De nombreux éditeurs de presse européens ont appelé mercredi la Commission européenne à rejeter les dernières propositions de Google pour remédier aux accusations d’abus de position dominante dont il fait l’objet concernant la recherche et la publicité en ligne.
La Commission européenne, gardienne de la concurrence en Europe, a adressé fin octobre un questionnaire aux plaignants et aux autres acteurs du marché, afin qu’ils donnent leur avis sur les derniers remèdes proposés par Google début octobre en vue d’une clôture de l’enquête.
Celle-ci a été ouverte en novembre 2010 à la suite de plaintes dont une émanait du portail internet Ciao appartenant à Microsoft, qui s’est lui-même joint à la plainte en 2011.
De précédents remèdes proposés au printemps n’avaient pas été jugés satisfaisants, et la Commission a demandé à Google de revoir sa copie. Le commissaire européen chargé de la Concurrence, Joaquin Almunia, n’a pas caché sa volonté de parvenir à un accord amiable avec le géant américain d’internet.
Mais une trentaine d’associations d’éditeurs de presse européens, en particulier allemands mais aussi espagnols, néerlandais, autrichiens ou scandinaves, ont fait part dans un communiqué commun de leur mécontentement face aux solutions proposées par Google, qui « ne font que réduire encore plus la concurrence ».
« Pile je gagne, face tu perds »
Google est accusé en particulier de mettre en avant ses propres services au détriment des autres moteurs de recherche spécialisés, par exemple dans les restaurants ou la géolocalisation.
Dans les remèdes proposés, les concurrents de Google devront remporter des enchères pour apparaître bien placés sur la page de résultats. Lorsqu’on lancera une recherche, « les premiers résultats qui apparaîtront resteront réservés aux services de Google, et les suivants ne seront plus ordonnés en fonction de leur pertinence, mais selon le prix que les opérateurs de sites (concurrents) seront prêts à payer à Google », explique le communiqué.
« Quand les gens cliqueront sur ces liens, cela rapportera de l’argent à Google et en coûtera à ses concurrents », souligne sous couvert d’anonymat un des plaignants, interrogé par l’AFP, pour qui l’opération revient pour Google à dire: « pile je gagne, face tu perds ».
Quant aux autres problèmes soulevés par la Commission, comme le fait que Google utilise des contenus puisés chez ses concurrents pour alimenter ses propres services, « ils ne sont absolument pas traités dans les nouvelles propositions », selon cette source.
Les éditeurs de presse européens regrettent en outre que l’avis des concurrents et plaignants ait été sollicité uniquement à travers un questionnaire qui « ne pose pas les questions cruciales mais semble chercher à obtenir la confirmation d’idées préconçues de la Commission ».
En conséquence, ils appellent l’exécutif européen à refuser ces engagements et à « publier une communication des griefs », ce qui ouvrirait la voie à des sanctions financières.
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