La pilule a dû être difficile à avaler pour Desney Tan. Le 17 janvier dernier, cet ingénieur du département Recherche de Microsoft a découvert que Google planchait sur un projet de lentilles de contact sensibles au sucre pour diabétiques. Surprise, ce dernier reprend presque point par point celui qu’il a soutenu quelques années plus tôt : une lentille de contact capable de mesurer en temps réel le taux d’insuline d’un diabétique. Wired n’a d’ailleurs pas hésité à titrer « Google a volé la lentille de contact intelligente de Microsoft. »
Un projet de lentilles soutenu initialement par Microsoft
La similarité des deux projets s’explique aisément. Le même brillant universitaire en est à l’origine : Babak Parviz. Cet Iranien est un spécialiste de la bionanotechnologie et de l’optique. En décembre 2011, il présente ses travaux sur les lentilles de contact sur le site de Microsoft Research. A l’époque, il est encore professeur à l’Université de Washington et entretient un partenariat avec l’équipe de Desney Tan.
L’idée de génie de Babak Parviz repose sur un postulat. Les larmes de l’œil seraient un indicateur aussi fiable que le sang pour mesurer le taux de glucose. Alors, il met au point plusieurs prototypes de lentilles munies de capteurs et d’une antenne radiofréquence pour transmettre les données recueillies. Et comme le souligne Desney Tan dans un post un peu amer sur le blog officiel de Microsoft, la faisabilité du projet finit par être prouvée grâce à cette collaboration.
Depuis, Babak Parviz a rejoint le labo de recherches Google X, tout en restant professeur associé au département génie électrique de l’Université de Washington. Il est notamment à l’origine des Google Glass et vient de ressortir de ses cartons cet ancien projet de lentilles de contact… Ce qui a moyennement plu à Microsoft !
Ses travaux ont cependant progressé depuis, car les problèmes de miniaturisation semblent résolus. Restent de nombreuses interrogations. La première concerne l’alimentation électrique dont la source n’a pas été précisée par Google, alors que dans le cas de Microsoft, elle devait être fournie par une bobine se situant à l’extérieur de la lentille.
Des problèmes de biocompatibilité et d’anatomie
Plus troublant, les spécialistes s’interrogent sur notre capacité à porter en permanence un tel objet. C’est le cas de Jelle de Smet, chercheur au Centre for Microsystems Technology de l’Université de Gand. Avec son équipe, il a réussi la prouesse d’incorporer un écran LCD sur une lentille de contact. Et son avis est formel. « A long terme, une utilisation permanente des lentilles de Google pose la question de la biocompatibilité », nous a-t-il confié. En clair, est-ce que la cornée sera suffisamment oxygénée, sachant que certaines parties de la lentille vont bloquer le flux d’oxygène ?
Mais il y a plus problématique. « La littérature scientifique suggère qu’il existe un délai de dix à vingt minutes entre le taux de glucose sanguin et celui d’une larme » nous a également alerté notre spécialiste. Ce qui voudrait dire qu’une brusque montée du taux de glucose ne pourrait être détectée à temps pour éviter des complications.
Babak Parviz s’est toutefois montré prudent en se gardant de tout triomphalisme : « Nous avons encore beaucoup de travail à faire pour transformer cette technologie en un système que les gens pourront utiliser », a-t-il déclaré sur le blog officiel de Google.
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