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Désinformation, toxicité, contenus violents… Trois semaines de scandales qui compromettent Facebook

Le groupe américain a conscience du potentiel de préjudice de ses différentes applications et ne se donnerait pas les moyens d’y remédier. C’est ce qui ressort de la série d’enquêtes publiée par le Wall Street Journal ces dernières semaines. La source du quotidien, Frances Haugen, s’est exprimée publiquement pour la première fois il y a quelques heures. 

L’identité de la mystérieuse source du Wall Street Journal a enfin été dévoilée. La lanceuse d’alerte s’appelle Frances Haugen et a quitté l’entreprise au mois de mai dernier. C’est elle qui est à l’origine des multiples révélations sur le groupe Facebook égrenées depuis trois semaines par le média américain.

Les documents internes qu’elle a fourni ont permis de déterrer des dossiers vraiment très embarrassants. Pour résumer, ils prouvent que Facebook a conscience que ses différentes applications ont des conséquences néfastes sur la société. Mais il ferait peu, voire rien du tout dans certains cas, pour que cela change. Les arbitrages pris par la direction et Mark Zuckerberg reviendraient trop souvent à donner la priorité à l’audience et au profit, aux dépens de la protection des internautes. Retour sur les scoops les plus marquants du Wall Street Journal.

  • Le bal s’est ouvert mi-septembre avec la révélation que les règles de Facebook ne sont pas les mêmes pour tous les utilisateurs. Il existe une liste de VIP secrète dont les membres peuvent plus facilement publier des contenus et s’affranchir des standards de la communauté. Y compris lorsqu’il s’agit de propos complotistes ou haineux.
     
  • Instagram est toxique pour la santé mentale des adolescentes et augmenterait leur mal-être. Le tollé qui a accueilli cette nouvelle a abouti à une convocation de Facebook au Sénat la semaine dernière.
     
  • Une autre enquête a montré qu’en changeant profondément l’algorithme de son fil d’actualité en 2018, Facebook a augmenté la viralité des contenus négatifs. L’idée était de susciter davantage l’engagement des utilisateurs. Or, ce qui entraîne le plus de réactions est souvent clivant. Cela a favorisé la circulation des fake news et le partage de contenus violents. Depuis, Mark Zuckerberg n’aurait accepté d’atténuer les effets pervers de l’algorithme que pour les sujets en rapport avec la santé, à cause du Covid. Pourtant, d’après Frances Haugen, Facebook aurait ainsi contribué à accentuer la polarisation politique aux États-Unis. Elle tient aussi la société en partie responsable des émeutes du Capitole au mois de janvier dernier.

A découvrir aussi en vidéo :

 
  • Nouveau coup de théâtre lorsque l’on apprend que Facebook manipule son fil d’actualités pour y distiller de bonnes nouvelles sur lui-même et améliorer son image. Il essaierait aussi désormais de décourager les chercheurs qui veulent enquêter sur son impact sociétal.
     
  • De nombreux collaborateurs auraient tiré la sonnette d’alarme sur la façon dont les cartels de la drogue et les trafiquants d’êtres humains utilisent Facebook, Instagram et Whatsapp pour recruter et attirer des victimes. Les mêmes applications servent pour des appels à la violence qui conduisent parfois à la catastrophe comme lorsque du massacre des Rohingya de Birmanie. Les pays en voie de développement sont particulièrement touchés.
     
  • La série de révélations s’est (pour l’instant) clôturée par l’entrée en scène de Frances Haugen. Interviewée par The Wall Street Journal, elle est aussi passée à l’antenne de la chaîne CBS ce week-end. Et elle sera entendue demain par le Congrès. Cette ancienne chef de produit avait été embauchée pour lutter contre les interférences durant les élections. Mais on lui avait donné peu de temps et de moyens pour atteindre son but et son équipe a fini par être dissoute. Lorsqu’elle a commencé à télétravailler, elle a découvert que de nombreux documents internes et confidentiels étaient librement accessibles à tous les salariés depuis Facebook Workplace. C’est là qu’elle a puisé les sources transmises au Wall Street Journal que ce dernier a recoupé avec des témoignages.

  • Frances Haugen signale que si les algorithmes ont bien été modifiés durant l’élection présidentielle américaine de manière à lutter contre la désinformation, ils ont ensuite été rétablis dans leur configuration initiale. Elle ajoute qu’une étude de l’entreprise stipule que la plate-forme ne serait en mesure d’agir que sur 3 à 5% des contenus haineux. Pas vraiment le son de cloche qu’aime à distiller Facebook.
     

Source : The Wall Street Journal

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Amélie CHARNAY