Le géant mondial des processeurs de PC Intel a décidé de faire un petit ménage dans la future nomenclature de ses processeurs d’ordinateurs grand public. Chahuté sur les marchés boursiers, le géant américain revient sur 15 années d’historique de processeurs « Core » et a travaillé non seulement un peu son graphisme, mais aussi l’appellation et la segmentation de ses puces.
Ce travail de « rebranding » qui avait fuité il y a quelques semaines ne semble pas être une classique lubie de marketeux en mal de projets. Face à de nombreux défis et retards, dans un marché bien plus compétitif qu’il y a seulement 5 ans, Intel est en train de remonter ses manches et remuer ses méninges pour revenir au top. Et puisque Albert Camus disait que « mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde », il est bien légitime que l’entreprise cherche, à nouveau, à bien nommer ses produits.
La raison du changement : Meteor Lake et besoin d’un renouveau
Officiellement, la raison de ce « rebranding » est l’arrivée d’ici à la fin de l’année de la 14ᵉ génération de processeurs Core, dont le nom de code est « Meteor Lake ». Une génération de puces novatrice à bien des égards : elle introduira la première architecture désagrégée (disagregated en anglais, AMD parle lui de chiplets), qui rompt avec l’approche monolithique historique d’Intel. Pour améliorer les rendements et le coût de ses puces, Intel va (enfin !) utiliser ses technologies d’empilement et de « collage » de puces (Foveros notamment) pour être plus compétitif. Mais Meteor Lake, c’est aussi la première utilisation par Intel de sa technologie de gravure « Intel 4 » pour un des « morceaux » de sa puce. C’est aussi un tout nouveau GPU, dont l’architecture sera la base de sa nouvelle génération « Battlemage ». Et c’est aussi l’introduction de sa première puce IA dédiée – dont nous vous avons déjà parlé.
Outre cette considération technologique qui fait dire à nos interlocuteurs chez Intel que Meteor Lake sera une génération « majeure », il y a aussi le besoin pour l’entreprise de secouer toutes ses branches pour se mettre en ordre de combat. Avec des parts de marché qui ont baissé dans plusieurs domaines (centres de données, processeurs PC mobiles notamment) et la baisse de sa cotation boursière, « chipzilla » est bousculé. Et son patron, qui a remué à la fois les usines (transformation du business et fabrication pour les autres) et la r&d (remise en cause de plusieurs produits) doit sans aucun doute aussi enjoindre les équipes marketing et communication de se bouger.
Deux segments, exit le « i », numéro de génération en suffixe
La nouveauté la plus visible est la disparition du « i » devant les numéros de classe de puces. Plus de « Core i3 » ou « Core i9 », mais des Core 3, Core 5, Core 7 et Core 9. Outre le « i », Intel annonce la segmentation des « Core » en deux familles : aux « classiques » susmentionnés, s’ajoute une classe de puces « Ultra » qui représentera les puces haute puissance.
Si les codes de génération et de typologie de processeur ne seront plus autant mis en avant, les geeks et consommateurs avertis pourront cependant être renseignés par la seconde partie du nom du processeur. Ainsi, un processeur Core 9 de la gamme ultra de 15e génération sera présenté comme un Core Ultra 9 15xx, où xx sera son nom de code dans la gamme.
Selon les slides transmises par Intel, « les puces graphiques Intel Arc peuvent être couplées à la fois avec les processeurs Core et Core Ultra ». Il reste à voir comment Intel va opérer sa segmentation marketing graphique entre ces deux familles…
EVO et vPro restent et évoluent (un peu)
Côté plateformes, deux modifications arrivent : une qui touche la dénomination EVO et l’autre la moins connue vPRO. Pour EVO, le changement est subtil et vous n’en verrez aucune mention écrite. Il s’agit d’un renforcement de la plateforme de validation. Issu du « Project Athena », EVO est un peu le « Centrino » des années 2020 pour Intel, une mention qui garantit au consommateur un niveau minimal d’équipement, de performances, d’endurance, etc.
La mention EVO évolue dans les laboratoires à chaque génération. Ce que cela veut dire pour nous est qu’une machine de 14ᵉ génération ne pourra en aucun cas être un simple changement de processeur sur un châssis de 13e génération validé par le passé : toute mention EVO impliquera désormais le respect d’un cahier des charges mis à jour pour chaque nouvelle génération de puce.
Lire aussi : Comment, avec EVO, Intel veut réitérer le succès de Centrino et maintenir son avance sur AMD (septembre 2020)
Moins connue par le grand public, il faut aussi faire mention de vPRO. Si vous avez un PC portable fourni par votre (plutôt grosse) entreprise, vous avez sans doute repéré ce logo sur votre machine. Un autocollant qui signifie que votre plateforme entière dispose, tant du point de vue matériel que logiciel, d’un supplément de protections (sécurité, authentification) et d’outils (gestion de flotte, maintenance) qui facilitent le travail des services informatiques.
vPRO est aussi une marque incontournable dans certains groupes – ce qui explique qu’Intel a toujours le monopole dans certaines entreprises, AMD n’ayant pas un niveau de certification et de sécurité aussi avancé pour ses puces « clients » qu’Intel. Avec la montée en puissance du télétravail et des appareils choisis et achetés par les employés, Intel scinde à nouveau sa gamme en vPro Enterprise (entreprise) et vPro Essentials. Les deux certifications respecteront un même tronc commun, mais la version entreprise offrira plus de fonctions « corp » comme le contrôle réseau à distance, l’effacement distant du disque dur, etc.
Intel Processor demeure (et c’est bien dommage !)
Si Intel n’en parle pas dans son communiqué original, nous avons eu vent d’un changement qui n’a (malheureusement) pas eu lieu : l’éradication de la gamme des « Intel Processor ». Après avoir abandonné ses marques « Pentium » et « Atom », Intel a rebadgé son entrée de gamme en « Intel Processor ». Une appellation stupide car, en anglais, un Core 9 Ultra est bien un processeur fabriqué par Intel. Donc lui aussi un « Intel processor » (avec un p minuscule) qui ne fait pas partie de la gamme des « Intel Processor » (avec un P majuscule, donc).
Lire aussi : Pourquoi Intel abandonne les noms Celeron et Pentium pour « Intel® Processor » et pourquoi c’est complètement stupide (septembre 2022)
S’il reste à voir comment sera reçue la nouvelle nomenclature, non seulement dans la communication publicitaire, mais aussi dans la comparaison intergénérationnelle, une chose est certaine : il reste au moins une tâche aux services marketing d’Intel. Tuer ces satanés Intel Processor !
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