Je t’aime moi non plus. Facebook et moi, c’est une histoire de plus de dix ans avec des hauts et des bas. Il y a un peu plus d’un an, j’ai pris conscience que ce réseau social ne me convenait plus vraiment. Au début, Facebook me permettait surtout de garder des nouvelles de mes amis restés sur la Côte d’Azur, d’où je suis originaire. Plutôt pratique, je pouvais connaître leurs activités, débattre, voir leurs enfants grandir, toutes les choses de la vie quoi. J’utilisais aussi Facebook pour être au courant des d’évènements qui pourraient m’intéresser, surtout les concerts.
Puis, au fur et à mesure des années, j’ai eu l’impression que la qualité des publications se dégradait. J’avais de plus en plus d’amis (jusqu’à 1 500), mais ils partageaient de moins en moins de choses. J’assistais alors à un déferlement d’informations inintéressantes. « Actualités de pages à voir » montrant les publications d’une page à laquelle je ne suis pas abonné, « Publication suggérée » autant dire une page sponsorisée, « X participe à un évènement », « Y a commenté ça », « Z aime cette page » : leurs activités se rapportant au réseau social constituent désormais l’intégralité de leur actualité.
Mon désert personnel
A titre personnel, je ne publiais déjà presque plus rien sur Facebook, sinon mes photos Instagram. Face au temps trop important passé sur l’application, j’ai d’abord décidé de couper toutes les notifications pour ne plus être tenté de la consulter dix fois par jour. J’ai ensuite eu l’idée du siècle – du moins c’est ce que je me disais à ce moment-là. Pour ne plus du tout être distrait par Facebook, je me suis désabonné… de tous mes amis. Concrètement, je restais amis avec eux, je pouvais aller stalker leur profil, mais mon fil d’actualités s’est mis à ressembler à ça :
Autant dire qu’à partir de là, je n’avais plus aucune raison d’aller sur Facebook. Sauf que je n’avais plus aucune nouvelle de mes amis non plus. J’ai donc décidé de m’abonner à nouveau, mais seulement pour quelques-uns, histoire de limiter la tentation.
J’espère que vous avez remarqué à quel point mon comportement n’a aucun sens. Mais l’addiction ne se soignant pas aussi facilement, je fus à nouveau attiré vers l’application un peu trop fréquemment à mon goût.
Des pubs à côté de la plaque
Puis survient l’affaire Cambridge Analytica. Pas vraiment surpris par le procédé utilisé par la société britannique, je ne suis pas non plus très convaincu par l’influence de Facebook sur un quelconque vote. C’est une impression purement personnelle, mais cela fait déjà des années que je visite mes préférences publicitaires pour les effacer régulièrement. Quand je vois quels sont les intérêts qui me sont en majorité assignés, je m’inquiète assez peu de la pertinence des campagnes d’influences entreprises via Facebook.
A titre d’exemple, parmi les centres d’intérêt complètement à côté de la plaque, j’ai trouvé : « verre », « nanoparticule », « vaudou haïtien », « acide », « fenêtre », « jour » ou encore « musculation ». Soit des termes un peu trop génériques pour cibler qui que ce soit – j’ai l’impression qu’à peu près tout le monde a des fenêtres – soit d’autres se rapportant à des disciplines auxquelles je ne me suis jamais intéressé. Je n’ai par exemple jamais expérimenté le vaudou ni fait de séance de musculation.
Automatiser la disparition
Le contexte autour de l’affaire m’a malgré tout donné une idée : comme je ne peux pas supprimer mon profil (j’en ai malgré tout besoin pour mon travail), si j’essayais plutôt de supprimer tout le contenu de mon historique Facebook ? Soit tout simplement presque onze ans de statuts, de likes, de commentaires et de pokes.
En fouillant un peu sur le site, on se rend vite compte qu’il est absolument impossible de le faire en ne cliquant que sur un seul bouton. Facebook donne effectivement accès à toutes mes publications et interactions, mais chacune d’entre elles doit être effacée manuellement. Autant dire qu’entreprendre une telle chose m’aurait pris des mois.
J’ai heureusement trouvé une solution, que je vais partager avec vous si vous désirez faire de même. il n’est pas difficile de trouver sur le Web des astuces pour tenter un minimum d’automatisation. Pour cela, je me suis servi de deux extensions Chrome, la première est Tampermonkey et permet de faire tourner des scripts sur le navigateur. La seconde est Social Book Post Manager qui permet justement de créer le script et de le moduler en fonction de ce que l’on cherche à supprimer.
Ne rien perdre de ses souvenirs numériques
Avant de les lancer, une dernière manipulation consiste à aller dans Paramètres > Paramètres avancés > Confidentialité et sécurité > Paramètres du contenu > Images, puis de désactiver « Tout afficher (recommandé) » qui se transformera alors en « Ne pas afficher les images ». Cette manipulation bien planquée permettra d’accélérer les choses en évitant d’afficher à chaque fois les aperçus de tous les items qu’on efface.
Une fois tous ces outils installés, j’ai fait une dernière chose : télécharger mon archive personnelle, histoire de garder une trace de ces dix ans de vie numérique. Depuis les récents changement d’interface de Facebook, il faut désormais cliquer sur le point d’interrogation en haut à droite du site puis Raccourcis de confidentialité > Vos données Facebook > Accéder à vos informations et enfin cliquer sur « télécharger vos informations » dans la dernière phrase du paragraphe d’introduction.
S’armer de patience
Maintenant que tout est prêt, j’espère que vous avez du temps devant vous. Car vous allez vite vous rendre compte que cela va vous prendre des heures. Disparaître de Facebook m’a même pris des jours entiers. Depuis votre page de profil, cliquez sur « Afficher l’historique personnel », c’est ici que se trouve absolument TOUT ce que vous avez fait sur Facebook : vos publications, vos commentaires, vos likes, etc.
Cliquez sur l’icône de l’extension pour ouvrir la fenêtre de gestion du script, c’est ici que vous allez gérer ce que vous voulez effacer par année, mois ou mots-clés. Dans mon cas, j’ai choisi « « Select All » pour l’année et le mois puisque je voulais tout supprimer. La vitesse peut être laissée à 4x, si on l’accélère trop, le script passe à côté de beaucoup trop d’interactions et oublie ainsi de les effacer. C’est le principal défaut du procédé.
Comme si je venais d’ouvrir mon compte
C’est pour cela que j’ai dû le relancer des dizaines de fois : il subsistait encore et toujours des publications non effacées. Pourtant, à chaque tentative, c’étaient plus de 6 000 d’entre elles qui étaient supprimées. Au total, je pense que j’ai effacé pas loin de 100 000 interactions de mon compte. Soit 10 000 par an en moyenne, de quoi donner une idée du temps passé – je n’irai pas jusqu’à dire perdu tant j’ai trouvé Facebook fascinant à une époque – sur le réseau social.
Pas la peine de le dérouler, il n’y a plus rien d’autre sur mon profil.
Depuis environ un mois, mon profil est donc entièrement vide, à l’exception d’une photo de couverture et d’une autre de profil. Je n’y vais plus qu’une seule fois par jour, de toute manière je ne suis plus abonné à assez de comptes pour que les actualités de mes amis soient suffisamment nombreuses. Je ne commente ou like plus rien, je ne fais que survoler pour voir ce qu’il se passe sur un réseau social qui m’est devenu presque inutile. J’ai l’impression d’être désormais devenu le fantôme de mon profil Facebook.
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