réalisée jusqu’ici par des hélicoptères. Le drone est équipé d’un système de suspension permettant d’y accrocher un câble. On vous laisse imaginer le coût et le temps épargnés par cette innovation qui possède, en outre, l’avantage de réduire l’impact environnemental.
Dans la même veine, la société Elo Energie planche sur un prototype capable de s’amarrer à un câble sous tension déjà en service pour des opérations de maintenance. Le drone pourrait hisser carrément une table de travail de plusieurs dizaines de kilos. Le tout permet au final de dérouler du câble grâce aux roues motorisées du drone. Là encore le gain de temps serait considérable, les interventions humaines nécessitant actuellement de couper le courant et de tout immobiliser.
Des capteurs plus performants
https://www.youtube.com/watch?v=4oSB4xwbBn8
Prix spécial du jury lors du Concours, le drone d’inspection d’avion Donecle a été développé par une start-up toulousaine qui s’est lancée il y a seulement deux ans. Aujourd’hui, le contrôle de la surface d’un avion prend encore huit heures et mobilise 15 à 20 personnes. En déployant plusieurs Donecle fonctionnant en essaim, l’opération a été réduite à une trentaine de minutes. La particularité de ce drone ? Le positionnement par laser pour réaliser l’inspection dans un environnement fermé, le signal GPS ne pouvant y être capté. Air France-KLM a déjà opté pour cette solution.
Autre dispositif avec des capteurs innovants, YellowScan Mapper, commercialisé depuis juin 2016 et dont l’objectif est de cartographier l’environnement en 3D. Embarqué sur un drone, il permet littéralement de voir à travers la végétation. Il est équipé d’un appareil photo, couplé à une centrale inertielle pour l’aide au pilotage, un scanner laser et un LIDAR (comme celui des voitures autonomes mais en beaucoup plus léger). Ce sont donc trois capteurs miniaturisés et parfaitement intégrés, qui ne dépassent pas au total les 2,1 kilos, batterie comprise. Plus besoin pour un géomètre de faire ses relevés à pied dans des zones difficiles d’accès ou de réquisitionner un avion. Yellow Scan s’en charge avec une précision de l’ordre de 5 cm et restitue l’environnement en 3D en quelques minutes. Il compte déjà Enedis comme client.
Des drones de très grande endurance
Toujours plus d’endurance, c’est ce vers quoi tendent les fabricants de drones. Certains battent d’ailleurs des records à ce petit jeu. On les appelle les drones de grande élongation. Il s’agit bien entendu uniquement de drones professionnels, dont la portée peut s’étendre à plusieurs dizaines de kilomètres, ce qui implique une grande autonomie. Seul un design en forme d’avion permet d’atteindre de telles performances. C’est le cas de du drone de cartographie et de surveillance Avem (voir photo en haut de l’article) de la start-up Aeromapper dont l’autonomie de 3 heures lui permet de s’éloigner à 15 km de son pilote. « Il est capable de cartographier jusqu’a 20 km² par jour et jusqu’a 80 km de linéaire (voie ferrée, pipeline …)», nous explique Nicolas Sonnet, directeur des opérations d’Aeromapper.
Beaucoup plus massif, le drone toulousain Boreal de la société AJS réalise, lui, des missions de plus de 10 heures avec une portée de 500 km comme on peut le voir dans la vidéo ci-dessous. Inspection, renseignement, surveillance, ces fonctionnalités sont multiples. Un produit hors norme dans sa catégorie.
Pionnière en matière de législation sur les drones, la France est aujourd’hui leader du secteur en Europe et numéro deux mondial derrière les Etats-Unis. Elle est condamnée à innover si elle veut garder cette place.
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